Chronique : Draconian Arcane Rain Fell (2005)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 14 décembre 2024

Sa note : 17/20

LINE UP

-Lisa Johansson
(chant)

-Anders Jacobsson
(chant)

-Johan Ericson
(chœurs+guitare)

-Andreas Karlsson
(claviers)

-Jesper Stolpe
(basse)

-Jerry Torstensson
(batterie)

A participé à l'enregistrement :

-Ryan Henry
(spoken word sur "Expostulation")

TRACKLIST

1) A Scenery of Loss
2) Daylight Misery
3) The Apostasy Canticle
4) Expostulation
5) Heaven Laid in Tears (Angels' Lament)
6) The Abhorrent Rays
7) The Everlasting Star
8) Death, Come Near Me

DISCOGRAPHIE

Arcane Rain Fell (2005)
The Burning Halo (2006)
A Rose for the Apocalypse (2011)
Sovran (2015)
Under a Godless Veil (2020)

Draconian - Arcane Rain Fell

(2005) - death metal doom metal gothique - Label : Napalm Records

C’est une question de génération. Quand on demande de citer des groupes fondateurs du gothic-doom, les vieux parleront de My Dying Bride. La fleur qui se fane, les cygnes qui sont lâchés, l’ange, la rivière sombre, etc. Les un peu moins vieux, eux, évoqueront plus facilement Draconian. Et notamment Arcane Rain Fell. Et les jeunes ? C'est quoi un jeune ?

Qui a raison ? Personne. Ou tout le monde si préférez vous montrer plus optimiste, mais dans une chronique sur ce genre musical-là, il est de bon ton de voir les choses en noir. Le My Dying Bride des débuts, notamment sur As the Flower Withers, charrie avec lui une tonne de gravats venus du death-metal. Draconian, eux, se basent sur les fondements établis par l’ex bande à Aaron - le type de growl, la section rythmique death - en y ajoutant des vocaux féminins proches de ceux entendus chez Theatre of Tragedy ou Tristania. Conclusion, aucune des deux formations n’invente le gothic-doom ex-nihilo, évidemment. En revanche, affirmer qu’Arcane Rain Fell constitue une œuvre majeure du gothic-doom v2.0 semble moins sujet à controverses. Comme le dit l’excellent Wën, doomster chez NIME, My Dying Bride contemple la mariée en train de mourir, tandis que Draconian arrose les roses noires autour du mausolée. Et passe un coup de balai - ajout personnel. Question d’hygiène. Après un "Where Lovers Mourn" duquel émanait encore une petite odeur de sueur sous les bras, Anders et ses amis proposent un album d’une propreté extrême. Cela sonne péjoratif, mais ça ne l’est pas. Enfin pas vraiment. Disons que Draconian crée sa personnalité avec un emprunt fait à la Banque des Patriarches Doom-Death mais le travail d’épuration opéré par les Suédois s’avère remarquable. Avec un savoir-faire incroyable pour un deuxième album, Draconian distille riffs, growls, claviers, chant féminin et intermèdes éthérés avec la science d’un vieux briscard.
La formation a le chic pour savoir s’arrêter et changer de plan juste avant que la répétition des mêmes sonorités devienne rébarbative. À ce titre, "The Apostasy Canticle" touche à la perfection. Le début très lent, majestueux est dynamisé au bon moment par l’accélération mid-tempo et la venue de nappes de claviers qui tombent à point nommé. Dans cet album aux allures de manuel, et après l’hommage à Tristania rendu sur Where Lovers Mourn via "Silent Moi", le combo compose son petit « tribute to Brave Murder Day » avec un "The Abhorrent Rays" exquis, reprenant la rythmique si particulière du deuxième album de Katatonia, la décorant de motifs musicaux impeccables et ajoutant un soupçon de chant féminin. On rangera également comme réussite absolue l’entrée en matière "A Scenery of Loss" où la pluie aide à balayer du départ tout germe d’impureté ayant entrepris de perturber la beauté glacée que constitue cet opus, suivie du non moins formidable "Daylight Misery" où la poignante Lisa et Anders le bourru serrent nos gorges avec leur refrain chanté à deux. La seule petite réserve constitue la fin de l’œuvre où les quinze minutes de "Death, Come Near Me" auraient sans doute gagné à être amputées. Avec classe bien sûr, et une scie proprement désinfectée au préalable.

Avec Arcane Rain Fell, Draconian s’installe à la cour des grands. Mettant un scène un gothic-doom-death dégagé de toutes ses impuretés, cette œuvre est la bande-son parfaite pour vos aventures romantiques destinées à échouer avec larmes, panache et roses noires. Et pensez à passer un coup de serpillère en sortant.