Chronique : Obituary Cause of Death (1990)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 13 octobre 2024

Sa note : 17/20

LINE UP

-John Russell Tardy
(chant)

-James Franklin Murphy
(guitare)

-Trevor Leon Peres
(guitare)

-Frank Robert Watkins
(basse)

-Donald William Tardy
(batterie)

TRACKLIST

1) Infected
2) Body Bag
3) Chopped in Half
4) Circle of the Tyrants (Celtic Frost cover)
5) Dying
6) Find the Arise
7) Cause of Death
8) Memories Remain
9) Turned Inside Out

DISCOGRAPHIE

Slowly We Rot (1989)
Cause of Death (1990)
Xecutioner's Return (2007)
Inked in Blood (2014)

Obituary - Cause of Death

(1990) - death metal - Label : RoadRacer Records

Floride, 1990. Boulangerie La Good Bread Bakery.
- Deuuuuubeuaaaaaaaaaarguuuuueettteees
- Pas trop cuites, comme d’habitude? Avec ceci ?
- Uuuuuhhhh…
- Cela ferait soixante cents… soixante, et quarante cents, qui font un dollar ! Et voilà. Regardez voir ! Bonne journée, Monsieur Tardy !
La boulangère se tourne ensuite vers sa collègue, tandis que Monsieur Tardy referme la porte derrière lui.
- Il est gentil, Monsieur Tardy. Un peu ours mal léché, mais dans le fond, je commence à bien l’aimer...

La boulangère, c’est moi. Quand John Tardy déboule dans ma vie en 1989, je tique. Et me bouche les oreilles également. Et puis, peu à peu, on s’habitue à l’outrance, d’autant plus que les copains musiciens de John envoient du lourd. Du coup, non seulement Slowly We Rot tourne de plus en plus souvent dans mon radio K7, mais encore j’attends avec impatience la prochaine sortie. Quand j’insère le CD de Cause of Death dans mon tout nouveau lecteur, ma main tremble : oseront-ils continuer ? Et très rapidement, j’ai la réponse. Oui. Mieux que ça : ils améliorent la formule née avec le premier album. Les bouts de riffs ne sont plus jetés pêle-mêle sur le carrelage maculé de sang, ils sont désormais combinés de manière plus construite. On reste relativement loin de la Flûte Enchantée, mais les Floridiens propose quelque chose de plus mûr. De véritables chansons sont créées. Sur le fabuleux "Body Bag", le groupe se permet même de réutiliser la séquence initiale à la fin du titre, rendez-vous compte ! Un peu plus et les gars nous pondent des titres calibrés pour les radios FM… Outre le fait qu'Obituary possède désormais un semblant de fil conducteur pour guider son processus de création musicale, on s’aperçoit que les gars ont également travaillé l’atmosphère de l’album, un poil moins gore que le grand frère et significativement plus dark.
Ils utilisent quelques arrangements de-ci, de-là, ajoutent quelques halos vocaux ultra-caverneux afin d'augmenter encore plus le pouvoir des vocaux de John et font même résonner des cloches à la Possessed au milieu de ce somptueux catalogue de riffs qu’est le bien nommé "Memories Remain". Ce petit hommage au groupe californien qui les a forcément influencés est en fait précédé d’un gros hommage aux Suisses de Celtic Frost, par le biais d’une cover impeccable de "Circle of the Tyrants". La version originale est inimitable mais Obituary s’approprie le titre de très belle manière, comme si ce morceau mythique était fait pour eux. De manière générale, Cause of Death possède très peu de temps faibles – la seconde moitié d’un "Dying" pourtant excellemment commencé et "Turned Inside Out", même si l’apport mélodique du virtuose James Murphy rend ce dernier titre honnête – et une multitude de temps forts. "Body Bag" et "Memories Remain", évoqués plus haut, "Chopped in Half" et son début impactant, un "Find the Arise" non moins saisissant, où la séquence « ambiance orage /John te fait sursauter » fait mouche… on ne sait que choisir, comme dirait Thérèse. Bref, ce deuxième album constitue une véritable ode riffue à la lourdeur et au vieux death metal, à écouter en boucle.

Sombre et plus travaillé que l’album initial, Cause of Death montre Obituary sous un jour plus sérieux et contribue grandement à la légende d’un groupe qui a tout de suite trouvé son credo et que l’on pressent déjà stable. Une dizaine d’albums et des milliers de riffs plus tard, ils sont toujours là, fidèles au poste. Bravo.