C’est marrant, Belenos... on pourrait emprunter à Led Zeppelin la citation suivante : « The song remains the same » tant finalement chacun de leurs albums est si reconnaissable par la patte Belenos (ou Loïc Cellier). Ils ont beau être différents, ils restent fondamentalement les mêmes. Le son des guitares, l’approche du riff, et le chant bien sûr. Argoat ne casse pas la tradition en se fendant d’un respect minutieux de tout ce qui fait Belenos. Et le breton, évidemment.
Faut-il attendre autre chose d’un album de Belenos ? Je veux dire, du metal acharné, à tendance black, mais celte, et donc pagan, avec une science du riff quasi mélodique et tendrement dissonant par instant. Argoat n’est rien de plus que tout ça. Il est également amusant de constater que si le précédent Kornog s’était vu targuer d’un manque de blast patent, Argoat semble vouloir mettre un point d’honneur à rapidement introduire le blast, pour ne le quitter que rarement. Attention, que nous nous entendions bien, n’espérez pas retrouver toute la fougue d’Errances Oniriques ou Spicilège, mais il devient immédiatement clair que le groupe a souhaité enfoncer la pédale d’accélérateur. Et ce n’est pas votre serviteur qui s’en plaindra étant parmi les premiers à avoir jeté la pierre sur le manque de blasts de Kornog.
Pourtant, Kornog faisait des choses bien. A savoir des riffs toujours plus complexes sans atteindre l’inabordable. Loïc Cellier a toujours eu un penchant pour les accords, bien plus que la cohorte des joueurs quotidiens de black metal. Argoat ne trahit pas cette veine, même si il la calme quelque peu. Ou est-ce une conséquence du retour en force des passages blastés ? Leur irruption ayant tendance à tamiser la complexité de la musique. Cette hypothèse ne tient pas forcément la route car le côté presque « progressif », osons le vilain mot, de son prédécesseur ne se retrouve pas ici. Les richesses rythmiques ne sont pas oubliées, néanmoins l’exploration n’est pas autant de mise. Si bien qu’on retrouve un équilibre subtilement meilleur que sur Kornog. En effet, la brutalité retrouvée couplée à cette non-linéarité tombe presque pile. Il faut entendre la délicate progression d’une "Nozweler" pour s’en convaincre.
Alors, on reste bons amis ? Sans aucun doute. Belenos ne relève pas la tête car celle-ci était déjà bien haute sur sa précédente sortie. Il faut toutefois admettre que les divers manques sont comblés. A condition bien sûr de respecter la tradition Belenos, car non, le groupe ne se mouille pas trop et perpétue une recette dans laquelle il se sent si bien. Et il l’est.