Chronique : Misotheist For the Glory of your Redeemer (2021)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 24 décembre 2024

Sa note : 17/20

LINE UP

-Brage Kråbøl
(chant)

TRACKLIST

1) Rope and Hammer
2) Benefactor of Wounds
3) Acts of Flesh

DISCOGRAPHIE

For the Glory of your Redeemer (2021)
Vessels by Which the Devil Is Made Flesh (2024)

Misotheist - For the Glory of your Redeemer

(2021) - black metal - Label : Terratur Possessions

Yes, Close to the Edge, Relayer, ça vous parle ? Car en voici le successeur après toutes ces longues années ! Ahem… enfin, pas forcément musicalement. Voyez-vous, il se trouve que la structure de l’album, deux chansons longues et un pavé fait le miroir de ces deux albums séminaux du prog des années soixante-dix. Bien sûr les Norvégiens qui nous préoccupent ici n’ont pas les mêmes intentions, mais ils cherchent indubitablement à progresser. Coïncidence ?

Et progresser dans la veine de Deathspell Omega of course. Car que serait le black metal intellectuel actuel sans l’apport sans précédent (ne lésinons pas sur le laudatif) des Pictaviens ? Fort différent. Si vous entendez fortement Paracletus, ce n’est pas un hasard m’est avis. De la rougeoyance des guitares aux mélodies dissonantes en passant par les blasts ultra rapides, nombreux sont les points communs entre les deux albums. Chant du mystérieux, et seul membre authentifié de la troupe, B. Kråbøl, inclus. Sommes-nous dès lors en présence d’une resucée des légendaires mystérieux ? Pas exactement. Déjà Misotheist va moins loin, dans la dissonance mais également dans l’abscons technique. For the Glory of your Redeemer est indubitablement plus accessible d’un point de vue instrumental bien que pour nous auditeurs cela ne change pas fondamentalement la donne, faute aux ambiances opaques et glauques et au fameux choix d’architecture d’un album en trois parties seulement, longues langues évanescentes serpentant afin de laisser l’ivresse de la déconstruction sévir fortement dans les compositions disjointes.
En restant moins distant, toutes choses égales par ailleurs, que son aîné fraîchement sorti, ce deuxième forfait contentera plus aisément la fange classique du black metal, même si il ne faut pas se leurrer, cela demeure une sortie d’intello. Le son un chouïa moins dense, les blasts plus présents renforcent l’aura glacée de ce black metal racé et volontairement peu accessible en apparence. En apparence seulement ? Calmez-vous, on s’explique. Car malgré tous les artifices de complexité et d’élitisme, à l’instar toujours de ce Paracletus décidément bien présent, les mélodies abreuvent en abondance nos tympans. Et miracle, tout devient plus facile à défaut de l’être, facile. Misotheist pose là les jalons parfaits de son futur et se permet de créer rien de moins qu’un indispensable du black metal des années 2020 à n’en point douter. Les mots sont forts, mais ils sont à la hauteur d’un genre retombé dans les miasmes de sa vieillesse tout autant que For the Glory of your Redeemer démontre une facilité et un talent dans la composition et l’atmosphère brute et noire tout à fait réjouissants.

Que j’aime lorsque la Norvège se rebiffe ! Difficile de ne pas laisser le trône à une France désormais royale dans le monde du black metal. Mais ne jamais oublier les terres originelles, car à tout moment l’étincelle peut rejaillir, cas démontré ici-même.