CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Daemon
(guitare+chant)
-Morfeus
(guitare+claviers+samples)
TRACKLIST
1)The Dark Paranormal Calling
2)As the Bell of Immolation Calls
3)Pits of the Cold Beyond
4)Dynasty of Death
5)The Supreme Sacrifice
6)In Embers of Infernal Greed
7)The Yawning Abyss of Madness
8)Enthralled by the Shrine of Silence (bonus track)
9)Behind the Darkened Walls of Sleep (bonus track)
DISCOGRAPHIE
La voie était toute tracée après l’excellent In Abhorence Dementia. Succèdant au non moins excellent Moon In The Scorpio, il avait radicalement changé la face du groupe en multipliant le tempo, la brutalité et la violence par 442*. Ad Noctum – Dynasty Of Death enfonce donc allègrement le clou là où ça fait mal pour aller encore plus loin, plus vite, plus haut. Violence hystérique, implacable machine à tuer, torture physique et psychologique : cet album ne peut laisser personne indifférent tant son ambiance noire et haineuse exsude un pus noirâtre. Perçons l’abcès et révélons les arcanes de cette machine de mort.
Bien sur, Limbonic Art reste Limbonic Art, et ce qui a caractérisé Ad Noctum – Dynasty Of Death est toujours présent – et c’est tant mieux. Claviers emphatiques et très présents (même si le mix donne cette fois la part belle aux guitares), batterie synthétique inhumaine et aux sonorités électroniques assumées et chant écorché vif : on retrouve là tout ce que Morfeus et Daemon nous ont offert jusqu’ici. Les amateurs de In Abhorence Dementia ne risquent donc pas trop d’être déçus. Pour autant, Limbonic Art ne tombe pas dans la redite et ne se contente pas de nous refaire la même. Sans innover, le groupe continue son évolution en restant fidèle à la ligne artistique définie deux ans auparavant. C’est sur les chapeaux de roues que commence l’album avec "The Dark Paranormal Calling" qui donne directement le ton avec son introduction supersonique. Ca va faire mal, et ce pendant plus de soixante-dix minutes.
Ad Noctum – Dynasty Of Death est un album difficile à s’envoyer d’une traite tant le couple intensité/durée le rend compact et douloureux. Les titres durent en moyenne huit ou neuf minutes avec des poussées à plus de onze minutes. Et ne cherchez pas de plage purement symphonique pour aérer le tout, non plus que de longues introductions comme par le passé qui permettaient à l’auditeur de récupérer un peu. Non – et c’est aussi ce qui fait sa faiblesse - Ad Noctum – Dynasty Of Death est sans pitié du début à la fin. Malgré tout, le tempo n’est pas constamment à fond les ballons. Le pesant "As the Bell of Immolation Calls", par exemple, aurait pu figurer sur Moon In The Scorpio, avec son riff sinistre et son ambiance glauque. De même, les titres les plus longs ne sont pas composés uniquement de blast : on trouve toujours des riffs accrocheurs au tempo (un peu) ralenti, magnifiés par des synthés qui aèrent réellement le propos en lui donnant de l’ampleur.
Mais l’élément moteur du groupe, qui parvient à donner une identité encore plus affirmée à Limbonic Art, c’est sans conteste le chant torturé de Daemon, qui hurle sans fin sa haine et sa rage sur les neuf titres (avec les deux bonus) de l’album, avec une ampleur et une majesté mises en exergue par quelques effets judicieusement choisis sur sa voix – un peu de saturation et une réverbération marquée. Que ça soit sur "The Supreme Sacrifice" ou "In Embers of Infernal Greed", deux des meilleurs titres de l’album, les hurlements écorchés vifs du chanteur norvégien donnent une dimension supplémentaire à l’ensemble. Tous les éléments sont donc réunis pour faire de Ad Noctum – Dynasty Of Death l’un des albums phares de la fin du siècle passé dans le domaine du black metal. Son seul réel défaut, nous l’avons évoqué, est sa longueur qui le rend réellement difficile d’accès. Du coup, l’appréhender dans son ensemble demande de nombreuses écoutes, que son côté jusqu’au-boutiste peut rendre éprouvantes.
Mais la qualité des différentes compositions permettent de faire de ce défaut une qualité. Car avec un album de cette qualité, généreux, dense et qui parvient à n’être quasiment jamais répétitif, c’est du plaisir en barre et pour longtemps. Moins accessible qu’un Dimmu Borgir ou qu’un Cradle Of Filth et aussi bien pensé qu’un Anorexia Nervosa ou qu’un Emperor, ce Limbonic Art prend sans conteste sa place parmi les plus grands du genre.
*chiffre avancé après de nombreuses études scientifiques. Usage du pifomètre rigoureusement exclu.