CHRONIQUE PAR ...
Mita
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17.5/20
LINE UP
-Seregor
(chant + guitare)
-Ardek
(claviers)
-Namtar
(batterie)
TRACKLIST
1) Het Spook van de Leiffartshof
2) A Strange Presence Near the Woods
3) Haunting Echoes from the Seventeenth Century
4) Phobic Shadows and Moonlit Meadows
5) Hexed Melting Flesh
6) The Carriage Wheel Murder
7) Corpse in a Nebulous Creek
8) Invisible Physic Entity
9) Heretic Poltergeist Phenomena
10) La Malédiction de la Madame Blanche
DISCOGRAPHIE
Le black sympho, c'est pas trve ! Cette croisée des genres est parfois un véritable cauchemar pour les puristes qui ne trouvent pas leur compte dans cette musique qui n'est pas assez caverneuse, trop éloignée de l'esprit black… Bref, les râleurs ne seront pas à leur aise avec Carach Angren. Ce combo nous arrive des Pays-Bas, et, en 2008, nous a offert un opus qui ne doit pas passer dans l'anonymat : l'excellent Lammendam, qui est encore considéré par beaucoup comme leur meilleur disque à ce jour.
Pour donner quelques éléments de description sur l'ambiance développée par cette formation néerlandaise (leur point fort, par ailleurs), le groupe s'amuse très régulièrement à mélanger toute la vélocité d'un black metal lorgnant vers le Septic Flesh de Communion / The Great Mass et consorts, avec des orchestrations omniprésentes, mais qui ne tombent jamais ni dans le kitsch, ni dans l'excès. Cette finesse des arrangements est réellement l'aspect qui démarque Carach Angren d'un grand nombre de concurrents : le combo est sophistiqué, ce qui peut paraître assez étrange en parlant de black metal (symphonique, mais tout de même !). Le clavier, le violon et le cello ne sont pas seulement des soutiens aux instruments traditionnels du metal, mais ils sont partie intégrante de la musique du trio néerlandais.
Certains titres se distinguent véritablement par rapport aux autres grâce à leur atmosphère très particulière, lorgnant presque sur Tim Burton. Les morceaux de Carach Angren constitueraient une excellente BO de film d'horreur, mais pas le film gore où le sang est partout. Non, avec nos bons amis néerlandais, on se voit plongé dans un milieu noble, époque victorienne, où des aristocrates sont tourmentés par des esprits frappeurs, dans un château en forêt. La musique est très évocatrice, aérienne et puissante à la fois, oscillant entre le headbang et le voyage, le tout avec une réelle cohérence. Notre formation ne se laisse pas coincer le cul entre deux chaises, en essayant bêtement d'opter pour l'une ou l'autre facette : à choisir, mieux vaut unir les deux pour deux fois plus de plaisir. Et ça marche.
Album concept sur La Dame Blanche, Lammendam déploie donc une ambiance qui nous rappelle toute la noblesse de cette femme avant sa mort, et son apparition en tant que fantôme. C'est là où nous faisons également la connaissance du chant torturé et maîtrisé de Seregor, qui est un très bon conteur dans cette histoire. Dès "A Strange Presence Near the Woods", on se rend compte que la musique va nous happer, nous envoûteur : ce titre est d'ailleurs très inspiré, et synthétise un peu ce que l'on retrouvera par la suite. Autre morceau de choix, "Haunting Echoes from the Seventeenth Century" fait tout pour nous laisser imaginer l'époque en question, grâce, encore une fois, à l'atmosphère déployée par la dualité metal / orchestrations. Un art que Carach Angren maîtrise à merveille. Enfin, le morceau final "La Malédiction de la Dame Blanche" (avec un petit passage en français) est splendide de richesse et se veut extrêmement prenant, une opération parfaitement réussie par ailleurs.
Lammendam est un cru impeccable de black metal symphonique qu'il est nécessaire de mettre entre toutes les mains (bien que la production puisse sembler trop lisse pour quelques uns). Soigné, riche, puissant et intrigant à la fois, ce premier opus des Néerlandais de Carach Angren est très prometteur pour la suite de leur carrière, suite très réussie d'ailleurs.