L’incroyable est arrivé, Belenos fort d’un premier album assez génial quand même pour le fait qu’il ne soit justement qu’un premier album, nous décoche une deuxième cartouche qui enterrerait presque leur premier opus. En effet, l’écoute de ce Spicilège avant celle d’Errances Oniriques rend presque ce premier effort fade … et pourtant ce fut quasiment une révélation pour moi à l’époque !
Mais comment cela se fait-il donc ? Et bien tout d’abord, il faut une chanson d’introduction qui décape, ce qui est bien évidemment le cas avec "Y'al Ifern". Dix premières secondes à la guitare douze cordes reprises ensuite à l’électrique bien saturée et au son typiquement black metal pour notre plus grand plaisir. Un riff excellent et qui fait froid dans le dos, le frisson du plaisir, le tout enrobé d’une attaque à la batterie dans la veine traditionnelle d’un black plutôt brutal. Grandiose. Ensuite on enchaîne sur un Ensorcelé du meilleur goût qui commence par un petit solo de batterie aussitôt accompagné des guitares qui encore une fois délivrent une mélodie (si si !) plus que potable. Une sorte d’enchaînement d’accords de plus en plus puissants vraiment terrible. Et puis de petites parties où la douze cordes se refait entendre. Et toujours une batterie épileptique qui fonce à cent quatre-vingt à l’heure, certes pas très fin, mais diablement efficace. Nouvelle chanson, "Terre de Brume" qui commence bien fort, bien brutal, toujours le riff qui tue et ensuite une pause au bout d’une minute trente, apparition de la guitare sèche littéralement envoûtante. A noter que celle-ci finit par se mêler à la guitare électrique pour certains passages, c’est beau. Des moments moins hystériques se font aussi entendre entre les déluges incandescents de brutalité.
C’est à peu près toujours la même chose, même si des surprises vous attendent au tournant. Des surprises qui prennent la forme d’une chanson entière à l’acoustique, "Noz Pagan", d’intro à la flûte traversière (reprise ensuite par les riffs des guitares), à savoir "Par Belenos" et d’une chanson encore de derrière les fagots. De plus, le chant se scinde en deux blocs. D’un côté le chant typiquement black metal avec raclage de gorge en règle, pas très fin ni original mais dans le genre, c’est déjà ça. De l’autre c’est les voix grandiloquentes du style Il Etait une Fois Dans l’Ouest (dixit mon père). C’est d’ailleurs ce chant qui accompagne entièrement et exclusivement l’acoustique "Noz Pagan". Et ce qui fait que Belenos est si bon, c’est donc cette alternance excellemment gérée entre passage brutaux et acoustiques ; des passages acoustiques pas si anodins que cela d’ailleurs, ils sont relativement nombreux et ne sont pas là pour faire uniquement de la figuration ; voix black et lointaine, mais pas que. A cela il faut ajouter un savoir-faire au niveau de la mélodie impressionnant car chaque chanson possède un fil conducteur mélodique, même si cela peut se révéler brutal, il reste toujours une mélodie. Et puis bon n’empêche, le pied qu’on prend à l’écoute est forcément révélateur de la surpuissance de cette musique. Car il y a des passages vraiment grandioses avec une montée en puissance progressive ou tout simplement une succession d’accords juste phénoménale. Bref, tout ce qui fait que la musique est bonne. Alors comment ne pas s’incliner devant tant de talent ? Et bien pour ma part, je ne peux que m’incliner, et je conseille vivement à tout amateur de black metal d’écouter au moins une fois Belenos car ça vaut vraiment le coup, et puis bon merde, il sont français, si c’est pas l’argument qui tue ça !
Pour revenir à cette chanson qui sort de derrière les fagots, c’est tout bêtement la dernière vraie chanson. "L’Antre Noir". Quelques accords acoustiques en guise de mise en bouche, encore une fois repris par la saturation, mais un riff qui a ce je-ne-sais-quoi qui fait qu’on se dit qu’il est proprement génial. Une sorte de riff suintant la désespérance, la fin et l’excellence, superbe. Et cela pendant deux bonnes minutes. Pour enchaîner direct sur un autre riff mirifique qui s’efface ensuite pour laisser exploser la batterie et la furie. Mais ce n’est que pour mieux revenir à ce riff d’ouverture, accompagné d’un roulement de double grosse caisse, … et à sa reprise ensuite par la fameuse guitare sèche. Quant au riff mirifique, il refait une apparition bienvenue tant il est magnifique. Vraiment un grand moment de black metal. Et dire que j’avais l’habitude du coup « on finit par notre meilleure chanson » avec le premier cd Errances oniriques… mais ça marche à chaque fois. Quand même un truc, les cinquante dernières secondes de l’œuvre ne sont pas vraiment à la hauteur du reste, un pauvre accord répété un peu trop et pas top. Mais qu’importe, le bonheur était là pendant 6min ! Bon, maintenant, cette fameuse dernière « chanson ». Bouais on s’en serait clairement passé de ce chant … bref, une fausse note pour finir, ils auraient carrément dû virer cette dernière piste.
Mais un ensemble fabuleux, ne l’oubliez pas. Et amoureux de black metal, je le répète, tentez l’expérience Belenos.