CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Kasper Thomsen
(chant)
-Jeppe Christensen
(chant+claviers)
-Lars Christensen
(guitare)
-Jesper Andreas Tilsted
(guitare+claviers)
-Jesper Kvist
(basse)
-Morten Toft Hansen
(batterie)
TRACKLIST
1)This Legend Forever
2)Abandon Your Hope
3)Phantoms
4)The Curse Of Bravery
5)Remembrance
6)Live The Myth
7)City Of Hurt
8)Persistence
9)The Velvet Remains
10)Farewell To Devotion
DISCOGRAPHIE
La création de Raunchy a beau dater de 1994, les Danois ont mis pas mal de temps à faire réellement connaître leur nom. Confusion Bay leur avait bien apporté un début de reconnaissance en 2004, mais c'est suite à ce Death Pop Romance que leur carrière a véritablement décollé, en particulier grâce à leur tournée allemande en première partie de Soulfly ainsi que leur participation au festival With Full Force. Aujourd'hui que sort leur petit dernier Wasteland Discotheque, il est temps de revenir sur l'album par lesquelles les choses ont vraiment débuté...
Difficile de faire plus catchy que le métal que Raunchy pratique : mélange de metalcore et de melodeath avec de fortes incursions de sons électroniques et de mélodies pop, c'est le genre de son super accrocheur qui fait fuir les trve et headbanguer les autres. Le nouveau venu Kasper Thomsen fait beaucoup penser à Anders Friden dans son chant hurlé aigu, le chant clair de Jeppe Christensen est pour sa part lisse et mélodieux, les harmonies de guitare twin lead fleurissent à tous les étages, les tempos sont enlevés et le tout est ultra-accessible... c'est vraiment un cas d'école, et on en vient fort logiquement à se demander ce qui sépare Raunchy d'une scène metalcore d'autant plus saturée que l'album est sorti il y a quatre ans, en plein boom du genre. Car 2004 c'est aussi The End Of Heartache de Killswitch Engage, Ashes Of The Wake de Lamb Of God, la confirmation du virage d'In Flames avec Soundtrack To Your Escape, le premier Bleed The Sky... qu'est-ce qui a donc permis à Raunchy de se détacher ?
Si à l'écoute de certains titres (comme "Remembrance", pompage d'In Flames en bonne et due forme) on peut franchement se poser la question il est une dimension qui est propre aux Danois : leur côté outrageusement pop que très peu de groupes ont osé pousser jusque là à l'époque. Car si metalcore et pop mielleuse vont de pair aujourd'hui ça n'a pas toujours été le cas : si l'intro comme les passages bourrins de "Phantoms" rappellent (encore) In Flames la manière dont le chant clair hyper maniéré est assumé est notable. Et que dire de la compo qui suit, "The Curse of Bravery" ? Le blast-beat qui l'ouvre et les couplets hurlés laissent leur place à un refrain tout en choeurs qui lie pop-punk à skaters et intensité lyrique avec talent, surtout qu'on repart dans les hurlements et la violence toutes les deux minutes. Raunchy semble donc avoir instauré le recours systématique au chant clair dans les refrains avec un poil d'avance sur ses contemporains, ce qui est amusant tant cet aspect précis est de ceux qui irrite tant de métalleux.
L'autre aspect distinctif de ce Death Pop Romance concerne l'utilisation des claviers. Il restent bien timides face à ceux qu'on trouvera dans l'album suivant ou ceux des groupes de metalcore actuels (si vous n'avez pas écouté Figure Of Six, faites-le très très vite !) mais sonnent déjà bien. Le refrain de "This Legend Forever" reste incrusté dans le cerveau grâce au petites notes saupoudrées ça et là, les sonorités Megaman de "Live the Myth" sont savoureuses, les nappes et les éléments techno de "Persistence" lui donnent un côté cinématographique pas dégueu.. en fait il n'y a qu'au niveau des riffs que tout ça est vraiment problématique. Car il n'empêche que les guitares sont affreusement convenues : 95% des riffs et des harmonies de cet album semblent directement piochés chez In Flames et Soilwork et la lassitude s'installe très vite. Il n'y a que les refrains pour différencier les titres les uns des autres, la faut à un maque cruel de variété dans les ambiances. Le groupe lutte pour se créer une identité... mais échoue au final.
Tout ça est donc super entraînant, pêchu, moderne, frais, carré, bien joué, blablabla... mais malgré une accumulation de petits détails sympatoches cet album ne laisse pas réellement de traces une fois terminé. Death Pop Romance semble avoir profité de l'effet tremplin dont ont bénéficié tous les groupes qui faisaient du metalcore en 2004, mais leur côté pop surdéveloppé ne suffit pas à rendre l'album inoubliable, bien qu'il soit loin d'être mauvais.