Chronique : Verheerer Monolith (2019)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 17 août 2025

Sa note : 18/20

LINE UP

-Bastian "BST" Hinz
(chant)

-Andreas Lukas "LKS" Glaser
(guitare)

-Simon "SMN" Sauerland
(guitare+chant)

-Mirkko "MYR" Stehn
(basse)

-Simon "KRZ" Kranz
(batterie)

TRACKLIST

1) Intro
2) Monolith
3) He Who Sowed the Poisoned Seeds
4) The Fatalist
5) The Eskapist
6) He Shall Reap a Thousandfold
7) Serpent Grave
8) Theios Aner & Arrisio

DISCOGRAPHIE

Maltrér (2018)
Monolith (2019)
Urgewalt (2025)

Verheerer - Monolith

(2019) - black metal - Label : Vendetta Records

Chroniqueur est un métier d’idiot. On passe son temps à chasser les nouveautés, sans plus en avoir pour chasser ses groupes marquants. Prenez Verheerer, il aura fallu le colossal rappel à l’ordre Urgewalt pour rappeler que Maltrér. Et donc que Monolith il y a déjà six ans de cela. Qui d’autre, sinon l’idiot, ne cherche pas le retour du plaisir auditif quand il l’a expérimenté ?

Mais fort heureusement, chroniqueur c’est aussi un métier de nouveautés et d’économie circulaire. Le bénéfice de suivre l’actualité est celui de re-trouver les gloires rencontrées. Et donc Urgewalt qui a créé un appel d’air monumental : il fallait savoir ce que les Allemands avaient fait entre temps. Autant vous dire que je n’ai pas été déçu. Monolith est un album de Verheerer, cela ne fait aucun doute. La structure des chansons, la façon de riffer, le son froid, sec avec pourtant cette nuance sombrement suave. Là où Maltrér favorisait le rouge, Urgewalt le jaune, Monolith s’entiche du noir. Superbe liste des caractéristiques du groupe que voilà vous dites-vous. Pourtant il manque l’essentiel : la capacité, parfait surréaliste, du groupe à trouver les arrangements sortant de l’ordinaire black metal alors que tout est parfaitement dans le moule black metal.
Comment expliquer cette sorte de solo au beau milieu de "He Who Sowed the Poisoned Seeds" ? Ou ce riff haché si puissant sur l’impeccable chanson-titre d’ouverture ? Par les idées. Le quintet germain semble en être une source intarissable. Avec ses marottes. Car son style est totalement défini, reconnaissable entre mille, fermement ancré dans le black metal, et en même temps un peu plus. C’est bien ce un peu plus qui chatoie. Le bras tendu un peu plus loin pour s’agripper à des conceptions traditionnelles subtilement tordues pour s'émanciper de la production actuelle. Alors évidemment cela passe par des influences extérieures qu’on nommera death metal pour cette propension à poser des riffs. Cependant l’incorporation fluide dans la musique ne détourne pas la troupe de ses velléités noires.
Adepte du tempo blasté la troupe allemande a cependant cette intelligence de constamment chercher la variation juste. Par des ralentissements éclairs ou des allitérations sur les cymbales de monsieur batteur. Comme si tous les musiciens étaient contaminés par l’ouverture d’esprit des compositions, chaque instrument choisit la voie de la richesse thématique. Cela vaut bien sûr pour la basse, point connu si vous avez déjà lues mes dithyrambes précédents sur le groupe. Au diapason, la horde l’est assurément. Et avec constance. Ce n’est pas le coup d’un moment de génie mais bien celui d’esprits aiguisés aguerris au concept d’album, ce qui résulte en un tissu de chansons homogène tant dans le rendu (grâce aux structures utilisées pour en arriver là) que la qualité. Bien sûr chacun aura ses préférences, pour autant il faut s’accorder sur la performance globale.

Qui a dit qu’il faut des contrepoints ? Verheerer c’est l’histoire d’un coup de cœur à rebours, une déflagration décalée qui la rend probablement d’autant plus appréciable. Si vous avez aimé n’importe laquelle de leurs deux autres sorties, vous aimerez. Si vous aimez le black metal, vous aimerez. Si vous aimez le metal, vous devriez trouver de quoi aimer. Mon groupe coup de cœur de l’année 2025.