CHRONIQUE PAR ...
Pietro
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15.5/20
LINE UP
-Martin Van Drunen
(chant)
-Wannes Gubbels
(basse+chant)
-Paul Baayens
(guitare)
-Bob Bagchus
(batterie)
TRACKLIST
1)Scorbutics
2)The Herald
3)Bloodswamp
4)Death... The Brutal Way
5)Asphyx II (They Died As They Marched)
6)Eisenbahnmörser
7)Black Hole Storm
8)Riflegun Redeemer
9)Cape Horn
10)The Saw, the Torture, the Pain
DISCOGRAPHIE
Asphyx -
Death… The Brutal Way
Asphyx est le genre de groupe qui a connu une carrière compliquée, pour ne pas dire tumultueuse. Après de multiples changements de line up, de séparations puis de reformations, revoilà les Néerlandais de retour en 2009 avec leur formation presque originelle, en tous cas avec Martin Van Drunen derrière le micro. Alors qu’ils pensaient dans un premier temps ne faire que du live, les musiciens nous proposent aujourd’hui ce Death… The Brutal Way inattendu et bien nommé.
Inattendu car le dernier opus du groupe (avec un line up différent) remontait quand même à 2000, le dernier avec Van Drunen au chant datant de 1992! Bien nommé car en effet c’est bien de death dont il est question ici, il n’y a pas de tromperie sur la marchandise. Le son de l’album est particulièrement réussi. La production réussit à concilier l’esprit sale et malsain du death des années 90, avec notamment une basse qui gronde fort, une batterie au son naturel (mort au trig !) et un son de guitare bien gras à une puissance actuelle mais en évitant toute surproduction aseptisée. Le groupe semble avoir voulu mettre en avant l’événement que constitue le retour du mercenaire hurleur dans ses rangs. Le premier titre "Scorbutics" commence ainsi directement par un couplet sans aucune introduction, directement dans le vif de ce death metal mid tempo entraînant et presque groovy, secoué de quelques accélérations bienvenues mais sans jamais aucun blast beat, tradition oblige. Le taulier Bob Bagchus privilégie l’efficacité à la technique stérile derrière ses fûts. Le nouveau venu Paul Baayens (qui accompagne Van Drunen dans son projet Hail Of Bullets) est tout à fait à sa place, riffant comme un damné. Van Drunen quant à lui ne déçoit pas. Son chant death profond assez particulier, raclé et aboyé, fait des merveilles. Il est bien aidé sur certains passages par son bassiste Wannes Gubbels, qui assurait lui-même le chant sur l’album précédent.
Certains titres sont plus rapides ("The Herald", "Death... The Brutal Way", "Eisenbahnmörser"), mais on trouve toujours un break lent, heavy et réellement pesant. À l’inverse au sein des morceaux les plus mid tempo, une accélération soudaine vient presque toujours apporter de la dynamique ("Black Hole Storm" et son intro glauque au piano, "Cape Horn" avec son intro carrément doom à la Candlemass, "Riflegun Redeemer"). Le groupe joue ainsi sur les changements de tempo au sein des morceaux et cela marche parfaitement! Impossible de ne pas headbanger lors de ces ralentissements redoutables qui vous brisent la nuque, ou de sauter dans tous les sens lorsque la musique accélère soudainement. Le title track en est le meilleur exemple avec son tempo élevé, son débit de chant ultra rapide, puis ce break lent et heavy qui amène bien sûr vers une reprise proprement jouissive. Une petite tuerie. D’autres morceaux sont plus linéaires, ce qui ne veut pas dire moins bons, comme par exemple ce "Bloodswamp" vraiment ultra heavy du début à la fin, lent lourd et marécageux comme son titre le laisse entendre. Quant à "Asphyx II (They Died As They Marched)" clin d’œil au passé (le premier volume se trouvait sur le culte Last One On Earth de 1992), on se trouve là à un niveau carrément asphyxiant (ca tombe bien vu le nom du groupe), d’une lourdeur et d’une noirceur irréelles, sans aucun espoir de sortie. La voix désespérée de Van Drunen est à l’avenant, pour un titre effrayant et glauque au possible.
Pour un retour, c’est un retour réussi ! Loin de vouloir sonner artificiellement moderne et loin de toute ambition d’évolution, Asphyx s’est contenté de faire ce pourquoi il est connu et respecté. La concurrence est renvoyée dans les cordes, que ce soit les autres groupes de l’époque qui tentent eux aussi un come back plus ou moins crédible (qui a dit Pestillence ?), ou les « jeunots » qui rendent hommage à cette génération (le pourtant excellent Bloodbath par exemple, dont le dernier opus ne fait pas le poids avec cet album redoutable). Le death old school n’est pas mort, loin de là !