Souvenez-vous en 2000, on avait craint un bug informatique et on s'extasiait devant l'équipe de France de football. Pourtant, 2 ans auparavant un album de black metal avait secoué le cocotier français : Les blessures de l'âme. Enfin la France pouvait être fière d'un de ses représentants ! C'est sous une avalanche de critiques élogieuses (peut-être trop d'ailleurs...) que Seth a taillé ses premières ornières. L'heure était à la confirmation en 2000.
Seth a évolué depuis son premier méfait. Comme tout au long de sa carrière direz-vous. D'un black au son pas génial car trop doux et bardé de claviers, on passe à une production norvégienne typique, froide, boisée et agressive. Le son obtenu est d'ailleurs tellement black que c'en est à en chialer. Les compositions en profitent pour faire un bond en avant dans la maîtrise des changements de rythmes et l'empilement des riffs. Le groupe saisit l'occasion pour multiplier les passages à la guitare sèche très bien introduits et incorporés dans les chansons ("Bastard Beast" pour un exemple frappant) dans son black metal. Les claviers ne sont pas oubliés mais de nappes régulières, ils passent à de subtils passages plus electro. Seth n'oublie pas cependant de placer force blasts (Alsvid à la batterie est d'ailleurs parfait entre simplicité black et breaks plus techniques) et riffs incandescents.
Le chant mélange désormais anglais et français. A ce titre, la diction du français est très intelligible et donne tout son poids à des paroles qui peuvent faire froid dans le dos (« J'ai rencontré Dieu, Il me resssemble, Il vous hait, comme je vous hais »). Paroles glaciales qui sont parfaites dans ce contexte de black metal très froid. Elle sont chantées alternativement en agression black metal classique qui remplit parfaitement son office, raclé et brailleur, ou en chant clair plus proche du discours que du chant véritable. L'alternance est agréable et coule de source dans un monde où l'acoustique est présent. Cela contribue toujours à l'aération des compositions qui bâtissent une atmosphère de forêt enneigée improbable dans le Bordelais (origine du groupe).
Le blizzard souffle entre les branches blanchies et c'est tout notre être qui frémit sous la calotte glaciaire. On remarque sous cette croûte glacée les interludes plus electro proposés par les claviers clairement avant-coureurs de ce que proposera le futur Divine-X ostensiblement plus futuriste. Mais sur L'Excellence, cela demeure de sympathiques touches de modernité qui apportent le froid du monde électronique. La seule chose qu'on regrettera sur cet album est qu'il ne possède pas de pur moment de génie. Les chansons sont toutes bonnes et black metal en diable, néanmoins aucune ne fait office de choix évident pour un top du black metal. Qu'à cela ne tienne, la musique s'écoute par album et celui présent ici est un excellent choix.
A la limite du défaut précité, L'Excellence est à ce jour le meilleur album de Seth. L'influence de toute la Norvège est évidente partout mais les ajouts intelligents de sonorité acoustiques et électroniques font respirer une musique excellemment composée basée sur de très solides riffs et une batterie impeccable dans sa mise en place.