CHRONIQUE PAR ...
Sven
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Jukka Pelkonen
(chant)
-Markus Vanhala
(guitare)
-Joonas Koto
(guitare)
-Aapo Koivisto
(claviers)
-Erkki Silvennoinen
(basse)
-Jarmo Pikka
(batterie)
TRACKLIST
1) The Pit
2) Skyline
3) Frontiers
4) Majesty and Silence
5) Rejuvenate !
6) Foundation
7) The Great Liberation
8) Ophidian Sunrise
9) These Grey Heavens
10) Storm Front
DISCOGRAPHIE
Les Finlandais d’Omnium Gatherum avaient quitté en 2011 le relatif anonymat dans lequel ils exerçaient depuis bien longtemps grâce au fantastique New World Shadows, et avaient transformé l’essai en 2013 avec Beyond qui continuait à allier death mélodique et ambiances aériennes de grande classe. Leur septième album Grey Heavens sorti cette année peut-il leur permettre de se hisser dans le haut du panier du genre ? Réponse à venir…
Sa réussite récente tenait essentiellement à la capacité du groupe de produire des titres très accrocheurs, mais également dotés de ce petit quelque chose de plus, celui qui fait la différence. De ces parties gorgées de lumière, qui venaient trancher avec une musique par ailleurs assez classique. Dès "The Pit", qui ouvre les hostilités de bien belle manière, on se dit que les hommes venus du nord et du froid n’ont rien perdu de leur talent ! Début sur les chapeaux de roues, riffs incisifs et growl caverneux, on est en terrain connu. Et l’on retrouve à nouveau, comme sur "New World Shadows" ou "New Dynamic", une partie plus lumineuse, limite atmosphérique, avec ce chant clair, qui tranche avec le reste et fait tout pour rester en tête un bon moment. Pour un début, c’est vraiment réussi. Fort heureusement, la recette ci-dessus ne sera pas appliquée à tous les morceaux, l’ensemble eût été indigeste.
Les guitares, elles, occupent le premier plan. Elles savent se faire rapides et incisives ("Frontiers", "Rejuvenate !") ou plus lourdes (comme sur "Majesty and Silence"), tout en laissant une place de choix à des mélodies riches et entêtantes. Elles sont ici le principal motif de satisfaction, dans la continuité des précédents. Markus Vanhala, membre fondateur du groupe nous gratifie de plusieurs soli qui viennent encore aérer le propos. Les claviers semblent occuper une place plus discrète qu’à l’accoutumée. S’ils jouent les premiers rôles sur certaines introductions ("Foundation", "Ophidian Sunrise") ou sur la plupart des refrains, ils semblent plus discrets, le plus souvent sous forme de nappes éthérées auxquelles l’auditeur est habitué désormais. Le growl de Jukka Pelkonen est toujours aussi profond mais un peu plus varié que par le passé, et son chant clair sait se faire suffisamment rare pour être apprécié à sa juste valeur. La section rythmique vient de son côté enfoncer le clou, et la batterie sait se rappeler à notre souvenir sur les parties les plus agressives. Le maître Dan Swanö est une nouvelle fois aux manettes du mixage, et la fluidité de la musique n’en est que renforcée.
Le sentiment d’avoir un bon album est désormais bien présent, mais l’auditeur n’est pour autant pas totalement satisfait. Mais pourquoi ça ? Le cahier des charges est pourtant rempli. Les dix morceaux contiennent leur lot de mélodies aériennes ("These Grey Heavens") venant alterner avec des riffs dont la puissance en matière de brisage de nuque est indéniable. On a des tubes en puissance ("The Pit", "Rejuvenate !", "The Great Liberation"), bon nombre de passages qui restent en tête et qu’on prend plaisir à réécouter, il est bien exécuté, bien produit, que faut-il de plus ? Difficile à dire, en vérité. Car Grey Heavens laisse d’abord une impression d’insatisfaction au fan transi, qui a l’impression d’entendre « seulement » un nouveau disque de death mélodique finlandais. On notera que cette sensation s’appliquait aussi aux dernières offrandes des cousins Insomnium (dont Vanhala est également le guitariste soliste, tiens donc) et feu Ghost Brigade. Au fil des écoutes, cependant, les qualités intrinsèque de la musique proposée prennent le pas sur cette légère déception, lui accordant une très bonne durée de vie.
Grey Heavens est malgré tout une réussite, même s’il utilise les mêmes ficelles que ses prédécesseurs. Grâce à un sens bien développé de l’écriture, de la mélodie et du riff, il évite l’écueil de la redite. Passée une phase initiale de doute quant à la capacité du groupe à se renouveler, le plaisir prend le dessus et les écoutes se succèdent, et c’est quand même ça le plus important !