CHRONIQUE PAR ...
Dupinguez
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Tobias Sammet
(chant)
-Jens Ludwig
(guitare)
-Dirk Sauer
(guitare)
-Tobias Exxel
(basse)
-Felix Bohnke
(batterie)
TRACKLIST
1)Ministry of Saints
2)Sex Fire Religion
3)The Pride of Creation
4)Nine Lives
5)Wake Up Dreaming Black
6)Dragonfly
7)Thorn Without a Rose
8)929
9)Speedhoven
10)Dead or Rock
11)Aren't You a Little Pervert Too
DISCOGRAPHIE
On peut dire que Tobias Sammet est un homme occupé. C’est bien simple, depuis la sortie de l’album Rocket Ride en 2006, l’homme a eu le temps de tourner à travers le monde avec Edguy, de sortir un nouvel album d’Avantasia (et vu le nombre d’invités, l’affaire ne devait pas être mince), de tourner avec Avantasia tout en composant le nouvel album d’Edguy, pour repartir en tournée avant même que celui-ci ne sorte. Ouf ! Donc avant d’essayer d’attraper les teutons en France l’année prochaine, il s’agit quand même de jeter une oreille sur la nouvel offrande du père Sammet, Tinnitus Sanctus.
Car mine de rien, quelques questions traînent sur l’orientation musicale de ce nouvel album. En effet, c’est depuis Hellfire Club que le changement entre heavy speed mélodique d’inspiration Helloweenienne et un hard rock un peu plus direct se fait sentir, confirmé par la sortie du fameux Avantasia, dont la liste d’invités confirmait largement ces premières impressions : du Alice Cooper, du Kiss, du Scorpions… les preuves sont là ! Mais Tinnitus Sanctus va un peu plus loin que ça. Il ne se contente pas de faire un voyage dans le passé en espérant faire du neuf avec du vieux, mais prend plutôt la tangente en prenant directement la branche du descendant du hard rock US d’antan, à savoir le big rock des Skid Row, Kid Rock et consort. L’influence est en tout cas évidente en début d’album, avec dans un premier temps "Ministry of Saints" et son gros riff très équivoque qui ne tacherait pas en entrée d’un catcheur quelconque, puis "Sex Fire Religion", dans la même veine et dont le refrain rappelle inévitablement le travail effectué sur les chœurs du dernier Avantasia, dont le son est strictement identique. Passez vous les refrains de "Carry Me Over" puis de "Sex Fire Religion" à la suite si vous n’êtes pas encore convaincus.
Edguy ne renie pour autant pas son passé en se fendant d’un "The Pride of Creation" au bon vieux riff heavy speed à l’ancienne et qui renvoie encore une fois au side-project de Tobias Sammet sur "Shelter from the Rain". Comme c’est souvent le cas avec les paroles du lutin teuton, on ne sait jamais trop ce qu’il faut prendre au sérieux et ce qui relève du foutage de gueule pur et simple. Mais en tout cas, on peut dire que ce début d’album est plutôt réussi et on y voit enfin un peu plus clair sur le propos des allemands. Puis… les titres s’enchainent, et un sentiment étrange envahit alors l’auditeur, sans trop pouvoir mettre le doigt dessus. Ouais, ce n’est pas mauvais, il y a toujours le côté humoristique qui a fait une partie du succès d’Edguy et Sammet fait parler le vibrato comme à son habitude. Mais voilà, tout ça n’excite que rarement le tympan averti, et ce pour plusieurs raisons. La première et plus grave de toutes : que cela sonne déjà entendu ! C’est bien simple, certains titres n’apportent strictement rien à la sauce. Bon, certains savent se contenter de la qualité intrinsèque d’une piste dans ces cas-là, ce qui nous amène directement au second défaut : mais où sont donc passées les cojones ?
Car voilà, on aurait presque l’impression que notre joyeuse bande de clowns n’y croit plus vraiment et égrène les titres comme il ramasserait les abricots sous le cagnard à la mi-juillet. Alors évidemment, reste un savoir-faire indiscutable en matière de refrains fédérateurs et de riffs entrainants. En atteste la sympathique "Dragonfly", typique de cette nouvelle orientation hard. Mais certaines compositions puent clairement l’absence de passion et le réchauffé, à l’image de ce "Wake Up Dreaming Black" qui tache outrageusement en milieu d’album. On passera également sur l’énième tentative de pondre une ballade digne de ce nom, exercice qui doit figurer parmi les seuls sur lesquels les Allemands sèchent encore lamentablement. Et la fin d’album illustre malheureusement très bien les problèmes suscités. Entre la mollassonne "9-2-9" et l’inégale "Speedhoven" (malgré quelques bons moments), on se demande où est passé le Edguy de Hellfire Club ! "Dead or Rock" vient partiellement sauver les meubles grâce à un riff bien catchy sans prétention et le délire "Aren’t You a Little Pervert, Too ?" fait timidement sourire et aurait été beaucoup plus à propos après un album réussi de bout en bout.
Qu’il y a-t-il donc à sauver sur ce nouvel album ? Un début d’album assez réussi ? Quelques titres pas dégueulasses disséminés ci et là ? Ce n’est pas à ce niveau que l’on attend nos chers Allemands. Tinnitus Sanctus a donc peut-être fait les frais d’un manque de travail de fond qui faisait jusque-là la qualité des albums d’Edguy. La faute à pas de temps et à un manque de recul ? Fort probable. À force de trop battre le fer quand il est chaud, on finit par se brûler les mains. Et toutes mes condoléances pour cette conclusion pitoyable.