Lorsque vous perdez votre membre historique, il y a toujours de légitimes questions à se poser quand à l’avenir du groupe, et son orientation musicale s’il vient à continuer. C’est exactement la situation dans laquelle Kampfar se trouve avec ce Mare. Thomas, membre quasi-fondateur il y a plus de 15 ans de cela s’est barré. Kampfar garde toujours en Dolk son géniteur ultime, la flamme est donc conservée. Il en a profité pour s’adjoindre les services et sévices du très fameux Peter Tagtgren à la production avec ses plus que célèbres studios Abyss. Le groupe a donc misé gros sur les moyens, cela servira-t-il à faire de cet album une réussite ?
Au-delà du profond mépris pour toute forme d’originalité de la question finale de cette introduction, elle a le mérite d’être particulièrement juste. Les fans de Kampfar, ils en ont quelques uns depuis le temps qu’ils traînent leurs guêtres sur les planches, ont besoin d’être rassurés. Ils le sont ! Le son est gros comme on est en droit de l’attendre d’une production made in Abyss. Bien plus puissante que pour leurs précédentes réalisations, peut-être a-t-elle noyé la passion sylvestre qui baignait celles-ci. Il serait tout de même bien crétin de faire son grincheux pour une amélioration qualitative évidente. D’autant que le son réussit a conserver une patte organique et froide toute à fait appréciable. Les instruments sont tous à leur place et la basse aurait presque son mot à dire ! La base de départ de ce Mare est donc solide. Les compositions vont pouvoir prendre appui sur un socle robuste.
Sans pour autant grandement changer aux habitudes. Suffisamment toutefois pour reconnaître au groupe une volonté d’évoluer via notamment, outre un son plus gros, l’octroi d’une place plus privilégiée aux claviers. On les entend régulièrement, sans abus, mais avec clarté et surtout finesse. Leur espace sonore est bon tout comme leurs lignes, délectables dans leur délicatesse. Couplés aux mélodies évidentes des riffs des guitares, on n’en serait pas loin de penser à ... Satyricon à ses débuts, l’aspect violence plus crue mis de côté. On se retrouve en territoire très pagan en tout cas, avec une volonté de grandiloquence en filigrane permanent (certainement rehaussée par les claviers et le son). Le rythme est bien posé, certainement plus que dans le passé et n’est pas sans rappeler quelques passages de At The Heart Of Winter amputé de ses blasts. D’ailleurs, on pourrait reprocher à ce rythme d’être un poil chiant par moments ("Bergtatt" ?).
C’est que le groupe prend son temps du coup, et chaque chanson vous envoie pour 5 minutes minimum de voyage. Heureusement, les riffs et mélodies tiennent l’auditeur en respect la grande majeure partie du temps. Cependant, au registre des plaintes, le manque d’originalité patente et de sortie de sentiers battus est à coller au groupe. Car malgré l’évolution apportée à sa musique, Kampfar n’en reste pas moins un suiveur de tendance. Ajoutez à cela de bonnes idées mais pas transcendantes et on se retrouve avec notre bon vieux Kampfar, bon groupe, méritant, mais pas génial. Bref, de ces groupes qui se distinguent mal de la masse, si ce n’est par l’heureux niveau de qualité, bon, des chansons. Notons quand même "Volvevers", basée sur une rythmique étonnante, très headbangante.
Mare ? On ne s’y noiera pas mais l’album a des atouts comme une science de la composition évidente, c’est du solide. Le son est également au chapitre des réjouissances, puissant, organique et froid. Le niveau général est lui correct, donc dans la bonne moyenne haute. Mais la moyenne quand même.