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CHRONIQUE PAR ...

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Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17/20

LINE UP

-Graf Von Baphomet
(chant black)

-Drifter
(chant death+guitare)

-S.D. Ramirez
(chant clair+narration+guitare)

-André
(basse)

-Nepho
(batterie)

TRACKLIST

1) Intro
2) Beware The Silence
3) Personal Forest
4) Don't Leave The Room
5) Pain Dealer
6) Alcoholism
7) Suicide Is Legal
8) We Will Never Find The Cure
9) How Much For The Hope?
10) Moldy
11) Eyes Of A Homeless Dog

DISCOGRAPHIE


Psychonaut 4 - Dipsomania
(2015) - black metal ultra dépressif - Label : Talheim Records



Dipsomanie : « également appelée méthilepsie ou méthomanie, la dipsomanie est un impulsion morbide se traduisant par une tendance irrésistible à boire de grandes quantités d’un liquide toxique, en général alcoolisé, et survenant par crises périodiques souvent précédées d’une phase de tristesse. » Voilà voilà, le décor est posé.

Trois ans après un Have A Nice Trip d’une très bonne facture, les Géorgiens sont discrètement de retour sur le devant de la scène. Presque mille jours donc, ce qui est assez conséquent, surtout dans le milieu du black dépressif où il n’est pas rare de voir un artiste enchaîner sortie sur sortie, pouvant aller jusqu’à plusieurs par an, l’exemple le plus notable étant celui de Vardan et ses neufs albums en 2015. Ici non, on a préféré prendre son temps pour bien faire les choses, et trois ans c’est un minimum pour pouvoir sortir quelque chose d’une qualité supérieure au précédent opus. Entre temps, Psychonaut 4 s’est permis de présenter tout de même trois splits dont le dernier en date s’intitule joliment Urban Negativism, avec ses confrères dépressifs de Vanhelga, Ofdrykkja et In Luna, et dans lequel ils ont contribué à hauteur de trois titres. Mais tout cela n’était destiné qu’à s’échauffer avant l’objectif final qu’est ce Dipsomania. Avant même de découvrir ce qu’il nous réserve, vous pouvez vous en faire une petite idée avec la pochette aussi sobre que glauque, dessinée par le français Maxime Taccardi, ce dernier se définissant lui-même dans une interview comme « nihiliste, tragique et éphémère ». Ça vous place le contexte.
Que trouve-t-on au menu cette fois-ci ? Oh, une intro, la troisième en deux albums donc. Passons sur cet axiome indéboulonnable du style et de Psychonaut 4, qui n’a d’autre but que d’ouvrir l’œuvre de manière douce avec les arpèges et les samples venteux qu’on leur connait. La vraie dépression va donc attendre deux minutes avant de se lancer véritablement et intensément. Et c’est la basse qui va vous prendre directement à la gorge, avant que les arpèges ne se fassent entendre. Une voix féminine parlant la langue de Molière, avec un fort accent étranger, fait son apparition, avant que les cris de Graf Von Baphomet ne commencent à agir sur votre cerveau. Courage, encore une heure à tenir, avant la fin de cette lente agonie. "Beware The Silence" fait partie des bijoux de ce Dipsomania. Mais elle ne représente presque rien à côté des trois autres que je vais vous révéler à présent. La première de ceux-ci "Don’t Leave The Room" comporte un premier tiers littéralement magnifique de douleur, tandis que la deuxième "Alcoholism" inclut une grande complainte, que l’on peut considérer comme le pendant de "Drop By Drop" du précédent opus, avec sa mélodie lente et entraînante. La troisième perle se situe en queue de peloton. Très douce, mélancolique et bouleversante, on peut y admirer un splendide clavier accompagnant les cinq minutes de complaintes et chuchotements agonisants d’un Graf toujours aussi inspiré.
Si l’on met de côté leur immense faculté à créer des passages qui touchent, bouleversent, fendent le cœur et percutent le cerveau aussi facilement, certains reprocheront sûrement aux musiciens de Psychonaut 4 de produire un black dépressif « mainstream », c’est-à-dire accessible à plus de monde que les premiers groupes – ou projet solo – du genre. Ceux-ci possédaient un son immonde, à la limite de l’audible mais qui donnaient une ambiance particulièrement authentique. Alors certes, la qualité est devenu encore meilleure depuis Have A Nice Trip, et elle est ici plus qu’acceptable, peut-être même trop pour du black, mais elle forge au groupe une identité propre qui lui sied plutôt bien. Si l’on comprenait plus aisément le russe et le géorgien, on pourrait presque interpréter toutes les paroles du disque, tant la réverbération rend le chant cristallin et n’est accompagnée d’aucune saturation. Celles-ci sont d’ailleurs partagées également entre la langue de Shakespeare et la langue de Tolstoï. Au passage, on pourra apprécier la qualité de l’anglais du guitariste Ramirez dans son intervention narrative à la fin de "Alcoholism" dans laquelle il donne une définition médicale de l’alcoolisme, thème logiquement repris, et décortiqué sous toutes les coutures durant l’album.
L'arrivée de S.D Ramirez constitue d’ailleurs une nouveauté dans le paysage des Géorgiens. Aussi bien par sa présence que par son apport en termes de voix claire. Malheureusement, celle-ci n’est pas toujours utilisée à bon escient, comme dans son immonde immixtion à la fin de "We Will Never Find The Cure", titre faisant d’ailleurs référence à "Lethargic Dialogue" du précédent opus. On l’entend également dans les refrains de "Personnel Forest" et de "How Much For The Hope ?" où il utilise un ton volontairement monotone à la limite du sinistre. Hormis le côté dépressif omniprésent, tirant même vers un côté « urbain » à la Ofdrykkja dans "Moldy", Psychonaut 4 sait également placer des riffs dans la lignée black metal authentique, comme l’agressive "Pain Dealer", composée de blasts et de tremoli ou les quelques riffs étiquetés Satyricon dans "How Much For The Hope?". Alors certes, ce ne sont pas ces parties qui font la renommée et la force de cette formation, mais elles constituent tout de même un rouage important dans la mise en place d’une atmosphère si envoûtante qu’elle satisfera et pénètrera même les moins dépressifs d’entre vous.


Si Have A Nice Trip comportait des chansons avec une structure volontairement plus libre, permettant de coller parfaitement au titre, Psychonaut 4 a préféré se baser ici sur des agencements plus convenus, mais qui n’en restent pas moins diablement efficaces. Dipsomania fait désormais partie de ces albums qui ont le pouvoir de vous matraquer le moral. Quoi que vous fassiez, vous ressortirez de cet album perturbé, lessivé, à la limite de l’anéantissement. Et c’est bien là ce qu’on demande.



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