CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11.5/20
LINE UP
-Burton C. Bell
(chant)
-Dino Cazares
(guitare)
-Byron Stroud
(basse)
-Gene Hoglan
(batterie)
TRACKLIST
1)Mechanize
2)Industrial Discipline
3)Fear Campaign
4)Powershifter
5)Christploitation
6)Oxidizer
7)Controlled Demolition
8)Designing the Enemy
9)Metallic Division
10)Final Exit
DISCOGRAPHIE
Après avoir traversé galère sur galère, après un important remaniement de personnel, après être mort et avoir réssuscité, Fear Factory nous rassure enfin. Car voici l'album qui prouve qu'ils sont toujours là, celui qui prouve que leur identité est intacte, l'album pensé pour être un classique : Archetype !!
...
Hein, ça c'était en 2004 ? T'es sûr ? Ah ben pardon, j'ai dû me confusionner. Diantre.
Inutile de revenir sur les circonstances rocambolesques de ce retour du retour de la vengeance du bouleversement de le line-up... disons juste que la paire C. Bell / Cazares a gagné sa place au panthéon des gros cons de la scène et intéressons-nous à la musique. Et au passage, balayons tout de suite un préjugé : certains affirment que Fear Factory n'a jamais su se renouveler et donc qu'attendre d'eux une évolution stylistique est hors de propos. C'est totalement faux, et il suffit d'écouter Soul Of A New Machine, Demanufacture, Obsolete et Digimortal à la suite pour s'en rendre compte (ne parlons même pas de Transgression !). Même Archetype était à part dans la discographie des américains, justement à cause de ce parti-pris générique qui n'était présent sur aucun autre album... jusqu'à aujourd'hui. Car Mechanize est un Archetype bis, un disque où Fear Factory ne semble avoir eu aucune ambition au-delà de faire un album lambda de Fear Factory. Tout ou presque dans cet album relève du déjà vu, du prémâché, de la redite... et les musiciens impliqués semblent n'avoir aucun impact sur le rendu final.
Gene Hoglan à la batterie ? Quel intérêt vu qu'il fait du Raymond Herrera ? A part quelques roulements de toms, le monstrueux Gene n'apporte rien de plus que le batteur historique du groupe. Dino Cazares de retour à la guitare ? Quel intérêt quand Christian Olde Wolbers faisait aussi bien ? Au moins peut-on le créditer des quelques rares nouveautés introduites par cet album : l'homme a visiblement découvert chez Divine Heresy que sa guitare avait des cordes aiguës et s'autorise quelques incursions lead plutôt bien trouvées. Le solo de "Fear Campaign" et son mini-break sur un plan shreddisant, le riff thrashisant ouvrant "Christploitation", voilà autant d'incursions dans le métal au sens large qui renouvellent un peu une sauce par ailleurs éprouvée jusqu'à l'usure. Burton C. Bell est clairement celui qui s'en sort le mieux : sa variété vocale est assez impressionnante, tant au niveau de ses hurlements qui descendent plus vers le death qu'avant ("Designing the Enemy") que dans son chant clair-agressif enfin maîtrisé... quand on se rappelle des horreurs de Digimortal, l'entendre assurer ce registre avec brio sur "Oxidizer" et le refrain de "Controlled Demolition" fait du bien.
Que les choses soit claires : ce n'est pas parce que c'est décevant qu'il s'agit d'un ratage. Il y a des bons moments dans l'album : le refrain chanté de "Industrial Discipline", compo par ailleurs bien violente et énergique, le début de "Final Exit" qui combine intelligemment une ambiance aérienne et un hénaurme riff soutenu par un pattern de batterie de porc... mais chaque bonne idée est isolée au milieu de plans bateaux, et le tout finit par tomber à plat. Le côté pied au plancher de "Fear Campaign" est plaisant mais la compo se perd dans des breaks sans intérêt. Les claviers qui donnent une touche symphonique à l'intro de "Christploitation" disparaissent instantanément au profit des habituels bruitages cyber Rhysfülberiens. Et quand une compo comme "Designing the Enemy" n'a aucune trouvaille (même infime!) à proposer pour contrebalancer son absence crasse de groove et de dynamique, ça fait mal. Ecoute après écoute le constat se confirme : aucune chanson de Mechanized n'est intéressante de bout en bout, aucune ne parvient à frapper l'auditeur comme pouvaient le faire "Replica", "Edgecrusher" ou même "Linchpin". Ce n'est pas seulement qu'il n'y a aucun tube, c'est qu'il n'y a aucune compo légendaire. On sort de Mechanized sans souvenir marquant.
Si Mechanize était sorti en 2004, les choses seraient peut-être différentes... mais nous sommes en 2010, et la chronologie oblige à le considérer comme un sous-Archetype. Fear Factory semble être devenu une machine rouillée et prévisible, tellement usée que changer les pièces ne suffit plus à la faire redémarrer. On espérera qu'il n'est pas encore temps pour la casse, mais on se permettra d'être pessimiste.