CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Black Messiah
(chant)
-Heimoth
(guitare+claviers)
-Cyriex
(guitare)
-Eguil Voisin
(basse)
-Alsvid
(batterie)
TRACKLIST
1) In Aching Agony
2) Killing my Eyes
3) One Ear to the Earth, One Eye on Heaven
4) Howling Prayers (Act I)
5) He Whose Heart is Heavy with Sin
6) Ten Barrels (A Scourge for the World, a Plague for His Soul)
7) Scars Born From Bleeding Stars
8) Howling Prayers (Act II)
9) Mort-luisant
10) Dicing with Death
DISCOGRAPHIE
Seth -
The Howling Spirit
Seth avait quitté le paysage du black metal français un beau jour de 2004 avec Era Decay, essai deathisant entérinant définitivement la transition d'un groupe très norvégien et froid dans l'âme vers plus de futurisme et de technicité. Son retour a été orchestré à petit feu via des participations à des festivals et c'est donc comme une évidence qu'un nouvel album se devait de voir le jour pour le poinçonner et le valider.
Toujours dans l'esprit des jeux de mots, Seth s'entiche cette fois-ci d'un The Howling Spirit appelant bien sûr à notre cher Saint Esprit voire sain d'esprit si on se réfère à la persistance des Bordelais au blasphème. Pour débuter cet opprobre, la guitare sèche est étrangement appelée à la barre. Etrangement car même si on se souvient que Seth a toujours usé de cet instrument, il n'est pas le représentant fondamental de son art. Derrière arrive cependant le premier riff et nous retrouvons alors les tenants et aboutissants d'un black deathisant qui se complaît dans des rythmes très marqués où la syncope et la saccade ont leur mot à dire. La patte Seth en quelque sorte, qui devenait d'autant plus obligatoire dans un contexte contemporain où le favoritisme des rythmes complexes est de mise. Pour cela, on retrouve exactement la même équipe qu'à l'époque de la fin du groupe, avec pour seule nouveauté, le bassiste Eguil Voisin (cousin de Roch ?). C'est donc Alsvid en charge des fûts et c'est une bonne nouvelle car le bonhomme n'a pas perdu son jeu carré et polymorphe. Il soutient donc parfaitement cette musique polyrythmique. Des nouveautés ? Oui, probablement. On note des incartades dans le chant clair ("One Ear to the Earth, One Eye on Heaven") qui sonnent comme des incantations.
Mais le précédent chanteur le faisait déjà sur L'excellence. Des éléments purement acoustiques proviennent des 2 "Howling Prayers" qui jonchent l'album, et ça c'est plus nouveau. Car le groupe n'a jamais poussé le vice jusqu'à se fendre de titres totalement acoustiques. Cela fait donc un aparté agréable qui aère une musique dense qui pourrait avoir tendance à assommer l'auditeur. D'ailleurs, l'auditeur est assommé car les riffs, s'ils sont impeccablement restitués manquent de vivant et de tonicité. L'esprit du black metal est également rarement présent, heureusement "He Whose Heart is Heavy with Sin" tape dans le mille sur un riff, mais cela reste une exception. On se dit donc que la salut devra venir du death. A raison probablement car espérer de Seth du black metal n'est plus raisonnable depuis 2002 et Divine-X. Ce n'est pas foncièrement le cas car le manque de force des riffs est ici aussi regrettable. De fait, on navigue à travers l'album toujours avec le frein à main en se demandant lorsque que tout va décoller. Cela n'arrive malheureusement jamais complètement et ça leste vraiment un album qui paraît coupablement long malgré une réalisation globale ultra propre et quelques bons riffs de-cì de-là.
Cet album de Seth nous confirme avec tristesse que les amateurs de black metal n'avaient pas grand chose à attendre d'un retour du groupe. Ses grandes heures noires appartiennent à la fin des années 90 début 2000. En 2013, Seth est un groupe de black/death plutôt technique et qui sait prendre les codes de son temps (syncopes, dissonance). Il nous place aussi dans l'embarras en ne sachant pas vraiment quoi penser de sa musique. Bref, il est un groupe qui s'il n'est pas noyé dans la masse, n'en sort pas franchement.