CHRONIQUE PAR ...
Malice
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Steven Wilson
(un peu de tout)
Et plusieurs invités, dont :
-Sophie Hunger
(chant)
-Ninet Tayeb
(chant+choeurs)
-Dave Kilminster
(choeurs)
-David Kollar
(guitare)
-Adam Holzman
(claviers)
-Nick Beggs
(basse)
-Robin Mullarkey
(basse)
-Craig Bundell
(batterie)
-Jeremy Stacey
(batterie)
-Pete Eckford
(percussions)
TRACKLIST
1) To the Bone
2) Nowhere Now
3) Pariah
4) The Same Asylum as Before
5) Refuge
6) Permanating
7) Blank Tapes
8) People Who Eat Darkness
9) Song Of I
10) Detonation
11) Song Of Unborn
DISCOGRAPHIE
Après un Hand.Cannot.Erase acclamé, Steven Wilson a tôt eu fait d'annoncer sa volonté de se détacher de ses derniers albums, volonté confirmée par quelques singles et autres extraits publiés sur les réseaux sociaux. Entre la ballade "Pariah" et "Permanating" et son clip bollywood (sic), il y avait de quoi se poser des questions : le maître allait-il se perdre dans une pop que certains qualifieraient d'« insipide » et changer, par la même occasion, une partie de son public ? Les discussions et prédictions de la communauté se sont multipliées, To The Bone est sorti, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il se démarque de ses prédécesseurs.
Après une première écoute de cette nouvelle galette, la première constatation est sans appel : To The Bone est un album aussi surprenant qu'inégal, capable du meilleur comme du pire. Il faut dire que Steven Wilson est loin d'être un novice de la scène musicale, et son expérience se ressent : les compositions de To The Bone sont bien ficelées et expriment une palette de sentiments divers, avec toujours la présence d'une mélancolie dont le musicien s'est fait porte-parole. Les thèmes abordés sur cet album, quant à eux, tissent un portrait de notre époque : solitude et rapport à la technologie ("Pariah"), immigration ("Refuge"), terrorisme ("People Who Eat Darkness", "Detonation") et autres, de façon plus ou moins subtile (certains passages de "Detonation" sont parfaitement glaçants, à contrario d'un "Pariah" qui reste beau mais dont les paroles, clichées à souhait, peuvent faire grimacer).
Musicalement parlant, on s'éloigne du rock progressif si typique aux précédents albums de Steven Wilson. En effet, les tracks de To The Bone embrassent des influences plus diverses, s'autorisant à plonger dans une pop qui rappelle Peter Gabriel ("To the Bone") ou même ABBA (le flamboyant "Permanating"). Steven ne renie pas totalement pour autant ses origines progressives : "Detonation" n'aurait pas fait tache sur Hand.Cannot.Erase, "Song of Unborn" rappelle d'autres ballades typiquement wilsoniennes, tandis que "The Same Asylum as Before" aurait pu être une chanson de Porcupine Tree. Aussi, la qualité de la production et des instrumentations est tout à fait remarquable : même les tracks les plus simples de l'album sonnent bien.
Parlons-en, d'ailleurs, de la simplicité : en musique, est-elle forcément une mauvaise chose ? La réponse n'est pas évidente et To The Bone le confirme : le fait que les compositions qui le parsèment fassent - ou non - mouche, ne dépend pas forcément de leur complexité : "Blank Tapes" est une track courte et simple et pourtant pleine de mélancolie, alors que "Detonation" tire un peu en longueur. Il faut dire que souvent, dans cet album, ce qui sauve les compositions est l'enthousiasme qui s'en dégage : là où un morceau éponyme, un "Refuge" plein d'émotion ou un "Song of I" malsain et magnifique, marquent, un "Nowhere Now" un peu trop mou loupe le coche (c'est également le cas de "Pariah" qui est néanmoins sauvé par la performance de Ninet Tayeb).
To The Bone n'est pas un mauvais album. C'est même un opus tout à fait décent et pavé de très bons moments. S'il n'avait pas été précédé de The Raven et Hand.Cannot.Erase, nul doute que pas mal de fans l'auraient accueilli d'une façon différente. Mais voilà, Steven Wilson, après nous avoir habitué à un progressif technique et très maîtrisé, a décidé de modifier son propos. Grand bien lui fasse, cette bouffée d'air frais n'étant clairement pas la chose la plus désagréable que j'aie entendue. Malgré ses inégalités, To The Bone reste un bon album, qui respire l'enthousiasme et une forme d'énergie qu'il est rare de trouver chez monsieur Wilson. Peut-être même... « The start of something beautiful » ? Seul l'avenir nous le dira.