CHRONIQUE PAR ...
Lord Henry
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
7/20
LINE UP
-Andreas Babuschkin
(chant)
-Martin Christian
(guitare)
-Günny "Gunman" Kruse
(guitare)
-Jan Bünning
(basse)
-Markus Corby
(batterie)
TRACKLIST
1)Hammer Of The Gods
2)Arise
3)Face Of Death
4)Halls Of Doom
5)Revelations
6)Forgotten Prophecies
7)Agony
8)Souleaters
9)Gangland
10)Wargods
11)Deny The Cross
DISCOGRAPHIE
Les guerriers de Paragon, tenaces, poursuivent inlassablement leur ascension depuis dix-sept ans. Ils doivent cette impressionnante longévité à la place de choix que leur ont réservée les aficionados du metal qui tâche dans leur pays d'origine, outre-Rhin. Le style, d’année en année, n’évolue pas d’un pet de fourmi, et ce à juste titre : le groupe ne peut se permettre de frustrer sa fan-base allemande, sans laquelle il ne tarderait pas à dépérir.
Alors vous qui conspuez Manowar, vous qui grincez des dents à l’entente d’un riff de Judas Priest, vous qui ne supportez que les kits de batterie garnis d’une simple grosse caisse, courez vite vous cacher. Refrains guerriers, rythmiques « tagada » tout du long, guitares crasseuses, rien ici ne vous sera épargné. La production n’est plus assurée par Piet Sielck : on échappe au son redondant et lourdingue des grattes d’Iron Savior, mais ce serait s’avancer bien loin que d’affirmer qu’on y gagne au change. Les riffs de ce Forgotten Prophecies, acérés et mécaniques, sont toujours aussi convenus et conformistes. On retrouve la fougue des premiers Helloween, mais sans contraste, sans réelle recherche musicale, sans efforts : bête et discipliné, Paragon recrache onze titres durant la leçon de headbanging.
Sur scène, cela peut avoir son petit effet ; mais sur disque, quel ennui mes aïeux... De "Hammer Of The Gods" à "Deny The Cross" (reprise d’Overkill), on stagne dans le même registre, la même formule, la même médiocrité. Si le chanteur Andreas Babuschkin essaie par moments de varier – avec ou sans réussite - ses intonations, passant de ci de là du refrain scandé manowarien au gargouillis dirkschneiderien, on ne peut en dire autant de ses collègues, bloqués sur un schéma guitare – batterie terriblement ennuyeux. Seule "Agony" permet de respirer un peu, avec son introduction à base d’arpèges cons comme la lune où le vocaliste, guère à l’aise quand l’ampli ne crache pas sa haine, tombe complètement à côté de la plaque. Le solo, quant à lui, est à peu près aussi expressif que le regard d’un poisson rouge dans une passoire ; mais ce répit rythmique est toujours bon à prendre. D’autant qu’à 3:30 redéboule Markus Corby et ses gros double-sabots sur sa double-pédale.
La niche commerciale dans laquelle évolue Paragon contraindra les musiciens à respecter un certain nombre de ces « canons » aussi longtemps que durera leur carrière ; mais nul n’est tenu pour autant d’accepter, sous prétexte de respect des fans, une telle absence de personnalité. Forgotten Prophecies est probablement un cran au-dessus du Revenge de 2005, mais Paragon reste totalement inintéressant en studio. Au cas où la question se pose : vous pouvez vous abstenir.