Depuis la sortie en début d’année de son album The Satanist, la démarche de Behemoth est claire : convertir les masses au côté obscur de la force. Date après date, les prêcheurs de l’apocalypse au prosélytisme inversé rependent leur parole démoniaque tout autour du globe avec une réussite insolente. Il n’y a qu’à observer les positions dans les charts et les nombres de ventes qu’a affiché cet album jusqu’alors pour se convaincre que oui il est possible de faire du metal extrême de très bonne facture sans se renier et connaître un immense succès commercial.
Lors de leur dernier passage en février à Paris, on avait pu voir l’ampleur de la machine de guerre qu’est Behemoth et surtout le spectacle de l’Enfer que les Polonais arrivent à créer. Forcément, cette prestation du Hellfest sera nuancé par ce souvenir en salle incroyable. Les conditions de ciel ouvert et de luminosité encore grande en début de soirée font que la magie noire m'opérera pas autant. Pourtant la setlist est exactement la même, setlist qui désespérera ceux qui aimerait un peu de variations car comme beaucoup d’autres groupes, Behemoth ne prendra aucune prise de risque en jouant tous ses anciens et nouveaux classiques. Mais encore une fois, comment pourrait-on cracher sur cette setlist qui objectivement pourrait très difficilement être meilleure ?
The Satanist est un album qui se prête parfaitement au live, axant les compositions sur des mid-tempos classieux et sombres. La doublette introductive "Blow Your Trumpets Gabriel" / "Ora Pro Nobis Lucifer" en est le meilleure exemple et insuffle d’entrée une ambiance vraiment particulière ajoutée à l’imagerie toujours aussi travaillée des Polonais. Sur scène, le charisme de Nergal et Orion est dévastateur et Inferno martèle les fûts avec la précision chirurgicale qu’on lui connaît. Pour ceux qui se poseraient la question, on a encore droit au sempiternel «
It’s so fucking good to be alive ! » qui annonce "Conquer All". Mais s’il ne faudrait retenir qu’un unique titre, c’est évidemment "O Father O Satan O Sun!" qui remplace désormais et sans discussion possible "Lucifer" en closer de setlist. Titre au mysticisme des plus saisissants, le déluge de confettis et le rappel avec les masques fait, il faut l’avouer, son petit effet à chaque fois. Et on en vient à se demander si les Polonais ne devraient pas davantage piocher dans les autres titres du nouvel album tellement cette facette leur réussit à merveille.
Après leur venue il y a 2 ans sous un Temple qui n’aura jamais été autant blindée, le groupe a profité cette fois-ci d’une mainstage permettant d’accueuillir en masse tous leurs disciples. Définitivement plus vivant que jamais, Nergal, apôtre de Satan des temps modernes, livrera une performances ahurissante. Alors oui, l’attitude autosuffisante de messie des Enfers résuscité peut agacer, mais il faut vraiment être de mauvaise fois pour ne pas ressentir une pointe de transcendance face à un tel show. Les pyrotechnies seront moins impressionnantes, la messe noire un peu plus ensoleillées qu’on ne l'aurait souhaité, mais diable que Behemoth est grand !
Galerie photo: Das Silverfofo (https://www.flickr.com/photos/120935864@N07/sets/)