CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Brian Molko
(chant+guitare)
-Stefan Olsdal
(basse+guitare)
-Steve Hewitt
(batterie)
TRACKLIST
1)Bulletproof Cupid
2)English Summer Rain
3)This Picture
4)Sleeping With Ghosts
5)The Bitter End
6)Something Rotten
7)Plasticine
8)Special Needs
9)I'll Be Yours
10)Second Sight
11)Protect Me From What I Want
12)Centrefolds
DISCOGRAPHIE
A l’heure de la sortie d’un Meds qui risque fort de confirmer le déclin artistique d’un groupe qui a été le meilleur dans sa catégorie, il paraît pertinent de revenir sur ce Sleeping With Ghosts qui a représenté pour beaucoup de fans le début de la fin. Le virage électro amorcé sur le très bon Black Market Music se confirme irrémédiablement, tandis que l’énergie et la rage émotionnelle qui avaient permis au groupe de marquer les esprits semble aux abonnés absents. Pourtant, tout est-il à jeter sur ce CD?
Placebo a un talent indéniable pour commencer ses albums sur un très bon morceau. Pensez à "Come Home", "Pure Morning", "Taste In Men", "Meds"… Le plus atypique reste pourtant ce "Bulletproof Cupid", instrumental très rentre-dedans et très réussi. Créant au passage le piège « borne d’écoute de la Fnac » parfait, ce morceau de rock burné dont certains passages vont même taquiner le métal est une franche réussite. Et comme sur l’album Meds, le décalage avec le titre qui suit est saisissant : "English Summer Rain" est un morceau d’électro-pop très atypique qui affirme haut et fort la nouvelle orientation de Placebo. Le feeling rock qui persistait dans les titres electro de Black Market Music a totalement disparu au profit d’une approche new wave très froide, ce qui a donc en toute logique refroidi les fans…
Tous les albums de Placebo ont bénéficié d’une production aux petits oignons, et "English Summer Rain" est une brillante démonstration de ce fait. Si le morceau peut décevoir à la première écoute sur une chaîne hi-fi il prend toute sa dimension au casque : le nombre de petits effets, de subtilités et de couches de musique superposées est au final impressionnant ! Le même constat vaut pour le single "This Picture" : le groupe a conservé son habituelle complexité mélodique et les arrangements sont particulièrement soignés, ce qui compense la relative fadeur de la chanson. De plus Sleeping With Ghosts confirme le parti pris de l’album précédent: chaque morceau a une prod et un mix différent, et la batterie par exemple n’a jamais le même son d’un titre à l’autre
Au niveau des compositions, Sleeping With Ghosts aligne le très bon et l’anecdotique, ce qui préfigure l’album suivant. Le single "The Bitter End" constitue à ce jour la meilleure réussite du groupe en matière de synthèse présent / passé : riff de guitare accrocheur en diable, chant qui retrouve les envolées et l’émotion des débuts, ligne de basse simpliste et addictive, interventions des effets numériques très bien pensées: c’est LE tube de cet album et le seul qui s’inscrit encore dans l’esprit rock qui animait Placebo fut un temps. Par contre, sorti de ce titre coup de poing il ne reste plus grand-chose. Le morceau-titre "Sleeping With Ghosts" aurait pu faire une jolie ballade mais son côté electro trop cérébral annihile l’émotion du texte, et on peut dire en général que les tentatives d’expérimentation sont très inégales.
Prenons "Something Rotten" : l’ambiance lente, hypnotique et glauque de la chanson prend aux tripes au début, mais la longueur excessive du tout et l’omniprésence des effets sonores rend le titre difficile à apprécier hors d’un rassemblement hippie avec drogues douces au menu. "I’ll Be Yours" est l’antithèse de ce titre : la subtilité des effets et les sonorités quasi-orientales de ce titre tout aussi hypnotique en font une vraie réussite. Ce manque de constance dans la recherche se couple avec un certain manque d’inspiration quand le groupe explore ses recettes existantes : "Second Sight" tente vainement de rallumer la flamme de la pop-rock mais tombe à plat, alors que Special Needs rappelle la totalité des « ballades à arpèges » que le groupe nous a pondu depuis "Lady Of The Flowers". "Protect Me From What I Want" est pour sa part plaisant mais pas transcendant et l’outro "Centrefolds" aurait vraiment gagnée à être raccourcie.
Malgré des points forts indéniables au niveau de la qualité et de la recherche sonore, Sleeping With Ghosts reste donc en demi-teinte et c’est dommage. L’album s’apprécie par moments au casque grâce à la richesse des arrangements mais ne dégage plus cette sensibilité et cette diversité dans le génie qui font de Without You I’m Nothing un des grands albums du rock. Le groupe tourne toujours autour des mêmes intentions contemplatives, et "The Bitter End" excepté il n’arrive plus à envoyer la sauce. Il n’y a aucune compo complètement ratée sur le CD (contrairement à Meds) mais le nombre croissant de titres justes moyens explique la déception provoquée par l’album, qui devient un CD d’électro-pop assez commun qui n’aurait sûrement pas vendu autant sans le nom Placebo sur la pochette.