Le Djent, genre à part ou simple onomatopée ?



 


III. Le djent : réelle innovation musicale ou simple genre à la mode ?



Le djent subit de plein fouet les critiques des anciens du milieu à cause de sa trop grande visibilité due à son expansion soudaine, sa commercialisation trop rapide et sa banalisation trop évidente. C’est vrai qu’aujourd’hui, il peut paraître assez enfantin de se munir d’une guitare sept cordes, de balancer des riffs en drop C qui partent un peu dans tous les sens et d’accoler une étiquette djent à tout ça (encore faut-il avoir un minimum de compétences au niveau rythmique). La meilleure preuve de tout cela est celle d’un jeune amateur, répondant au nom de Miguel Yépez, qui s’est amusé à parodier le djent dans son plus simple revêtement. Il a tout simplement pris un vulgaire bout de bois sur lequel il a posé une seule et unique corde, ainsi qu’un micro qu’il a relié à un ampli, et s’est mis à jouer une reprise de "A Wolf Amongst Ravens" d’After The Burial. Minimaliste certes, c’était le but recherché, mais effet garanti, je vous l’assure. Il a trouvé à cet instrument le joli sobriquet de « djentstick ». Ou le meilleur ennemi du djent, à vous de voir. Alors oui, avant de vous précipiter sur n’importe quel groupe estampillé label « djent », il vaut mieux parfois tourner sept fois ses tympans dans ses oreilles car, comme dans tous styles, il y a de bons groupes et d’autres moins bons... voir très mauvais. De nos jours, notoriété ne rime pas forcément avec qualité, mais plutôt avec quantité.


https://www.youtube.com/watch?v=LhOYflyfOPM


Comme d’autres styles avant lui, le djent bénéficie d’une aura largement relayée par les médias. Enfin, surtout internet - il faut être réaliste - car il n’est pas envisageable qu’un jour on entendra parler de djent dans le 20 heures de Claire Chazal ou de Jean-Pierre Pernault, et c’est peut-être mieux ainsi. Le metalcore avant lui, le deathcore dans une moindre mesure, ont tous surfé sur la vague à tendance commerciale, contre leur gré parfois. Grâce aux technologies récentes, de nombreux moyens existent pour se faire connaître de nos jours. Youtube en est bien sur le premier vecteur, et c’est là-dessus que Misha Mansoor s’est révélé, en postant des vidéos de ses performances avant ses débuts avec Periphery. D’autres sites, tels que Soundcloud ou Bandcamp ont été des moteurs de leur réussite et de leur expansion, grâce à la possibilité de payer un CD, EP ou même single virtuel, en participant à un don équivalent au montant que l’on souhaite – même si certains fixent un prix minimum, parfois un peu excessif.

Il serait complètement incongru de ne pas évoquer Got-djent, le site djent par excellence comme son nom l’indique assez clairement, créé par un étudiant belge : Sander Dieleman. C’est un excellent site au demeurant, qui regroupe toute l’actualité des groupes ou festivals, par le biais de vidéos, d’extraits musicaux, les dates de sorties d’albums, etc. Attention pour les anglophobes, ce site est écrit dans la langue de Shakespeare. C’est aussi grâce à des sites comme got-djent.com que l’on voit l’apparition de vidéos playthrough (littéralement « jeu à travers »), dans lesquelles les musiciens mettent en scène les chansons qu’ils jouent. Les plus courantes sont des vidéos de guitaristes (exemples avec un "Shades of Black", un "Monsters in Every Man", ou encore ce "Candle"), mais on retrouve aussi des playthrough de basse ou de batterie. Cela permet de mieux s’imprégner du jeu des musiciens et de parfois comprendre comment certaines chansons sont interprétées.

