CHRONIQUE PAR ...
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Brian Molko
(chant+guitare)
-Stefan Olsdale
(guitare)
-Steve Forrest
(batterie)
TRACKLIST
1) Loud Like Love
2) Scene of the Crime
3) Too Many Friends
4) Hold On To Me
5) Rob The Bank
6) A Million Little Pieces
7) Exit Wounds
8) Purify
9) Begin The End
10) Bosco
DISCOGRAPHIE
Trois années - à peu de choses près : c'est le temps qu'il m'aura fallu pour me rendre compte que Battle For The Sun, le précédent album de Placebo, ne me plongeait que dans un profond état dubitatif. L'indifférence passés quelques morceaux de bravoure. A l'inverse, une année, c'est le temps qu'aura pris Loud Like Love pour laisser une trace dans ma cervelle. Ce disque - que j'ai abordé avec réticences - s'est révélé petit à petit. Le désamour évoluant vers une sincère camaraderie. Peut-être pas le grand amour bruyant dont se vante le titre, mais cela reste toujours mieux que rien, non ?
Drôle d'oiseau que cet album, dont la lourde tâche est de rendre à Placebo un esprit s'étant par trop dilué sur Battle For The Sun. Ce dernier comptait trop de morceaux, trop d'ambiances, trop de perte d'énergie. Dans le fond, Battle était un bon album sapé par l'énergie retrouvée - mais différente de celle attendue - de ses créateurs. Loud Like Love se révèle plus concis que son aîné (dix morceaux seulement et c'est tant mieux) et, surtout, plus cohérent. L'ambiance tangue moins d'un état à l'autre et l'esprit général penche sévèrement vers un Sleeping With Ghost - la faute aux parties électroniques - en plus enjoué - la faute au temps qui passe et qui fait de Molko un adulte plus épanoui. D'une manière générale, Loud Like Love ne change pas une formule aujourd'hui bien connue. Des instrumentations typiques pour le groupe - piano et cordes à l'appui lorsque le besoin s'en fait sentir - au chant nasillard et pseudo-poussif de Molko (qui rebutera autant qu'il séduira), Placebo reste unique et identifiable entre mille.
Nous avons remarqué plus haut un Placebo plus enjoué qu'à l'accoutumé. Enjoué, Placebo ? Allez. Pas franchement. Pas seulement en tout cas. Si les mélodies positives sont effectivement de la partie comme sur le très efficace morceau éponyme, la majeure partie de ce dernier album replonge à grands bonds dans une atmosphère avant tout nostalgique. On se perd parfois dans l’ambiguïté qu'a toujours cultivé le groupe lorsque les thèmes musicaux a priori positifs côtoient cette mélancolie lancinante caractéristique ("Exit Wounds", "Scene of the Crime"...). On retrouve nos repères lorsque le parti pris redevient franchement Placebo-esque : lourd comme le verre de rouge solitaire à la fin d'une journée creuse. "Hold On To Me" renoue avec les spoken-words dramatiques, "Begin The End" et "Bosco" clôturent l'album dans un doublet à la tristesse palpable. Placebo reste semi-dépressif. On les aime comme ça, après tout.
Eh quoi ? Un bon album de Placebo ? Voilà, en gros, c'est ça. Les détracteurs continueront leur petit jeu d'attaques gratuites. Les fans le resteront. Le ventre mou, lui, pourrait bien être conquis. Si Loud Like Love manque de tubes une fois passé le morceau éponyme, la qualité reste au rendez-vous. Loud Like Love est un album plus subtil qu'il ne peut en avoir l'air et, à ce titre, mérite d'être écouté.