CHRONIQUE PAR ...
Fishbowlman
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
11/20
LINE UP
-Ian Anderson
(chant+flûte+guitare)
-Martin Barre
(guitare)
-Dave Pegg
(basse)
-Doane Perry
(batterie)
-Andy Giddings
(claviers)
TRACKLIST
1)Roots To Branches
2)Rare And Precious Chain
3)Out Of The Noise
4)This Free Will
5)Valley
6)Dangerous Veils
7)Beside Myself
8)Wounded, Old And Treacherous
9)At Last, Forever
10)Stuck In The August Rain
11)Another Harry's Bar
DISCOGRAPHIE
Catfish Rising se voulait rassurant et amorçait un retour aux sources vers le son rock des années 70. Pour lui succéder, on était en droit de s'attendre à un album plus ambitieux. A ce niveau, Roots To Branches tient toutes ses promesses et en cela, c'est l'album le plus progressif que Jethro Tull ait sorti depuis des lustres. Superbement produit et interprété, avec un niveau technique exemplaire de la part de toute la troupe, Jethro Tull semble être de retour au top! Cependant, plus mature et progressif ne veut pas dire meilleur, certainement pas! On se rend vite compte que Jethro Tull fait sa soupe, tout en ayant perdu l'excitation de ses jeunes années, encore présente sur Catfish Rising. Le rock, une des facettes essentielles de leur répertoire, présente sur tous les albums du groupe, a ici quasiment disparu. C'est donc une partie de la personnalité de Jethro Tull qui s'est envolée! Roots To Branches dégouline de claviers sirupeux (rien à voir avec le son des années 80 cependant) et le chant de Ian Anderson est devenu inexpressif.
Le chant, parlons-en, il n'était pas parfait sur Catfish Rising mais il avait le mérite d'être encore agité. Ici, Ian Anderson apparaît fatigué et est grandement responsable du profond ennui que l'on peut ressentir à l'écoute de Roots To Branches. Cette tendance ne fera que s'aggraver durant les années à venir. Je ne parle même pas de ses performances live où il sera littéralement à bout de souffle sur les chansons les plus électriques. Pour l'avoir vu à Colmar en été 2004, le spectacle était triste à voir (ce qui n'empêchait pas le concert d'être bon ceci dit). Martin Barre parvient tout de même à s'illustrer à quelques reprises, tentant tant bien que mal de rendre les compos plus attrayante à travers quelques chansons acoustiques ("Valley", "Beside Myself"), mais il est souvent bouffé par tous ces claviers et ces sonorités orchestrales caricaturales ("Rare And Precious Chain"). La flûte de Ian Anderson, très présente et toujours en forme à ce niveau ("Wounded", "Old And Treacherous", "Dangerous Veils") contribue heureusement à renforcer l'aspect mélodique du disque et à maintenir l'auditeur éveillé par la même occasion.
A priori, cet aspect symphonique a toujours été présent chez Jethro Tull. On le retrouvait en tout cas sur certains albums de la vieille époque comme Minstrel In The Gallery ou Stormwatch, donc ça ne devrait pas trop surprendre. Sauf qu'à l'époque, le répertoire du Tull était foncièrement rock et, au risque de paraître primaire, il y avait des couilles, de la sueur! Le Tull de maintenant s'est considérablement assagi, il faudra faire avec. Ils ne sont plus tout jeunes non plus. Enfin, quand je dis "ils", je veux bien sur parler du noyau dur composé de Ian Anderson et Martin Barre (Dave Pegg quittera le groupe peu de temps après)! A présent, on doit se contenter de ces mélodies Andersoniennes qui ont fait leur temps, même si elles parviennent encore à faire mouche de temps à autre. "This Free Will" rappelle un peu Heavy Horses, d'ailleurs.
Mais sur certains titres, on attend désespérément que ça décolle, qu'il se passe quelque chose. "Rare And Precious Chain" et "Out Of The Noise" sont plutôt courtes et une fois terminées, on a vraiment du mal à voir où est l'intérêt de ces morceaux tellement les idées présentes auraient pu être davantage développées. A part quelques passages un peu jazzy que le Tull applique de façon scolaire, sans réel génie, plutôt comme une leçon bien apprise. Il faut attendre "Wounded, Old And Treacherous" pour avoir enfin un morceau à rebondissements, avec une véritable ambiance. Et pour une fois, les claviers servent à quelque chose, même si les nappes demeurent très classiques finalement. L'intro flûte plus claviers et son final aussi représentent un des moments forts du disque.
Bref, Roots To Branches est un disque (trop) sérieux et (très) ennuyant! Vraiment dommage car avec une telle maturité, on aurait pu tenir un disque énorme, symphonique à souhait! On peut toujours se dire qu'il y a du travail, de l'inspiration et de bonnes parties instrumentales derrière tout ça, et que c'est juste moi qui n'apprécie pas ce virage. Certes! Toutefois, bien malin celui qui parviendra à trouver quelque chose d'intéressant à un refrain extrêmement fade comme celui de "Roots To Branches". On est quand même loin des superbes choeurs de Songs From The Wood. Roots To Branches représente le début de la misère artistique pour Jethro Tull et son successeur, J-Tull Dot Com, sera à peu près pareil, en moins bien. Suivront un album live sympathique mais incomplet (Living With The Past) et un Christmas Album sans intérêt pour boucher les trous et faire patienter les fans.