Chronique : Misotheist Vessels by Which the Devil Is Made Flesh (2024)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 12 avril 2024

Sa note : 16/20

LINE UP

-Brage "B." Kråbøl
(chant)

-????
(guitare+basse)

-????
(batterie)

TRACKLIST

1) Stigma
2) Vessels by Which the Devil Is Made Flesh
3) Whitewhashed Tombs

DISCOGRAPHIE

For the Glory of your Redeemer (2021)
Vessels by Which the Devil Is Made Flesh (2024)

Misotheist - Vessels by Which the Devil Is Made Flesh

(2024) - black metal - Label : Terratur Possessions

Groupe norvégien sorti de Trondheim, Misotheist (rien à voir avec un culte de la soupe miso) fait partie de ces petites pépites que je suis particulièrement content de croiser et découvrir au hasard d’une recherche et de lectures. Déjà, découvrir un groupe de black norvégien sans passer par la case promo ou ultra-connu, c’est la moitié du plaisir. La seconde moitié, c’est si la qualité arrive de concert.

Main dans la main, madame découverte et madame qualité arpentent les allées noires. Sur leur chemin, elles saluent Mgla et Deathspell Omega, un couple dissemblable mais dont elles possèdent certaines caractéristiques. Les mélodies entêtées du premier et la dissonance et le chant du second. Amateurs des deux groupes vraiment, foncez. Vous en trouverez le barycentre quasi pur. Sans s’effondrer dans une technicité abusive, Misotheist maintient un niveau de jeu fort convenable pour tisser des ambiances alambiquées percluses de mélodies. Avec des titres franchissant allègrement la barre des dix minutes, il faudra avoir le cœur accroché, cela leur donne liberté totale de répéter ad nauseam des boucles savamment orchestrées. Et subtilement mises en progression. Car si la répétition est un socle des compositions des Norvégiens, la modification l’est également. Alliance délicate et casse-gueule, celle-ci est ici réussie par des capacités supérieures à la moyenne pour trouver les ambiances et les mélodies justes. L’équilibre précaire entre dissonance et trop grande répétitivité. Le fil du rasoir atteint son summum sur la première minute de "Whitewashed Tombs", mono-accord blasté qui n’est pas sans rappeler le Occult Rock de Aluk Todolo.
Vessels… parvient à maîtriser ce numéro de funambulisme. Certes, malgré le travail des mélodies pour rendre la concoction plus à la portée des oreilles mortelles, il vous faudra donner de votre personne afin de pénétrer un monde somme toute opaque tenant un peu également de Panzerfaust. Une atmosphère hostile, froide et austère. Et même si la bande semble avoir subrepticement baissé le pied sur la vitesse d’exécution, nous retrouvons la patte Misotheist. Patte qui, si elle est aisément remarquable, n’est franchement pas originale au vu de l’empreinte marquée des deux influences principales. Le groupe, de son seul membre revendiqué B. Kråbøl chanteur/éructeur de son état au timbre pas si éloigné de Mikko Aspa de qui-vous-savez, tient à ses distinctions par la seule grâce de cette aptitude à capter l’attention. Le côté répétitif et abrasif accroche l’esprit, tout du moins pour celui qui éprouve une attraction envers cette construction musicale parfois déviante. Tant et si bien que cette sortie, pour difficile que soit le style pratiqué, se transforme en quasi triomphe instantané dans le cœur des fans du style pratiqué. Une performance en soi peu aisée à réaliser. D’autant plus dans la durée, ce qui semble être le cas.

Tout est fait pour vous repousser : trois titres extrêmement longs. Des dissonances. De la répétition. Sauf qu’une production impeccable, froide, abrasive, organique et des mélodies évidentes évitent la fuite. Pas original, mais foutrement bien fait. Pour ne rien gâcher, la gravure de la pochette est sublime.