CHRONIQUE PAR ...
Dommedag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Jeff Walkers
(chant+basse)
-Bill Steer
(guitare)
-Dan Wilding
(batterie)
TRACKLIST
1) 1985
2) Thrasher's Abattoir
3) Cadaver Pouch Conveyor System
4) A Congealed Clot Of Blood
5) The Master Butcher's Apron
6) Noncompliance To ASTM F899-12 Standard
7) The Granulating Dark Satanic Mills
8) Unfit For Human Consumption
9) 316L Grade Surgical Steel
10) Captive Bolt Pistol
11) Mount Of Execution
DISCOGRAPHIE
Voir Carcass revenir après un Swansong au titre évocateur, et surtout en demi-teinte en comparaison du monumental Heartwork qui l’avait précédé, pouvait amener à la perplexité. Pour qui avait vu les Anglais évoluer pendant quelques années pour arriver finalement à une sorte de perfection, équilibre entre brutalité, rythmes entraînants et mélodie, et vouloir accentuer le second point ensuite pour une « fin de carrière » qui n’aura duré que quinze ans, Surgical Steel et ne serait-ce que la possibilité de sortir un nouvel album pouvait sembler un projet douteux, surtout en cette période de retours intensifs pour tous les groupes.
Surgical Steel se veut le prolongement logique de Heartwork, comme si Swansong n’avait pas existé. Gommé donc l’excédent de death’n’roll. Surgical Steel met deux fois l’auditeur en bouche : la première fois avec un "1985" pour le côté melodeath, la seconde avec un "Thrasher’s Abattoir" dévoilant un groupe qui n’a pas renié son passé deathgrind. Puis les choses sérieuses commencent réellement, et les belles poutres commencent à s’enfiler. L’occasion de souhaiter de nouveau la bienvenue aux mélodies typiques de Carcass, froides et inquiétantes, à l’exemple de celles qui débutent "A Congealed Clot Of Blood" et "Intensive Battery Brooding", mais également aux riffs si spécifiques, ayant encore un pied bien enfoncé dans le thrash, et jouant savamment de concert avec la batterie pour offrir un groove auquel il est assez difficile de résister. Et chaque morceau de Surgical Steel offre ses moments de bravoure, entre autre par le biais de solos, toujours aussi mélodiques. C’est bien simple, les Anglais n’avaient plus été aussi inspirés depuis Heartwork, même si l’intervalle entre les deux n’a pas été synonyme d’une intense production.
Cependant, avec ce nouveau disque, il est également possible d’assister à une poussée dans la démarche de la formation, avec deux titres particulièrement développés : "Noncompliance… " et "Mount Of Execution" que l’on pourrait qualifier « d’à tiroir ». Le premier oscille entre les habituels motifs du groupe et des choses déjà plus étonnantes : l’enchaînement du riff thrash soutenu à grands coups de skank beats laissant sa place à un trémolo mélodique à consonances asiatiques et un riff à deux guitares légèrement texturé agrémenté d’un solo très esthétique est particulièrement intéressant. Quant au second, il surprend principalement par sa longueur extrême au regard du reste de l’œuvre de Carcass, et le fait que le groupe ait sorti les guitares acoustiques le temps d’une intro, chose plus que rare. En dehors de ça, le titre se démarque par sa progression, où les riffs sont peu répétés, et s’enchaînent sans temps mort pour donner une des meilleures pièces tout album confondu. Si ces deux morceaux ressortent particulièrement, le reste est cependant loin d’être en reste, ayant toujours à proposer des éléments qui ressortent et restent particulièrement en mémoire, notamment ces riffs absolument mortels sur le titre éponyme.
Le retour du patriarche britannique aux affaires est plus que fructueux, puisqu’il est difficile au final de dire lequel de Surgical Steel ou de Heartwork est le meilleur. Les deux ont bénéficié de l’effet de surprise, les deux raflent les éloges en proposant de grands moments de melodeathgrind, les deux resteront dans les annales. Au vu des déclarations du groupe sur la difficulté de sortir du nouveau matériel, en dehors de chutes de studios, il se pourrait même que Surgical Steel soit une belle façon de tirer la révérence pour ces vétérans.