Haha, raté. Ma première réaction devant ce nouvel album de Cryptopsy fut très mitigée. Entre le ressenti « ah cool, fini le deathcore de tapette à mèche » et le « euh… what ? ». Déjà rien qu’au niveau du line-up, c’était le quitte ou double : claviériste qui dégage, Jon Levasseur, riffeur présent à l’époque de None So Vile qui revient, et on garde le chanteur de l’album précédent, qui pour rappel avait légèrement déçu (rôh, Dommedag, comme tu fais bien les euphémismes…). A première vue ça pourrait donner quelque chose de bien, au vu de la pochette qui renvoie à Whisper Supremacy. Et, vous allez le voir, le résultat est assez déroutant.
Déjà, paf, on dégage le chant clair et le chant deathcore de The Unspoken King. On garde que le guttural, pour lequel Mc Gachy se débrouille pas mal, sans qu’on n’oublie que le groupe a eu Lord Worm. Côté guitares, on voit le retour de Levasseur d’un bon œil (le riff mélodique de "Two Pound Torch" arrivant après le déchaînement du départ, qui renverrait presque à "Phobophile") ou pas (les nombreuses parties core chaotiques qui font carrément tache quand on se rappelle de ce que le groupe proposait avant). Pas de changement pour ce qui est du massacre de la batterie par contre, ce bon Flo offre toujours la dose de blasts syndicale avec les sempiternelles légères intrusions jazzy. La prod', massive, comme il est de rigueur, a tendance aussi à renvoyer au core, notamment avec la caisse claire en plastique, ou le son aseptisé des guitares, qui rappelle ce qui se fait chez Aborted depuis Goremageddon. Donc en gros, l’objectif, c’est de refaire du Cryptopsy comme avant, mais en se rappelant qu’« on a pondu un album de core ». Tout ça dans un album court de 34 minutes. Et, pour le coup, on préfère nettement que ça soit bref, tant on a de la peine devant cet ersatz de brutal death chaotique québecois. Cohérence zéro dans la démarche, et ça se ressent aussi dans les compos.(les sweeps insupportables de "Two Pound Torch", "Shag Harbour’s Visitors" et son riff principal bancal, suivi d’une tripotée de lignes inutiles et dissonantes… ).
A remarquer aussi, les riffs typés neo metal disposés de part et d’autre ("Damned Draft Dodgers"). Au moins, il n’est pas difficile de trouver les points qui tirent Cryptopsy vers le bas. Cependant, le combo a récupéré efficacement quelques uns des ingrédients qui faisaient sa renommée auparavant : on ajoute quelques passages en son clair très jazzy ("Red Skinned Scapegoat") en n’oubliant pas de balancer des riffs tronçonneuses de ci de là, avec l’option solo mélodique mais tout de même chaotique ("Damned Draft Dodgers"). L’ensemble est tout de même moins complexe que les albums « traditionnels » de la formation, et certains passages restent durablement en mémoire. Sûrement une tare / un avantage (au choix, selon que vous trouviez la musique du combo trop absconse) relatif à la pénultième bonne surprise sortie par le groupe en 2008. D’ailleurs, l’équilibre entre les bonnes parties et les mauvaises ne penchent généralement pas dans le bon sens. Le mémorable ("Cleansing The Hosts", où on retrouve enfin le groupe tel qu’on l’avait laissé) côtoie le médiocre ("The Golden Square Mile", même pas sauvée par les espèce de passage mélodiques et le milieu plus violent), et on se prend à regretter amèrement que tous les responsables du massacre précédent n’aient pas giclé au profit d’anciens membres.
Une tentative de retour assez ratée, puisque les éléments qui ont déçu ne sont pas totalement amputés au profit d’une musique semblable à celle qui était encore là sur Once Was Not. Pas besoin de parler de la crédibilité je présume, puisqu’elle a déjà atteint le bas de l’échelle depuis un moment. D’ailleurs Levasseur s’est encore barré après disant que son seul objectif était de « refaire un vrai album de Cryptopsy ». Haha, raté.