CHRONIQUE PAR ...
Dommedag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Mike Williams
(chant)
-Jimmy Bower
(guitare)
-Brian Patton
(guitare)
-Mark Schultz
(basse)
-Joe LaCaze
(batterie)
TRACKLIST
1) Blank
2) Sisterfucker (Part I)
3) Shoplift
4) White Nigger
5) 30$ Bag
6) Disturbance
7) Take As Needed For Pain
8) Sisterfucker (Part II)
9) Crimes Against Skin
10) Kill Your Boss
11) Who Gave Her The Roses
12) Laugh It Off
DISCOGRAPHIE
Peu reconnu malgré son importance au sein de la scène, Eyehategod est le groupe qui a rendu le sludge metal carnassier. Noyant l’auditeur sous des monceaux de larsens et de guitares imitant Black Sabbath qui se serait sous-accordé, le premier album des américains en a traumatisé plus d’un avec ses changements schizophréniques de rythme. Il n’aura fallu qu’un an pour que ces sales crasseux de Louisiane rempilent avec un nouveau disque. Et en un an le changement a été de taille…
Ou pas du tout en fait. Le premier titre, "Blank", rappelle In The Name Of Suffering à nos souvenirs en débutant par rien moins… qu’un larsen, et en se finissant également sur une série de ces délices auditifs. Amateurs de surprises bonjour ! De quoi mettre l’eau à la bouche à tous les forçats qui avaient kiffé leur race un an plus tôt. Ceux qui avaient méprisé le précédent brûlot pour son côté simpliste et son aspect monolithique dégagent, directement, afin de laisser libre champs aux hommes, les vrais, qui aiment la musique avec du sang, de la sueur et du sperme. Le triple S, bien présent ici, ravira les amateurs de simplicité. Quoique, faut pas déconner quand même, certains changements soudains de tempo surprendront toujours autant l’auditeur en le prenant à rebrousse-poil. Insérer un ralentissement là où est attendu une accélération, et vice-versa, c’est le dada des Louisianais.
Toujours aussi prenante, la musique saisit directement aux tripes, à la condition que l’on sache en tirer la substantifique moelle, son essence, la beauté dans le sale. Ce défouloir gorgé de larsens, couvert par un chanteur rappelant un Coréen à qui l’on arracherait le gros colon par la bouche, morceaux par morceaux, n’est avant tout qu’une catharsis. De même que sur le précédent méfait, l’aspect monolithique ne sert qu’à cacher l’effet réel du disque sur l’auditeur : en l’écrasant sous des hectolitres de fange tirée du plus sordide bayou, le tabassant ensuite quand il est au sol, il le purge de l’envie d’exploser la tête du patron à coup de fusil à pompe ("Kill Your Boss" !), de battre femme et chiards, et divers autres loisirs innocents de ce type. Tout ce joli travail s’effectue en plus sur fond de paroles engagées socialement ("White Nigger", "Crimes Against Skin"), argument à rétorquer aux calomniateurs qui disent du genre qu’il ne comporte que des textes crétins.
Une progression évidente a été faite du point de vue de la composition. Les riffs donnent tous envie de se jeter dans la mêlée pour distribuer pains et châtaignes dans une orgie violente. Le niveau de Black Sabbath est parfois égalé dans les moments les plus lents ("$30 Bag" n’aurait pas fait tache sur Paranoid par exemple), et on prend autant de plaisir que sur les accélérations du premiers Type O Negative, complètement idiotes, mais irrésistiblement entraînantes. Retenez-vous de balancer le premier objet qui vous passe sous la main à l’audition de "Take As Needed For Pain" pour voir ! En revanche, le choix d’allonger le propos ne plaira pas à tous. L’album passera bien ou non selon que vous êtes plus ou moins d’humeur à vous faire séquestrer par les boues marécageuses. En tout cas, si vous êtes lassé du peu de violence et de sérieux du stoner de tapettes, vous savez à quelle porte frapper.
Un second essai qui marque une montée de niveau (level up comme on dit dans les milieux autorisés) évidente, puisque la bicoque branlante se transforme en monticule de terre mouvante prêt à tout avaler sur son passage pour le dégrader. Vous ne ressortirez pas propre et sain de l’écoute de Take As Needed For Pain, vous voilà prévenus.