Albums live : 8. Albums studio : 6. Et maintenant 7 avec la sortie de ce What If... Certes Mr Big n’équilibre pas encore ses comptes. Mais force est de constater qu’il entend bien remettre les pendules à l’heure en revenant aux sources via son line-up originel (lire : avec un Paul Gilbert de retour au bercail) et en enregistrant cette nouvelle galette pour le label Frontiers, qui tape une nouvelle fois assez fort après avoir remis en selle Extreme il y a deux ans. Étrange, d’ailleurs, combien la trajectoire de ces deux groupes a pu converger et converge d’ailleurs encore fréquemment. Fermons la parenthèse.
Fermons la parenthèse pour un Mr Big dont la carrière en suspens aura finalement duré près de sept ans, voire douze ans pour l’extraterrestre hyperactif Paul Gilbert qui avait quitté le navire après la sortie et la tournée de Hey Man en 1996/1997. Certes son remplacement par le mésestimé Richie Kotzen faisait plaisir aux die-hard fans de fast guitar (remplacer un shredder par un shredder permet de limiter la casse), mais a réellement partagé le reste du public de base. D’où un What If... qui, en 2011, ne va pas mystifier avec un attendu come-back de la formation initiale… qui distille une musique infiniment proche de celle qu’elle interprétait au début des années 90, soit l’Age d’Or du groupe. Sûrement trop proche même, donc sans réelle prise de risque, mais bénéficiant d’une production sacrément soignée et d’une pêche communicative et fort bienvenue en ce frileux début d’année.
De toute façon, restons honnêtes, Mr Big partagera toujours l’auditoire. D’un côté, les amateurs de technique (donc de Gilbert et son acolyte bassiste Billy Sheehan) n’auront de cesse de fustiger le côté bande FM de leur Hard rock, trop sage et acidulé. Et de l’autre côté de la berge, les aficionados de Hard tempèreront après les éminemment longs excès de vitesse sur manche des deux musiciens suscités, seulement là pour vendre encore plus qu’avec leurs œuvres solo respectives. Le service marketing doit-il méchamment batailler pour tenter de satisfaire les uns et les autres ? Pas plus qu’il n’en faut : le groupe a cherché tant bien que mal à équilibrer son What If... pour contenter tout ce petit monde. Et s’il y arrive, c’est forcément au détriment de toute recherche de nouveauté. Évidemment, il ne fallait probablement pas trop en demander après tant d’années sans avoir mis les pieds ensemble dans un studio.
D’où aussi le choix de s’entourer de l’inénarrable Kevin Shirley (Maiden, Aerosmith...) qui, aux commandes, a soigné le travail, avec une probable idée directrice en tête : Big est un groupe apprécié en live, faisons-le sonner live pour son grand retour dans les bacs. Pour le coup, What If... tape dans le mille avec une production chiadée, du premier riff de gratte ("Undertow", un excellent choix de premier single) aux derniers coups de cymbale. Gilbert sonne bien plus brut, raw diraient nos amis d’outre-Atlantique, que lors de ses derniers efforts solo. Sheehan se trouve mis en avant quand il le faut sans trop en faire. Pat Torpey régale par les premiers bons sons de batterie de 2011. Et last but not least, Eric Martin (l’homme du match, pardon de l’album) revient là où il nous avait laissé… lors de Lean Into It, considéré par beaucoup comme la meilleure offrande des Américains.
What If... n’est vraiment pas loin d’atteindre les cimes de ce dernier, mais sans pour autant offrir quoique ce soit de bigger (et louder). Passons rapidement sur les quelques ballades, “Stranger in My Life” , puis “All the Way Up.” Pas désagréables en soi, surtout la seconde aux relents de Bon Jovi période Crush, elles font néanmoins pâle figure face à l’illustre modèle “To Be With You.” Il en va autrement des titres plus rentre-dedans avec en tête de gondole “Still Ain’t Enough for Me”, “American Beauty” (sacré son et solo de gratte !) et “Around the World” (bel exercice pour bassistes) qui tiennent la dragée haute à des titres comme “Addicted to That Rush”, “Colorado Bulldog” et autres “Daddy, Brother, Lover, Little Boy.” De l’or en barre taillé pour le live sur lequel, au-delà de beaux duels offerts par Sheehan et Gilbert, le chant de Martin dévaste tout sur son passage.
So what ? Mr Big n’avait pas menti sur ses intentions et tant à montrer que le groupe a bien fait de se retrouver et de retrouver ses marques live avant de nous sortir un album de haute tenue. Pour des musiciens parfois considérés comme des mercenaires, franchement rien à redire. Paul Gilbert est bien loin de conserver ses meilleurs compos pour sa pomme. Et what else? L’attente va juste être longue avant le passage du groupe sur la Mainstage 1 du Hellfest.