Voilà enfin l’album 2004 des incontestables maîtres du Brutal Death Satanique. Scars Of The Crucifix a longuement été préparé, suintant des pores des chaque membre du groupe. En quelques mots c’est un renouveau et une claque de violence depuis l’album Deicide qui reste le best seller de la longue carrière du groupe et le brutalissime Legion il y a plus de dix ans. Scars Of The Crucifix, album au son énorme, a vu le jour des entrailles de Earache Records, concocté du Morrisound Studio, et risque bien de devenir un classique de Deicide…
Calmons nos ardeurs tout de même, il n’y a pas vraiment de surprise. La révolution du Brutal Death n’est plus, surtout sur un marché ultra saturé de galettes de ce style. Néanmoins Deicide a la part belle : tous les ingrédients sont là, la musique indestructible, extrêmement agressive, les riffs acérés, très efficaces, les vocaux de Glen Benton on ne peut plus extrêmes possédés par le malin de bout en bout… Bref on ne voit pas le jour dans toute cette folie, longue d’une demie heure à peine, ce qui est largement suffisant pour subir une lobotomie totale et destructrice ! Scars Of The Crucifix vient surtout renforcer la longue discographie de Deicide après les dispensables albums In Torment In Hell et Insinerate Hymn. Mais bon, les avis se partageront sur ce point, c’est certain.
Par contre, là où tout le monde sera d’accord, c’est sur la force de Scars Of The Crucifix, et il n’y a qu’à écouter les premières notes pour s’en rendre compte. Les plans de guitares viennent assassiner les écouteurs avec la précision des lames de rasoirs. Tout est fait pour pousser la machine à fond et le jeu du batteur, qui, aussi bourrin soit-il, reste assez subtil même si l’influence old Death Metal se fait sentir. C’est certainement cela qui rend aussi indétrônable cet album. Musicalement, tout est très maîtrisé, brillamment enchaîné. Le titre "Scars Of The Crucifix" restera je pense dans les annales pour son refrain incessant et ses rythmiques écrasantes. Alors que "Conquered By Vengeance" frôle franchement le Grind avec un Glen Benton qui ne se sent plus.
Il faut d’ailleurs se pencher sur le travail vocal, élément maître de ce méfait. C’est assez rare d’entendre un chant aussi profond, malsain et intense, en tout cas dans ce style. Les vocaux de Glen sont souvent doublés d’une voix dans un registre presque Black Metal et emplissent ainsi le son et rend imperméable les compositions. Certains trouveront que les vocaux sont un peu toujours dans le même ton, mais le style veut ça et a besoin de ça pour dégager tout ce qu’il dégage… il n’y a rien à redire.
Un titre vraiment bon à mon goût, certainement parce que l’influence Black Metal est plus présente que sur les autres titres, c’est "When Heaven Burns". Même sans être un fan de ce Brutal Death, ce titre est vraiment excellent, une vraie descente aux enfers menée par des rythmiques extrêmement rapides, des lignes vocales souffrantes et impitoyables, des soli torturés venant finir au ciseau les tympans endommagés. Vraiment l’ambiance y est impressionnante. Même si l’ensemble est tout de même assez homogène, assez compact, les titres ont chacun leurs subtilités. Après "When Heaven Burns", "Enchanted Nightmare" tombe à pic, très découpé, rythmiquement impressionnant, surtout que toute la composition est dans cette trempe. Cela pourrait faire parfois penser aux plans d’un vieux Carcass énervé et c’est ça qui est bon !
A remarquer sur cet album les soli, parfois très organisés et finement composés et en d’autres temps plus brouillons, pas vraiment réfléchis. A se demander parfois quel est l’intérêt de parcourir tout le manche aussi rapidement si ça n’apporte pas grand chose de plus. Enfin… sur "Go Now Your Lord Is Dead" par contre ce style de solo va très bien, certainement parce que toute la puissance de Deicide s’y déploie. Ce titre est un des plus violents de l’album, c’est indéniable. Ce qu’a Deicide en plus de certains groupes comme Napalm Death, c’est ce son impeccable qui dégage toute la violence de chaque instrument et à chacune de leurs interventions. J’aurais conseillé à un profane de se pencher sur les albums Deicide ou Legion, mais j’ajouterais bien ce Scars Of The Crucifix, en tout point méritant même si je ne suis pas le plus fin des connaisseurs dans ce style.
Au final, Scars Of The Crucifix n’est pas une révolution, mais plutôt un album vraiment abouti d’une intensité marquante, une œuvre à point nommée pour les fans de Deicide et de Brutal Death en général, et surtout un condensé de blasphème qui fera peur à qui vous savez…