CHRONIQUE PAR ...
Blackmore
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
16/20
LINE UP
-Jerry Sahlin
(synthé+chant+vocoder)
-Ola Andersson
(guitars+chant)
-Peter Asp
(basse)
-Herman Saming
(chant)
-Thomas Lejon
(batterie)
TRACKLIST
1)Truth Is Pain
2)Puppeteers
3)This Wonderful World
4)Out of Ideas
5)Hope
6)Into the Unknown
7)No Longer Touching Ground
8)Useless Arguments
9)The Voice Within
10)Call in Dead
11)Consequences : Silent screams
12)Consequences : Introduction
13)Consequences : The millionaire
14)Consequences : Joanna
15)Consequences : A father's love
16)Consequences : Memory to flight
17)Consequences : The diary
18)Consequences : A wound that won't heal
19)Consequences : The final silence
DISCOGRAPHIE
Parmi les nombreux courants qui composent l'univers des musiques progressives, on trouve un style peu et souvent mal représenté. Il s'agit du pop-prog (dénomination un peu foireuse, une de plus) et rares sont les groupes qui ont réussi l'exploit d'atteindre et de maintenir l'alchimie adéquate à la réussite du genre, à la frontière qui sépare le ridicule du génial. Malheureusement, les plus grands représentants du genre (Saga, It Bites, City Boys etc...) ont tous fini par décevoir, brisant le fragile équilibre de leur musique et laissant les amateurs orphelins..
C'est là qu'A.C.T entre en jeu. Le groupe suédois est en effet devenu, par la force des choses, le nouveau sauveur du genre. À tel point qu'on parle aujourd'hui de happy prog, référence à la bonne humeur caractéristique de nos joyeux lurons. Si Imaginary Friends avait déjà fait un gros effet pour les rares chanceux qui étaient tombés dessus, c'est surtout l'arrivée de Last Epic qui a mis tout le monde d'accord. Inutile de dire que leur nouveau disque était (une fois de plus !) attendu au tournant. Mais est-ce que le A.C.T cuvée 2006 mérite un enthousiasme aussi débordant que par le passé ? Rien n'est moins sûr.
On pouvait s'en douter à la lecture du paragraphe ci-dessus, Silence a un petit goût de déception. Et pourtant, le dernier effort d'A.C.T mérite vraiment les louanges ! Paradoxe ? Reprenons. Le premier point qui choque l'amateur du groupe, c'est la filiation évidente de Silence avec Today's Report, premier album du groupe. Car Silence marque un retour vers une musique plus mélancolique, moins déjantée avec des thèmes plus sérieux(par exemple, "This Wonderful World" fait écho au morceau "Today's Report"). De plus, le morceau épique de l'album reprend le même schéma que "Personalities" de Today's Report, à savoir une succession de petits morceaux collés ensemble pour former un tout. Un titre qui, malgré ses grandes qualités, n'arrive cependant pas à éclipser le "Relationships" d'Imaginary Friends, la plus grande réussite du groupe à ce jour.
Autre aspect qui saute tout de suite aux oreilles de l'habitué, la production. Proche de Last Epic, le travail de Martin Hedin (clavier d'Andromeda) sonne plus équilibré et bien moins heavy (le coté metal de Ola ressort beaucoup moins que par le passé). Le verdict est sans appel, Silence est très pro, très propre et sans doute plus en accord avec l'orientation pop du groupe. Plus directes et courtes que sur les anciens albums, les compositions en deviendraient presque parfaites, sans temps mort et remplies de détails. Qui plus est, le disque n'est pas avare de nouvelles et bonnes idées à l'instar de l'excellent "Puppeteers" et son petit break rushien mémorable, de la rythmique démente de "Out Of Ideas", des différentes parties de chant de "Useless Argument" ou les nombreuses(mais malheureusement courtes) parties instrumentales disséminées au sein de l'album (notamment dans "Consequences" et le poutrant "Silent Screams"). Bien que les gimmicks du groupe soient bien présents(mais c'était déjà le cas de Last Epic), l'impression fugace de redondance s'estompe bien vite face aux qualités du disque et l'œuvre du temps.
Pour un peu, on nagerait en plein bonheur ! Seulement voilà, il s'agit de nuancer un peu tout ça. A.C.T a clairement travaillé dur pour accoucher de Silence, rien n'a été laissé au hasard...et c'est bien là le drame. À force de vouloir tirer le meilleur des ses compos, A.C.T laisse en chemin une partie de sa fraîcheur et de sa folie. Tout cela est plus maîtrisé et plus ambitieux mais A.C.T perd de son âme dans le processus. Impression accentuée par l'orientation tristounette du disque (malgré quelques sommets de pur happy prog ACTien tel ce démoniaque et ultime "Call In Dead"). Autre paradoxe, son orientation plus grand public cache en même temps une densité et une complexité qui réclament une attention toute particulière de l'auditeur (bien plus qu'avant). Le disque manque clairement de parties qui calme le jeu comme le passage instru planant de "Out Of Ideas".
Il est foncièrement difficile d'émettre un avis pertinent sur ce disque. A.C.T est toujours le groupe incroyablement brillant qu'on a connu et les diverses compositions de l'album ne cessent de nous le rappeler. En même temps, on ne peut s'empêcher de chercher (parfois en vain) ce petit supplément d'âme impalpable qui pourrait faire de Silence le bras droit de Totoro dans sa quête pour sauver l'humanité ! En bref, la raison voudrait que Silence soit le meilleur A.C.T mais le cœur nous renvoie systématiquement à Imaginary Friends. En attendant, A.C.T signe évidemment un grand disque, mais pas celui qu'on attendait. Frustrant !