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CHRONIQUE PAR ...

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Adam Weishaupt
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17/20

LINE UP

-Bill "Chop Top" Moseley
(voix)

-Buckethead
(guitare)

-Pinchface
(batterie)

TRACKLIST

1)Choptalk
2)Vegetable Man
3)Lord Lawnmower
4)Pigs Are People Too
5)Om Frog
6)Nature Trail
7)Clown Smile (Death Warmed Over)
8)Bone Apetit
9)Chicken & A Severed Hand
10)Chuckles
11)Chance
12)Zig Zag N Scream
13)Dust N Bones
14)Rip The Mask
15)Own That Jimmy
16)Box 'A Hair
17)Tower Treasure (with Choptop Jr.)
18)Head Wound
19)Power & The Glory
20)Old Bill
21)Spot The Psycho

DISCOGRAPHIE


Cornbugs - Spot The Psycho
(1999) - inclassable - Label : Autoproduction



Mettez vous le temps d’une chronique dans la peau d’une victime lambda de film d’épouvante rural des années 70. Le sud des Etats-Unis, sa météo clémente, ses autochtones accueillants, sa verdure pimpante et ses salopettes, la totale. Vos amis ont tous eu le crâne défoncé par divers objets contondants et vous avez été pourchassé à travers marais et sous bois par des pompistes hydrocéphales, des joueurs de banjo qui courent pied nus et des mecs en tablier qui brandissent des tronçonneuses.

Au bout d’un moment, ça commençait à bien faire et vous avez arrêté de courir, fin prêt à vous laisser capturer pour la séance de torture ultime censée précéder votre transformation en ragoût Texan. « Southern hospitality » oblige, on vous a installé dans un poulailler au sol tapissé de crottes sèches et de vieilles plumes. Suffocant sous la force de la puanteur et de la poussière soulevée par quelques poules maladives vous vous rendez compte que vous n’êtes pas seul. A la lueur du jour filtrant entre les planches de la cabane, vous discernez un mec louche avec une plaque en métal soudée sur le côté de la tête, assis sur un tabouret juste en face de vous, tout sourire et un micro à la main.

Une silhouette longiligne se tient debout à côté de lui, un seau KFC renversé sur la tête, le visage dissimulé derrière un masque immaculé, une guitare électrique entre les mains et une pléthore d’effets tous plus menaçants les uns que les autres à ses pieds. Le mec louche se présente – il s’appelle Chop Top -, vous fait comprendre qu’il aimerait avoir votre avis sur quelques compositions personnelles et que la musique est sa vie. Il s’humecte les lèvres une dernière fois et fait signe à son pote de lancer la boîte à rythme. "Vegetable Man", un premier morceau au riff corrosif, prend son envol et vous commencez à hurler. De temps en temps, un troisième gus du nom de Pinch Face vient remplacer la boîte à rythme par un vrai set de batterie, mais vous avez d’autres préoccupations et remarquez à peine à quel point il se débrouille bien. Bien entendu, vos protestations les plus virulentes font figure d’encouragements.

Cornbugs (c’est leur nom de scène), comme vous le constatez au péril de votre raison, offre avec Spot the Psycho la parole à un forcené anthropophage Texan qui psalmodie d’une voix nasale, vicieuse, enthousiaste et dérangée des petites histoires loufoques à la manière d’un bluesman traditionnel. Pas que la musique où Chop Top soient particulièrement bluesy, bien au contraire. Chop Top favorise le spoken word tantôt criard, tantôt précautionneux et l’accompagnement musical est fourni par Buckethead - qui, pour une fois, laisse le shred strident et interminable de côté - et ses riffs saturés, minimalistes et inventifs qui ont valu au groupe d’être classé trop hâtivement dans le genre "metal alternatif". Le seul instant de répit que vous offrira ce Michael Meyers de la guitare se nomme "Old Bill", morceau country a capella débité par Chop Top sur fond de roulement de toms. Le reste du temps, vous êtes à la merci de ses expérimentations, encore embryonnaires ici, et qui gagneront en ambition d’album en album.

De tous les maîtres mots que la formation conjure chez l’auditeur courageux qui aura décidé de continuer au-delà de "Vegetable Man " (dans le désordre : folie, méchanceté, sadisme, fromage de tête, cambrousse, dents gâtées, saleté, hémorragie, abattoirs, moiteur génitale etc.), "spontanéité" est sans doute le moins dérangeant du lot. Si certains textes semblent écrits et travaillés à l’avance, ce sont les passages quasi-improvisés qui prédominent, avec toutes les onomatopées et les digressions que ça implique. "Nature Trail" est particulièrement représentative de cette façon cahoteuse qu’a une histoire à priori innocente (Chop Top observant des oiseaux en forêt) d’évoluer inexorablement vers des péripéties dignes de Tobe Hooper. Certains éclats de rires involontaires viennent parfois même ponctuer ces histoires ("Chuckles"), renforçant le côté enregistré sans filet et en un minimum de temps. Il va donc de soi qu’un niveau d’Anglais correct est requis pour pouvoir jouir ne serais-ce qu’un minimum des textes déclamés et que les auditeurs qui accordent très peu, voire aucune importance aux paroles feraient mieux de passer le chemin. De plus, la voix particulière de Bill Moseley aura très vite raison des plus sensibles.


Dans l’ensemble, bien qu’un peu long (il avoisine l’heure et quart), Spot the Psycho offre une bonne introduction à ce groupe où Bill Moseley revisite la tradition du barde dans la peau de Chop Top, personnage qu’il avait interprété pour la première fois en 1986 dans Massacre à la Tronçonneuse II. La patte abrasive de Buckethead reste reconnaissable, bien qu’encore loin des exactions abstraites commises sur les albums suivants (ou en solo) et ne devrait pas trop dépayser les habitués. A vous de voir si plonger dans un univers imagé, fascinant et distordu à la frontière de l’Americana et de l’héritage psychédélique le plus inattendu et survolté vous botte.


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