CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
7/20
LINE UP
-John Tardy
(chant)
-Trevor Peres
(guitare)
-Ralph Santolla
(guitare)
-Frank Watkins
(basse)
-Donald Tardy
(batterie)
TRACKLIST
1)Face Your God
2)Lasting Presence
3)Evil Ways
4)Drop Dead
5)Bloodshot
6)Seal Your Fate
7)Feel The Pain
8)Contrast The Dead
9)Second Chance
10)Lies
11)In Your Head
DISCOGRAPHIE
La reformation en 2005 des américains d’Obituary avait fait frémir les petits cœurs sensibles des amateurs de death-metal gavés dans les années 90 avec les fleurons du genre, en particulier les groupes issus de la fameuse scène dite de Tampa (en Floride). Le souvenir de leurs méfaits passés, en particulier un chef-d’œuvre comme World Demise en 94 ou de très bonnes galettes comme The End Complete (en 92) avait aidé à accueillir leur retour avec un scepticisme moindre que celui de rigueur quand un groupe revient sur le devant de la scène après dix ans de RTT. Et pourtant, ce Frozen In Time de 2005 laissait un goût mitigé dans le fond de la bouche, un peu comme une photocopie d’une œuvre magistrale, délavée et laissée trop longtemps au soleil et sous la pluie. Et bien, en 2007, c’est encore légèrement pire.
On pourrait presque partir du principe que si vous lisez cette chronique, c’est que vous connaissez le groupe et que par conséquent, il serait inutile de décrire la musique d’Obituary. Mais vu que tout le monde ne possède pas une culture du genre aussi importante que la vôtre (n’est ce pas, hein ?), on se bornera à rappeler que Obituary fait du gros death qui tache, plutôt tourné vers les mid-tempos (voire slow-tempo) et qu’une grosse partie de son identité est basée sur la voix géniale et unique de John Tardy, inimitable et inimitée. Les années ont aidé le groupe à se forger une vraie personnalité musicale, à coup de riffs tranchants et de chansons directes, parfois génialement inspirées et parfois moins, mais toujours aisément reconnaissables entre mille.
La recette, rassurez vous, n’a pas changé. Ou plutôt : la recette, déplorons-nous, n’a pas changé. Les grandes lignes sont suivies à la lettre près et John Tardy s’en sort une fois de plus avec les honneurs, véritable moteur du groupe, déballant son organe vocale sur les onze titres que comporte Xecutionner’s Return. Le reste est syndicalement mis en place, Obituary se basant sans vergogne sur ses acquis. Sauf que là, encore plus que sur Frozen In Time, tout donne la sensation d’avoir été joué sans entrain, quasiment sous la contrainte. Et là où le groupe nous avait habitué à une production nette et tranchante, Obituary nous sert là un son de guitare bien plus grave (au niveau du son, pas de l’accordage) que ce à quoi on avait été habitué, et de ce fait plus gras, plus lourd mais infiniment moins dynamique.
Alors, oui, certes : une production lourde et grasse est souvent un atout pour un groupe de death. Mais là, c’est plus lourdingue que lourd, et plus tachant que gras : pas un gramme d’oméga 3, ou 5 (recommandés par les nutritionnistes) ou Dieu sait quoi encore : que du gros lipide qui bouche les artères jusqu’à ce que mort douloureuse s’ensuive. Mais là où le bât blesse vraiment, c’est bel et bien dans ces compositions stéréotypées et sans âme servies sur Xecutionner’s Return. On pourra éventuellement headbanguer sur "Drop Dead" ou "Evil Ways", qui se démarquent en accélérant un peu le tempo, mais c’est à peu près tout. Et ce n’est pas le fait que Obituary nous offre ici une pochette digne d’un mauvais album de speed metal qui va améliorer les choses.
Difficile et pourtant indéniable de se dire que le même groupe qui a sorti, il y a plus de dix ans maintenant, une œuvre époustouflante comme World Demise commet aujourd’hui cet album sans surprise et plat comme un poisson panné. Indéniable, parce que tous les éléments y sont, en particulier les beuglements de Tardy et difficile, parce qu’on espérait que Frozen In Time n’était qu’une séance d’échauffement après une longue période d’inactivité. Mais la vérité est comme toujours plus cruelle : le retour d’Obituary aura plus contribué à ternir leur image de pilier du death qu’à leur procurer une seconde jeunesse. Ah, ces idoles qui ne savent pas raccrocher les gants…