CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-John Gallagher
(chant+guitare)
-Sean Beasley
(chant+basse)
-Trey Williams
(batterie
TRACKLIST
1) Invert the Idols
2) Subjected to a Beating
3) Second Skin
4) From Womb to Waste
5) Dissidence
6) In the Trenches
7) Devout Atrocity
8) Revisionist Past
9) The Blood of Power
DISCOGRAPHIE
Le rapport entre l’auditeur est le disque est une chose merveilleuse mais parfois étrange. Il y a des disques qui happent l’auditeur pour ne plus le lâcher, quand bien même l’attention de celui-ci n’est pas à son comble. Le nombre de fois où, plongé dans un livre, on se prend à cesser notre lecture parce que le son déversé dans nos oreilles kidnappe notre attention en l’abreuvant de kiff : ça, c’est la marque évidente d’un album réussi. Mais parfois, c’est l’inverse : si l’on ne s’y concentre pas, certains albums passent de manière presque transparente et inodore à travers nos oreilles pour ne finalement nous interpeller que lorsque que le silence est revenu.
C’est un peu le cas de cet album de Dying Fetus : la première écoute est presque aussitôt oubliée, alors que l’on se rappelle avoir été violemment frappé au visage dès les premières secondes de Descent Into depravity, leur dernier vrai album. Pourtant, peu de choses ont changé en trois ans : la production est sensiblement la même et bien sûr, le riffing et la brutalité sont toujours au rendez-vous. Mais l’accroche immédiate, elle, est moins évidente. Mais c’est là que les choses deviennent étranges. Car si les écoutes répétées ne viennent pas remettre en cause cette constatation, il suffit de prêter un peu d’attention à Reign Supreme pour se rendre compte que finalement, il remplit plus que bien son rôle d’album de brutal death râpeux et technique. Il n’y a qu’à prêter un peu l’oreille à "Second Skin" et son riff rappelant les riches heures de Suffocation, ou encore à "Dissidence" et son faux air de Deicide pour se rendre compte que Reign Supreme n’est décidément pas avare de qualités.
La virtuosité, évidemment, est plus que jamais de la partie. Parce que Dying Fetus est de ces groupes auquel on accole sans rechigner le qualificatif « technique », tant les petits passages envolés sont nombreux (écoutez les guitares de "Dissidence" ou le début de "Revisionnist Past", pas vraiment inspiré, mais qui montre que chez Dying Fetus on aime toujours autant le tapping et les descentes de gammes). Heureusement, ce côté technique, pour stérile qu’il puisse parfois être, ne sombre jamais dans l’abscond à la Braindrill. Mais une chose est sûre, si le niveau technique des guitares est indéniable, on continuera de préférer le Dying Fetus lourd, gras et lent, aux accords qui résonnent longtemps d’un palm mute alourdissant considérablement le son comme sur "The Blood Of Power" et "From Womb To Waste", voire qui s’aventure sur les terres du thrash avec des riffs aiguisés comme sur "Subjected To A Beating" et son introduction que n’aurait pas reniés Slayer et Machine Head.
Reign Supreme est donc un peu à l’image d’une femme exigeante qui vous procurera plaisir et bonheur si vous savez lui accorder l’attention qu’elle demande. Faute de quoi elle vous ignorera superbement et vous en serez quitte pour ne pas voir les trente-sept minutes de cet album passer. Alors écoutez cet album, mais de manière active : n’attendez pas qu’il vienne vous chercher et vous attire dans son antre sanglant, faites l’effort de faire le premier pas. Non, vraiment, une vraie gonzesse, cet album.