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CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 06 janvier 2025
Sa note : 16/20

LINE UP

-Liv Kristine Espenæs
(chant)

-Raymond István Rohonyi
(chant)

-Pål Bjåstad
(guitare)

-Tommy Lindal
(guitare)

-Lorentz Aspen
(claviers)

-Eirik T. Saltrø
(basse)

-Hein Frode Hansen
(batterie)

A participé à l’enregistrement :

-Anders Måreby
(violoncelle sur "Hollow-Heartéd, Heart-Departéd" et "...a Distance There Is...")

TRACKLIST

1) A Hamlet for a Slothful Vassal
2) Cheerful Dirge
3) To These Words I Beheld No Tongue
4) Hollow-Heartéd, Heart-Departéd
5) ...a Distance There Is...
6) Sweet Art Thou
7) Mïre
8) Dying - I Only Feel Apathy
9) Monotonë

DISCOGRAPHIE


Theatre Of Tragedy - Theatre of Tragedy



Tôt ou tard, ça devait arriver : l’alliance d’une voix féminine et d’un chant guttural sur un album complet. La formule avait déjà été testée par des groupes tels que Paradise Lost, Anathema et The Gathering, tous affiliés au doom death metal encore juvénile en cette première moitié des années quatre-vingt-dix. Il était sans doute inéluctable qu’une formation fasse fructifier ces graines éparses et transforme ces essais en mode opératoire. Cette formation s’appelle Theatre of Tragedy.

Les tout jeunes Norvégiens qui l’ont créée, vingt ans de moyenne d’âge, sortent un premier LP auto intitulé au début de l’été 1995. En guise des trois coups annonçant la représentation, "A Hamlet for a Slothful Vassal" plante le décor : un motif allègre au piano cascade sur fond de guitares lourdes, rapidement relayé par une voix elfique. Celle-ci appartient à Liv Kristine Espenæs et se caractérise par une fragilité maîtrisée, rivière de cristal limpide présentant peu d’aspérité. Au regard de l’évident modèle Paradise Lost, elle rappelle davantage celle de Denise Bernard sur Icon ("Christendom") que les mélopées spectrales de Sarah Marrion sur Gothic ("Dead Emotion", "The Painless"). Elle est soutenue par le growl de son alter ego masculin Raymond Rohonyi qui lui apporte un contrepoint menaçant. « Alter ego » car les deux vocalistes se partagent le micro à parts égales, une pratique dont la systématisation sur un recueil entier est inédite en 1995, si l'on met de côté les démos parues l'année précédente (Hybernoid recelait lui aussi un duo mixte, mais ses membres officiaient tous les deux en chant saturé).
Seule exception, la pièce centrale "...a Distance There Is..." sur laquelle la chanteuse intervient sans son compère, pour un résultat à moitié convaincant. Car les Nordiques y vont franco sur l’ambiance romantique, soulignée par l’utilisation de l’anglais shakespearien et renforcée ici par un violoncelle, également présent sur "Hollow-Heartéd, Heart-Departéd". L’absence d’un élément sombre fait pencher dangereusement la balance vers une sensiblerie un brin chichiteuse, malgré les vocalises impeccables de Liv Kristine. Autre musicien distinctif de la troupe, le claviériste Lorentz Aspen, seize printemps au moment de l’enregistrement, contribue de manière décisive à instaurer une atmosphère gothique en jouant de l’opposition avec les guitares massives. Cependant, l’une des forces de la section de Stavanger se révèle parfois une faiblesse, car si Aspen est un pianiste qui sait utiliser tous ses doigts, son approche demeure très classique, comme en témoigne le motif inspiré de la "Marche Funèbre" à l’entame de "Mïre". Logiquement, lorsque les guitaristes Pål Bjåstad et Tommy Lindal n’ont pas de thème fort à se mettre sous le médiator, le propos tend à s’affadir, ainsi sur "Sweet Art Thou" où en plus la soprano et le grizzly donnent l’impression de s’affronter plutôt que se compléter.
L’instrumental "Monotonë" placé en clôture donne un aperçu de la manière impactante avec laquelle peut sonner le collectif lorsque les guitares sont mises en avant. Elles avaient déjà mené à bon port "Cheerful Dirge", sorte de double inversé du titre d’ouverture puisque le clavier se cantonne à un rôle plaisant de tisseur de climat fantastique alors que la modulation est réservée cette fois à Liv Kristine. Plutôt qu’enquiller les solos, les six-cordistes participent à la mise en place de variations qui donnent beaucoup d’intérêt aux morceaux, parmi lesquels "Dying - I Only Feel Apathy", dont l’ambiance doom rappelle avec délice le Katatonia originel et qui bénéficie d’une vivifiante accélération finale. Cette séquence est d’ailleurs l’une des rares sur laquelle Espenæs et Rohonyi interviennent en même temps. À cet égard, il faut convenir qu’en dépit de la répartition égalitaire des tâches, la mélodie attribuée au chant féminin fait ressortir mécaniquement celui-ci, d’autant que le growl de Rohonyi manque un peu de profondeur. La partition de sa partenaire est décisive pour faire de "To These Words I Beheld No Tongue" un temps fort de la réalisation, amorcé par un riff marquant puis dynamisé par un emballement paroxystique.


En systématisant le schéma d’opposition entre ombre et lumière, éther et abysses, Theatre of Tragedy se pose en pionnier du doom death gothique, incarné par un chant bicéphale, partagé entre grondements et évanescence. Si l’équilibre n’est pas toujours parfait, la recette servie sur un premier long format bluffant de la part de musiciens aussi jeunes offre des envolées de toute beauté. Malgré sa tendance à la mélancolie, le septet scandinave à l’identité déjà bien affirmée se ménage un chemin vers un avenir radieux.



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