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CHRONIQUE PAR ...

21
Wineyard
Cette chronique a été mise en ligne le 20 janvier 2025
Sa note : 16/20

LINE UP

-Corey Todd Taylor
(chant)

-Michael "Clown" Crahan
(chœurs+percussions)

-Mickael Gordon "Mick" Thomson
(guitare)

-James Donald "Jim" Root
(guitare)

-Alessandro Giovanni Venturella
(claviers+basse)

-Craig Michael "133" Jones
(claviers+samples)

-Sidney George "Sid" Wilson
(claviers+platines)

-Jay Bradley Weinberg
(batterie)

Ont participé à l’enregistrement :

-Angel City Chorale
(chant sur "Unsainted")

-Kat Primeau
(chant sur "Death Because of Death")

-Christopher "Chris" Fehn
(chœurs+percussions sur "All Out Life")

TRACKLIST

1) Insert Coin
2) Unsainted
3) Birth of the Cruel
4) Death Because of Death
5) Nero Forte
6) Critical Darling
7) A Liar's Funeral
8) Red Flag
9) What's Next
10) Spiders
11) Orphan
12) My Pain
13) Not Long for This World
14) Solway Firth

DISCOGRAPHIE


Slipknot - We Are Not Your Kind
(2019) - Metal Alternatif Nu metal, headbang et angoisses - Label : Roadrunner Records



L’histoire de Slipknot est chaotique et cela se ressent dans leurs albums. Les débuts prometteurs suivis du clivant Iowa, qui a probablement éveillé quelques jeunes supporters au metal, mais qui reste mal-aimé d’une frange d’auditeurs plus tardive qui aura préféré leur troisième acte, The Subliminal Verses où le talent du groupe s’est vraiment révélé au monde entier en rendant la musique de Slipknot plus accessible sans pour autant renier sa rage, un peu comme s’ils avaient compris en mûrissant que ce n’est pas parce que l’on crie plus fort qu’on se fait mieux entendre. Les deux chapitres suivants seront moins glorieux, des membres historiques comme Jordison ou Fehn s’en vont ou se font sortir (même si ce dernier est crédité sur We Are Not Your Kind), Gray décède sous morphiniques et Taylor consacre plus de temps à Stone Sour en se débattant d’un mariage qui part en confettis. La bonne nouvelle, pourtant, dans ce relatif chaos, c’est que Greg Fidelman, le mixeur/producteur de The Subliminal Verses, revient aux manettes.

Le groupe avait la volonté de faire de son sixième rejeton un album qui marquerait son histoire, avec fourmillement d’idées et d’interludes musicales. Taylor qui luttait contre une dépression née de sa relation avec sa femme d’alors dont il tentait de se séparer, avoua d’ailleurs que les paroles qu’il a écrites étaient autobiographiques et très sombres, ainsi que parfois inspirées des travers des idées véhiculées par Trump, alors en charge aux États-Unis. Cette genèse plutôt inhabituelle a été amorcée dans un terreau mêlant le sentimental et l’existentiel à une motivation décuplée pour créer. L’architecture de l’album en est probablement le résultat, chaque morceau n’est pas à sa place par hasard, chaque interlude signifie ou appelle quelque chose, et c’est peut-être encore plus visible que dans The Subliminal Verses. Je n’aime pas vraiment faire cela en général, mais il me semble pertinent de commenter cette structure chronologiquement dans ce cas présent.
L’introduction de l’album, plutôt sombre, ouvre sur "Unsainted", un des quatre singles de We Are Not Your Kind, titre énergique et mélodique qui ne cède pas à la brutalité directe habituelle du groupe, suivi d’un second single, "Birth of the Crue", dans la même lignée que le précédent, puis à nouveau un intermède sans guitare ni hurlements de Corey Taylor ("Death Because of Death"), qui débouche sur "Nero Forte", autre single au refrain pénétrant. À croire que Slipknot voulait frapper fort d’entrée, à la fois en rappelant leur capacité à se permettre des interludes en dehors de leur style de prédilection et en enchaînant les hits. Le dernier single, "Solway Filth", a pourtant été placé à la dernière piste, peut-être pour la brouiller. Quand avec le recul on s’aperçoit que "A Liar’s Funeral" n’a pas été un single alors que c’est potentiellement « le » ou l’un des deux meilleurs morceaux de l’album : le contraste entre les portions calmes et plutôt tristes et les hurlements déchirés est saisissant, d’autant plus que la mélodie est très lisible et la construction intelligente. "Red Flag", qui suit, semble très en-dessous, mais s'avère finalement très bien placée pour assurer le fan service du headbang décérébré parfois propre à la fan base de Slipknot, ce qui permet un reboot auditif que va achever le nouvel interlude "What’s Next". Ainsi les chakras se rouvrent pour "Spider" et sa musique de fond à la John Carpenter, sa basse et son apaisement suspect. "Orphan" repart de plus belle vers le défoulement inutile de riff et de paroles qui émaille toujours les opus de Slipknot, avec plus ou moins de présence. Beaucoup (trop) sur Iowa, nettement moins sur The Subliminal Verses. "My Pain" surgit alors en OVNI inattendu sans violence, pour mieux introduire l’intro cold wave de "Not Long For This World” et son tempo ralenti et plus grave, ainsi que sa conclusion électronique. Et cela s’achève sur le dernier single. La construction est très réfléchie et très aboutie pour assurément définir l’un des deux meilleurs albums de Slipknot en ce qui me concerne.


Pragmatiquement, je compte quatorze titres, dont quatre singles censés être de qualité puisqu’ils ont été choisis ainsi, trois intros/interludes et trois titres que personnellement je préfère aux singles publiés. Le reste est soit un titre à part, soit du classique énergique un peu brutal et sans génie, mais fait pour le fan des débuts qui veut se défouler. La question que certains peuvent se poser (comme moi d’ailleurs) est probablement : We Are Not Your Kind est-il meilleur que The Subliminal Verses ? Question légitime, certes, mais difficile d’y répondre car si We Are Not Your Kind est mieux construit, il n'a pas le charme ni l’antériorité de son alter ego. Néanmoins, je le considère comme presque équivalent, au-dessus de tout le reste. Mais je ne suis pas un fan de la première heure…



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