CHRONIQUE PAR ...
Fishbowlman
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
15/20
LINE UP
-Ian Anderson
(chant+guitare+flûte)
-Martin Barre
(guitare)
-John Evans
(claviers)
-Clive Bunker
(batterie)
-Glenn Cornick
(basse)
TRACKLIST
1)With You There To Help Me
2)Nothing To Say
3)Inside
4)Son
5)For Michael Collins, Jeffrey And Me
6)To Cry You A Song
7)A Time For Everything
8)Teacher
9)Play In Time
10)Sossity, You're A Woman
DISCOGRAPHIE
Benefit est le premier album de Jethro Tull avec le claviériste John Evans, lequel restera pendant près de dix ans dans le groupe. Son arrivée permet d'étoffer le style du groupe et de varier davantage ses influences. Martin Barre peut donc se concentrer au développement de riffs heavy, ce qui apporte un contraste intéressant avec la douceur folk des guitares acoustiques et de la flûte. C'est le premier album où les mélodies prennent autant d'importance, même si elles n'ont jamais été une composante essentielle du groupe. Paradoxalement, l'album est également plus "bruyant" que les autres. Ian Anderson tenait à s'éloigner des clichés qui reviennent souvent, "le mec et sa flûte", c'est pour cela que la moitié des morceaux n'ont aucune partie de flûte.
Plus sombre que n'importe quel autre album de leur discographie, c'est bien l'ambiance peu enclin à la bonne humeur qui rend ce disque si spécial, unique et attachant face aux autres albums. L'état d'esprit de Ian Anderson était marqué par son désenchantement face à l'industrie du disque. Il ne se reconnaissait alors dans aucun courant musical de l'époque, que ce soit les groupes de hard rock ou de la mouvance hippie. Contrairement à la plupart des groupes de rock des années 70 (The Rolling Stones, Grand Funk Railroad, Guess Who), Benefit ne sonne pas vraiment comme un produit américain et c'est sûrement ce qui retardera le succès de Jethro Tull (qui ne viendra qu'à partir d'Aqualung, l'album suivant).
Le son a pris un terrible coup de vieux malgré la présence de l'ingé son Robin Black. Mais ce constat est imputable à Ian Anderson, encore peu expérimenté dans le domaine de la production. L'absence de hits potentiels n'a pas non plus fait de Benefit un album très populaire, hormis le très rock Teacher qui apparaîtra uniquement sur la version américaine et qui figure en bonus sur la version remasterisée. Les chansons sont assez équilibrées, un gros travail sur les refrains a été fait, ils se retiennent (c'est assez nouveau en soi). Entre de sublimes ballades ("Nothing To Say", "For Michael Collins, Jeffrey And me"), le bluesy "With You There To Help Me" (le chant est vraiment brillant et mélancolique sur ce titre), les perles folk "Inside" et "Sossity", "You're A Woman" ou même les heavy "To Cry You A Song" et "Play In Time", tous les tempos sont particulièrement lents ce qui ne le rend pas non plus très facile d'accès. Rien à voir en tout cas avec les rythmes enjoués d'un "Thick As A Brick" ou d'un "Songs From The Wood". Pour un peu, sur les titres les plus heavy, on pourrait presque croire qu'on écoute un album de Black Sabbath allégé tellement l'ambiance est pesante et monolithique.
Tout n'est pas parfait sur Benefit, le hard rock de "Son" traîne en longueur malgré un break acoustique intéressant. "Play In Time" est également assez banal, c'est le genre de morceau que l'on pouvait trouver (en mieux) sur Stand Up, avec un rythme un peu similaire à Nothing Is Easy. La version remasterisée contient quatre inédits qui ont été enregistrés durant la même période et qui valent leur pesant d'or. La plupart d'entre eux figuraient déjà sur la compilation de faces B Living In The Past. La perle bluesy "Singing All Day", l'acoustique pépère "Witch's Promise", le folk moyen-âgeux "Just Trying To Be" possèdent leur lot de mélodies accrocheuses, une des qualités de ce Benefit et que n'avait pas forcément Stand Up. Même s'il est moins grandiloquent que ses successeurs, Benefit est largement aussi bon (si ce n'est meilleur) qu'Aqualung. Il est juste moins connu parce qu'il ne contient pas autant de hits.