CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Mouss
(chant)
-Yann
(guitare)
-Nico
(guitare)
-Stéphan
(basse)
-Raphaël
(batterie)
TRACKLIST
1)World on Fire
2)Plus qu'aucune mer
3)Failles
4)L'archipel des pensées
5)Clean
6)Dysphoria
7)Le magnétisme des sentiments
8)Aller trop loin
9)Respirer
10)Get High
11)Rien n'être plus
12)Comme on danse
DISCOGRAPHIE
Quand un groupe comme Mass Hysteria sort un album comme Une somme de détails, il y a un message derrière : « Finies les conneries ». Et ce message a été entendu : réjouis par le retour au gros son, les fans ont de nouveau adhéré à ce qui avait été un des groupes français les plus fédérateurs de son temps. Sauf qu'un retour aux sources pose toujours la même question : quid de la suite ? Dans quel sens s'orienter une fois qu'on a redéfini ses bases ? Les Mass ont trouvé la réponse...
Cette réponse n'est pas bien compliquée : on augmente encore la puissance des guitares de l'album précédent, on les met franchement au premier plan en diminuant la part des machines dans le son... bref on envoie la purée. Le son de Failles est au-delà du massif : les guitares sont saturées à l'extrême, forment un mur, écrasent l'auditeur. Les riffs ne cherchent pas midi à quatorze heures et se contentent de balancer de l'efficacité par wagons, dans la même veine thrashcore que d'habitude, avec un accent mis sur un omniprésent côté plombé, pesant, syncopé à outrance. Quant aux éléments electro, ils sont clairement en retrait : le temps de "Furia" où les guitares étaient un soutien pour les machines est révolu et c'est désormais l'approche inverse qui prévaut. "Failles" est le seul titre où les guitares s'articulent autour d'une mélodie de claviers (plutôt réussie d'ailleurs, dans le genre simple et entêtant). Les nappes de "L'archipel des pensées" sont à l'arrière, pour donner de la couleur aux riffs, et le beatdown en salves qui coupe la compo en son centre est d'ailleurs un des meilleurs exemples d'alchimie guitares / synthés du disque, pour un effet rappelant le break légendaire du "Zero Signal" de Fear Factory en beaucoup moins rapide. Du coup Failles est dépourvu du côté dancefloor propre au tryptique Le bien-être et la paix / Contraddiction / Une somme de détails : c'est un album de métal avant tout, un album qui cogne et sur lequel on headbangue à défaut de danser.
Impossible d'évoquer un album des Mass sans évoquer le chant de Mouss : toujours aussi à l'aise dans son registre scandé, il se permet de progresser et de poser non seulement un flow intéressant mais un chant clair très convaincant sur le morceau-titre et "Plus qu'aucune mer". Ses textes restent égaux à eux-mêmes : sans prétention littéraire aucune, ils varient en qualité d'un titre à l'autre. Le discours revendicatif pauvret de "World on Fire" ou la démarche introspective de "Clean" et "Dysphoria" laissent froid, la métaphore marine illustrant l'amour dans "Plus qu'aucune mer" se révèle touchante, et le constat posé dans "Aller plus loin" transpire de sincérité. Le temps de la positivité comme seul créneau appartient quoiqu'il en soit au passé, et Mouss assure la transition sans trop de problème entre un chant dont la seule fonction était de renforcer l'énergie de la musique à un chant réellement pensé en tant que tel. Les nostalgiques de la première époque se consoleront avec le rythme jungle ouvrant "Clean" et le très fédérateur "Le magnétisme des sentiments", un des rares titres à l'ancienne de la galette (et encore, pas sur le refrain), les amateurs de bourrin seront enchantés par la puissance générale de l'album... mais les amateurs de chansons typées resteront un peu sur leur faim. Car tout massifs qu'ils sont les riffs de Failles sont tout de même très génériques, et sortis de quelques plans marquants ici et là on ne retient pas vraiment une compo plus qu'une autre. L'éternelle limite de Mass Hysteria ressort ici encore...
Surpenant au premier abord par son côté direct et sans fioritures, Failles se révèle finalement convaincant. Le groupe réussit à faire évoluer sa formule un minimum, et la densité de l'album est son atout principal. On n'est pas encore au niveau de poutrerie d'un Contraddiction, mais il y a de quoi se faire plaisir. Vivement la scène !