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CHRONIQUE PAR ...

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Ragnarok
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 15/20

LINE UP

-Randall Blythe
(chant)

-Mark Morton
(guitare)

-Willie Adler
(guitare)

-John Campbell
(basse)

-Chris Adler
(batterie)

TRACKLIST

1)Laid to Rest
2)Hourglass
3)Now you've got something to die for
4)The Faded Line
5)Omerta
6)Blood of the Scribe
7)One Gun
8)Break You
9)What I've become
10)Ashes of the Wake
11)Remorse is for the Dead

DISCOGRAPHIE


Lamb Of God - Ashes of the Wake
(2004) - death metal groove metal - Label : Epic Records Prosthetic Records



Il est toujours intéressant de revenir sur un album quand du chemin a été parcouru depuis sa sortie. On se gardera de tomber dans deux écueils, communs au chroniqueur et au fan de la « première » heure – LOG n’en étant pas à ses débuts avec ce disque : celui du « c’était mieux avant » , d’une part ; celui du « c’est tellement mieux maintenant comment c’était pourri avant y’avait rien de bon dans ce truc » , d’autre part. On ne se fermera pas non plus à une dimension importante de cet album, sans laquelle on considèrerait la musique de LOG comme un aveugle entassement de riffs : les paroles. 

Ashes of the wake, si l’on peut dire, nous gardera presque à notre insu des deux écueils susnommés, tant il invite à la nuance dans le jugement de ses morceaux. Ils nous réservent tous un riff qui « arrache le sac à mémé » : le riff d’intro de "Laid to Rest", le vomit riff (dixit M. Morton, sic) de "Hourglass", le breakdown de "Now you’ve got something to die for", ou les premières secondes de "The Faded Line". A ce titre, il faut saluer l’excellente homogénéité de l’ensemble, et ce pour le meilleur. Il n’y a pas ici d’effroyable bouzin incongrument posé entre deux merveilles. Tous les titres sont bons, voire très bons. Mais si chaque morceau recèle un riff ravageur, chacun contient aussi des passages au mieux inintéressants, au pire faiblards. C’est le cas d’un long passage d’ "Ashes of the Wake", de tout le début de « Blood of the Scribe » et du couplet de "One Gun". Le tout est servi par un mixage de bonne qualité sans être hallucinant, avec un retrait relatif de la basse. Les guitares ont un son parfois assez aigrelet ; la batterie jouit d’un traitement sonore de qualité, mais c’est le chant qui est à l’honneur, assez en devant du mix. 

Parlons-en, justement, du chant, parce qu’il y a beaucoup à en dire ! On peut déjà remercier Blythe de faire l’effort d’articuler, ce que tous les chanteurs grahou ne font pas. On sent un manque de dynamisme dans la trame narrative des textes, composées plus par punchlines que dans un réel souci de déroulement d’une histoire, mais la majorité d’entre eux sont bons. Leur point fort : ils sont, souvent, travaillés pour entrer en rapport direct avec la musique. Prenez le breakdown de "Now you’ve got something to die for", sur lequel se pose une harmonisation crissante de guitares, à faire fuir. Cette harmonisation figure et prolonge l’espace ouvert quelques secondes plus tôt par les lyrics de Blythe : « Apocalyptic we count the days. » Les coups de caisse claire assénés sur tous les temps par Chris Adler semblent quant à eux mimer ce décompte. Ashes of the wake regorge de procédés de ce genre qui, en fusionnant le son au sens, impriment une grande force d’expressivité à ses titres. Le seul défaut que l’on peut trouver au chant est le placement rythmique des phrases. Il est presque toujours le même, ce qui a tendance à créer une linéarité ennuyeuse, alors même que la musique est portée par une grande inventivité et une bonne variété dans le choix des tempi. Certains passages souffrent d’un texte maladroitement calé, comme celui du couplet de "One Gun", ou du couplet 2 de "Laid to Rest" d’une scansion totalement monotone. A l’inverse, le couplet d’ "Omerta" est aussi magnifiquement posé que sont indigents ceux des titres précédents.  

"Laid to Rest" : une entrée en matière parfaite, avec une rythmique inspirée qui chatouille là où c’est bon, et une ligne de guitare sinueuse qui reste en tête. Le sourire vous reste collé à la bouille jusqu’à "The Faded Line" inclus. Ce titre contient d’ailleurs LA merveille mélodique de l’album : un breakdown tout con et une ligne de guitare arabisante harmonisée lors de sa deuxième occurrence. C’est d’ailleurs la recette magique de cette galette, que le quintet maîtrise remarquablement et dont il n’abuse pas pour autant. On la retrouve sous son plus beau jour, cette harmonisation des guitares, sur le célèbre vomit riff de "Hourglass" titre haletant qui ne vous laissera aucun temps mort, où tout semble, selon les mots répétés de Blythe, empirer : « It’s only getting worse. » La batterie n’est pas en reste, avec des trouvailles rythmiques incroyables : les coups de cymbales sur l’intro de "Now you’ve got something to die for", le breakdown de "Hourglass" et sa double pédale rageuse ; le changement de rythme d’ "Omerta" ou le break court mais efficace basse/batterie à 1 : 21 sur "What I’ve become". On ne peut finir cette chronique sans mentionner "Remorse is for the dead", dont on doit faire un cas à part : le groupe prend ici un risque, celui d’introduire dans sa musique des codes qui ne sont pas les siens et de les y incorporer sans que le tout fasse foutoir. Le pari est à moitié réussi : Lamb of God réalise ici le titre le plus singulier du disque, le plus apte à créer une véritable ambiance tissée à une trame narrative bien réelle. Toute la fin est magnifique de justesse et de finesse. Mais on ne joue pas impunément avec d’autres codes que les siens : que vient faire la mitraillette de double pédale de Chris Adler sur l’intro de guitare seule ? Pourquoi ne pas avoir travaillé plus sur une transition entre ce même riff et celui qui le suit, où on retrouve les codes habituels du quintet ? Pourquoi enfin ne pas avoir exploité plus encore les potentialités incroyables de l’arpège de guitare à partir de 4 : 47, pourtant introduit par des breaks de batterie d’une grande musicalité ? 

 

Ashes of the wake est donc sans aucun doute un très bon album. On y sent les influences qui façonnent la musique du groupe sans pour autant en faire un ersatz de celle de leurs prédécesseurs. Mention spéciale à l'artwork qui fait plus qu'illustrer la musique : comme tout bon artwork, il éveille de nouvelles connotations dans l'esprit de l'auditeur et l'accompagne lors de l'écoute. Celui-ci est une merveilleuse façon de mettre en lumière le thème abordé par cet album, la guerre en Irak -l'album est sorti en 2004. La musique sombre de Lamb of God répond, avec ses matériaux propres, à la violence de cet évènement, par une violence mise en forme, travaillée, canalisée, sublimée par un remarquable travail de composition.   



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