CHRONIQUE PAR ...
Oni²
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Mark Hunter
(chant+claviers)
-Matt Devries
(guitare)
-Rob Arnold
(guitare+basse)
-Ben Schigel
(batterie)
TRACKLIST
1)The Age of Hell
2)Clockwork
3)Losing My Mind
4)Time Is Running Out
5)Year of the Snake
6)Beyond the Grave
7)Born In Blood
8)Stoma
9)Powerless
10)Trigger Finger
11)Scapegoat
12)Samsara
DISCOGRAPHIE
Jamais deux fois le même album. À aucun moment de leur carrière ils n’ont sonné comme sur le disque précédent et pourtant ils ont une identité propre, un des rares groupes de metalcore qui puisse prétendre à une personnalité unique. Chimaira n’a jamais été épargné par les problèmes de line-up, mais cette-fois ce n’est pas un mais 3 membres de la formation qui plient bagage. Un sixième opus enfanté dans la douleur, en plein dans « l’âge de l’enfer ».
Renouveau de l’équipe ? Voyons-voir, Andols Herrick se casse pour la deuxième fois, Jim Lamarca et Chris Spiccuza déguerpissent eux aussi. C’est d’autant plus regrettable pour ce dernier car les samples constituaient une part très importante de leur musique. Le chanteur/hurleur de première récupère donc les claviers et Rob Arnold prend une seconde casquette de bassiste. Le collaborateur de longue date Ben Schigel assurera cette fois-ci la batterie, en plus de la production. Concrètement qu’est-ce que ça donne ? “The Age of Hell” frappe par sa simplicité, rarement la chimère n’a sonné aussi rentre-dedans. Un riff entre punk et thrash (à la manière d’un “Worthless” sur Resurrection), bien que ça soit très efficace, c’est franchement décevant de leur part.
On craint un peu la même chose pour “Clockwork”, mais un subtil break ambiant intervient au milieu du morceau, transformant soudainement la perception qu’on en a eu jusque là. Il en va de même pour “Scapegoat” et son break à la gratte acoustique avant le final planant. Remarquez qu’ils nous refont le coup des pistes imbriquées les unes dans les autres. “Year of the Snake” rappelle “The Blood, the Sweat, the Tears” de Machine Head … en moins bien, car sa répétitivité finit par noyer le peu d’intérêt éveillé au départ. “Beyond the Grave” tente de nous rappeler au bon souvenir des titres lents, pesants à la “Everything You Love” et autres “Impending Doom” … c’était presque réussi mais la petite accélération au lieu d’amener l’auditeur à l’orgasme attendu lui fait dire « c’est tout ? ».
Niveau chant, pas de souci, Hunter assure toujours aussi bien dans tous les registres, très personnel en voix claire (plus présente qu’à l’accoutumée) et d’une violence inégalée en core. Il module même un peu (“Time Is Running Out” et non ce n’est pas une reprise de Muse). Le départ de 3 membres n’a finalement pas eu tant d’impact que ça sur leur musique, on a plutôt l’impression que les 3 comparses restants ont d’eux-mêmes failli à recréer une œuvre aussi marquante qu’ont pu l’être l’album éponyme ou The Impossibility Of Reason. Des déçus, il y en aura beaucoup. Face à des morceaux aussi plats que “Losing My Mind” et “Powerless” c’est assez compréhensible. Le groupe est même tombé très bas avec cet ignoble “Stoma” qui ne sert absolument à rien si ce n’est à faire du bruit.
On ressent aussi une grosse perte de créativité au niveau des soli, peut-être que sa nouvelle responsabilité a épuisé Rob Arnold ? On se demande plusieurs fois si c’est bien le même gars qui nous a pondu les lignes mélodiques ultra-groovy d’un “Inside the Horror” … et oui, c’est bien lui … ou l’ombre de lui-même. Adieu le feeling oriental des lead guitares, tout juste tente-il de shredder pour combler l’ennui de certaines compos. Comme s’ils étaient conscients de ça, les zicos ont invité Emil Werstler de DÅÅTH à poser un solo de guitare épique sur le superbe “Samsara”. Finalement, ce sont les titres bourrins comme la chanson titre ou le très bon “Born in Blood” (avec Phil Bozeman de Whitechapel venu pousser un growl bien profond) qui marchent le mieux.
J’ai horreur de dire ça à propos d’un groupe que j’adore, mais beaucoup de titres figurant sur The Age Of Hell sont entrés par une oreille et ressortis par une autre immédiatement. L’envie de zapper avant même la fin reviendra très souvent. De quoi inquiéter pour l’avenir car Chimaira reste l’une des formations les plus ambitieuses venues du metalcore. Après 2 albums moyens, on se demande d’ailleurs s’ils seront un jour capables de réitérer leurs prouesses d’il y a 6 ans. Allez, ce n’est qu’une mauvaise passe, rien qu’une mauvaise passe …