CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Kasper Thomsen
(chant)
-Jeppe Christensen
(chant+claviers)
-Lars Christensen
(guitare)
-Jesper Andreas Tilsted
(guitare+claviers)
-Jesper Kvist
(basse)
-Morten Toft Hansen
(batterie)
TRACKLIST
1)This Blackout Is Your Apocalypse (intro)
2)Somewhere Along the Road
3)The Bash
4)Warriors
5)Straight to Hell
6)Welcome the Storm
7)Wasteland Discotheque
8)Somebody's Watching Me
9)A Heavy Burden
10)To The Lighthouse
11)Showdown Recovery
12)The Comfort In Leaving
DISCOGRAPHIE
Death Pop Romance avait beau ne pas être impérissable, il avait eu au moins le mérite d'inscrire Raunchy dans le paysage des groupes de metalcore à potentiel... et du coup ce Wasteland Discotheque était mine de rien assez attendu. Fort d'une fan-base renforcée le groupe danois devait mine de rien faire face à un écueil certain : la vague metalcore s'était méchamment tassée depuis 2004, la saturation de la scène ayant provoqué une lassitude bien compréhensible et surtout une sélection sans pitié des groupes, comme pour le néo en son temps. Dans ces circonstances, qu'allait faire la bande à Thomsen ?
La première impression est qu'elle a salement musclé le son tout en élargissant son champ d'expérimentation, et que c'est vraiment une très bonne idée. Non seulement l'intro mélancolique au piano distille des ambiances totalement absentes de l'album précédent, mais l'opener "Somewhere Along the Road" fait bien mal. Un riff melodeath qui ne pompe pas trop In Flames, des breaks multiples et variés où la batterie déferle, des mélodies de guitares heavy... et surtout un refrain hurlé aux trois quarts au lieu d'être chanté comme d'habitude. Ca fait carrément du bien par où ça passe, surtout que Thomsen fait preuve d'une agressivité et d'une technique accrues sur cet album, posant çà et là un chant hurlé mélodique aigu tout en ultra-violence bienvenue qui évoque presque Townsend par moments. La prod massive rappelle un peu DevilDriver et la basse fait même son entrée dans le mix ! Le second titre "The Bash" enfonce le clou : double pédale à tire-l'arigot, riff bien méchant, chant hurlé possédé, tout ça sonne beaucoup plus métal qu'auparavant et le refrain en chant clair semble être le seul élément pop qui surnage dans tout ça. Les Raunchy auraient-ils basculé du côté couillu de la Force ?
Que les fans de leur côté ultrapop se rassurent : ce n'est pas tout à fait le cas. Seulement Raunchy a rééquilibré la part de métal et celle de mélodie sucrée et surtout joue beaucoup moins la carte de la synthèse qu'auparavant. Ainsi après deux titres clairement orientés bourrinitude débarque quelque chose de fortement inattendu : "Warriors", titre tellement pop qu'on n'en revient pas. C'est le single par excellence : mélodie entêtante au piano, éléments metalcore et melodeath réduits à leur expression la plus radio-friendly (les twin leads), ambiance un tantinet gothique, on dirait du Evanescence en plus musclé. Et surtout il y a ce break qui confine à la trance : piano aérien, beat clairement dancefloor, c'est vraiment à l'opposé de ce que le groupe avait proposé juste avant... et au cas où on s'inquiéterait il balance un blast-beat juste après pour ouvrir "Straight to Hell" ! Cette chanson est clairement le rouleau compresseur et dévoile une autre nouveauté réjouissante : l'utilisation de rythmiques en salves ultraspeed calées sur la grosse caisse (les célèbres rythmiques Fear Factory) alors que le clavier s'occupe de la mélodie. Sachant que Thomsen continue à hurler comme un démon, le tout est vraiment massif et bon.
Raunchy aligne les nouveaux éléments ayant pour but d'enrichir leur palette : utilisation accrue de la double pédale, beatdowns hardcore çà et là, influences qui quittent In Flames pour aller fureter du côté du Machine Head des deux derniers albums (ah, le riff de "Welcome the Storm" !), éléments indus (l'intro très martiale et catchy de "Wasteland Discotheque"), introduction de la guitare acoustique ("A Heavy Burden")... la devise de cet album semble donc être « plus de tout » : plus de violence sur certains titres, plus de mélodie et de putasserie sur d'autres. Le tout semble donc assez schizophrène par moments : difficile d'attribuer un titre de pur melodeath comme "To the Lightouse" et le dance-metal rn'b (sic) de "Somebody's Watching Me" au même groupe. De plus le troisième tiers de l'album a tendance à claquer beaucoup moins que les deux premiers, car tous les nouveaux éléments déjà cités ont déjà été introduits et ne font qu'être repris. Heureusement le groupe nous fait le coup du dernier titre super complexe :"The Comfort in Leaving" combine moult ambiances réussies, du début speedé hystérique aux orchestrations néoclassique de la fin... une bonne conclusion pour un bon album en somme.
Le pas franchi depuis Death Pop Romance est plus que conséquent : Raunchy a réussi à changer sa musique radicalement tout en conservant une bonne partie de ses composantes de base. En séparant leurs approches par chanson au lieu de vouloir forcément tout fourrer dans chaque titre ils ont fait de Wasteland Discotheque un album vraiment varié. Tout ça est décidément prometteur...