CHRONIQUE PAR ...
JC
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Fredrik Kihlberg
(chant+guitare)
-Erik Olofsson
(guitare)
-Andreas Johansson
(basse)
-Thomas Hedlund
(batterie+percussions)
-Magnus Lindberg
(batterie studio)
-Anders Teglund
(synthé+machines)
TRACKLIST
1) The One
2) I: The Weapon
3) Vicarious Redemption
4) The Sweep
5) Synchronicity
6) Mute Departure
7) Disharmonia
8) In Awe Of
9) Passing Through
DISCOGRAPHIE
Il y a quelques mois, la sortie du titre "I : The Weapon" avait fait son petit effet sur la toile. Cette avant-première attendue par beaucoup avait suscité plusieurs réactions (chose certes assez normale) chez tous ceux qui attendaient le retour des Suédois. Il y eu les conquis et les surpris, les déstabilisés qui en sont parfois venus à qualifier la nouveau titre du septet de « rock-pop guimauve » (jugement, disons le tout de suite, faux et dégradant en vue de l'album qui nous est ici offert). Mais quel que soit l'opinion portée par le public, il était clair que Cult Of Luna n'avait pas laissé indifférent, ne semblait pas se répéter et surtout, avait poussé encore un peu plus haut le degré d'attente de son retour.
Comme pour Eternal Kingdom, la construction de cet opus se sera faite sur une base d'inspiration bien précise. Bien loin du journal intime tenu par un homme perdant peu à peu son esprit, c'est cette fois-ci vers l’expressionnisme allemand et du film Metropolis de Fritz Lang que le groupe s'est tourné. En résulte un album à part dans la discographie de Cult Of Luna, bien différent de ce à quoi pouvait ressembler leurs anciennes productions. Certes, le changement est quelque chose à laquelle les Suédois nous ont déjà habitué mais cette fois-ci, la chose a une saveur différente. Car se tourner vers l'urbanisme et l'industrie semble bel et bien avoir donner une toute autre liberté au groupe en leur ouvrant des portes menant vers de nouvelles sonorités et de nouvelles manières de composer. Le titre d'introduction ("The One") fait preuve de tout cela en montrant une production soignée et appliquée à mettre en forme un univers froid et mécanique dont le thème principal résonne au travers de nappes de synthé. Pilier fondamental dans la construction de l'album, ce thème, retentissant presque comme l'hymne d'une nation, refait surface à maintes reprises, que se soit à travers des interludes ("The Sweep") ou comme élément intervenant en guise de rappel ("Synchronicity").
Si cette thématique et le rôle joué par les sons électro se révèlent importants, il n'en reste pas moins que les musiciens prennent eux aussi une part primordiale dans la mise en forme de cet univers sonore. La batterie pouvant s'orienter vers des rythmiques saccadées et militaires ("Synchronicity"), le son froid des guitares, les chants hurlés égaux à eux-mêmes, toujours autant écorchés, et les voix claires gagnant en crédibilité et efficacité ("Passing Through") sont un tout. Une fois de plus le groupe nous fait passer par différents stades, que ce soit d'un état de colère pesante ("Vicarious Redemption") à celui d'hypnotique et apaisé ("Passing Through" encore). Bref, nous sommes dans un univers parlant, visuel et c'est sûrement là la principale force de cet album : arriver à créer un lien aussi étroit entre le son et la création visuelle (le travail de Olofsson pour la pochette de l'album est d'ailleurs à saluer). Pour toutes ces raisons, Vertikal pourrait paraître comme le meilleur album en date du combo suédois. Et cela pourrait se comprendre. Pour d'autres, cet opus pourra paraître pour un travail certes excellemment bien mené mais moins efficace que par le passé à cause d'une certaine irrégularité entre les titres ou tout simplement une efficacité moins contagieuse. Mais tout cela n'est qu'une question de goût.
Qu'importe ce que nos goûts nous disent, nous ne pouvons qu’applaudir le travail accompli ici. Cult Of Luna prouve une nouvelle fois qu'il est un grand groupe, capable de se renouveler et de surprendre (l'intrusion d'une basse aux relents dubstep sur "Vicarious Redemption" fait sont effet). Avec ce nouvel air apporté à leur musique, le groupe montre que le registre post-machin peut également offrir un nouveau visage et n'est pas totalement à bout de souffle.