Alors oui, le djent est un style « online » qui dépend énormément d’internet - sans lequel il ne serait peut-être mort-né - mais c’est aujourd’hui un moyen incontournable auquel n’importe quelle musique aurait tort de se soustraire. Cela a permis l’émergence de projets solo, dont les plus notables sont Sean Hall, Shades Of Black, Mysarium, ForTiori, Encircle ou encore Michael Shea, Keith Merrow et Danny Dodge, dans lesquels les musiciens sont multi-instrumentalistes. Ils peuvent alors se permettre de faire paraître plusieurs albums par le billet de leur Bandcamp, sans passer par un support physique. Par exemple, Nick Roberts de Mysarium, peut se targuer de posséder la bagatelle de plus de vingt albums, tous produits entre juin 2012 et avril 2015. Ah, la magie d’internet...

En dehors d’internet, l’apparition d’évènements dédiés entièrement au djent n’est pas étrangère à sa propagation et son succès grandissant. On peut notamment penser au Tech-Fest en Angleterre, ou à l’Euroblast Festival, qui se déroule tous les ans à Cologne, chez nos chers voisins teutons. Créé en 2008, il a progressivement pris de l’importance avec la venue en 2009 de Textures et TesseracT. Par la suite, tous les gros y sont plus ou moins passés et c’est maintenant la référence en termes de festival tech-death/prog/djent. Pour exemple, en 2014, se côtoyaient des groupes tels que Monuments, Animals As Leders, Vildhjarta, TesseracT, SikTh, Uneven Structure, The Safety Fire ou encore Heart Of Coward et Modern Day Babylon.

Évidemment, les intermédiaires les plus efficaces à dessein de faire connaître le djent restent les labels.^Deux d’entre eux dominent :

  • le label américain Sumerian Records qui a réussi à attirer dans ses filets les papis du djent que sont Animals As Leaders, Periphery, Structures ainsi que trois des quatre plus gros groupes de deathcore progressif : After The Burial, Born Of Osiris et Veil Of Maya.

  • et le label anglais, Basick Records qui compte dans ses rangs Chimp Spanner, Circles, Damned Spring Fragrantia, Glass Cloud, Intervals, No Consequence, SiKth, Skyharbor, The Algorithm et Uneven Structure, rien que ça.

En outre, on retrouve également les américains de Mediaskare Records qui détiennent Volumes, Reformers, Polarization, Mureau ou encore Bermuda. Famined Records détient quant à lui Centuries Apart, Arbiter, Neberu, Sentinels, et Prime Meridian. Quant aux Teutons de Century Media, ils possèdent Cloudkicker, HeartOf A Coward, Monuments, TesseracT ou encore Vildhjarta. Voilà à peu près les gros labels qui dominent la planète djent, sachant qu’une bonne partie des groupes commencent par s’auto-produire, au début de leur carrière.

Alors certes, certains fans de metal puristes vont crier au scandale si l’on essaie de catégoriser le djent comme un style à part et de le ranger dans une nouvelle case. Il est vrai qu’aujourd’hui, quelques groupes ont tendance à se définir comme les précurseurs de tel ou tel style, mais cette auto-proclamation ne peut être effective qu’après avoir eu l’aval du milieu (public compris). Je pense notamment à un Machinae Supremacy pour le SID metal, un Megalodon pour le Horrormetal, ou encore Vildhjarta pour le Thall, malheureusement controversé. Ici, le djent ne s’est pas vu employé par un groupe afin de s’auto-qualifier. Il a plutôt été créé à posteriori, notamment par Misha Mansoor, qui voulait mettre un nom sur un type de son particulier dans la musique qu’il pratiquait, en l’occurrence avec son one-man band Bulb, ou encore par les amateurs du genre afin de trouver un précurseur qu’ils ont trouvé en la personne des suédois de Meshuggah.

Il est sûrement trop tôt pour savoir si le djent peut être considéré comme un style à part entière ou un dérivé pur et simple du metal progressif, car il ne jouit pas d’une assez grande et forte expérience, ni d’une ancienneté comparable aux autres styles, notamment le metal extrême (death, black, thrash) datant des années 80. En comparaison, le néo-métal (qu’il faudrait penser à rebaptiser au bout d’un moment, car il n’a plus grand-chose de néo) date déjà du début des années 90. Le djent ne peut donc pas encore être analysé avec suffisamment de recul en 2015, car n’existe réellement et concrètement que depuis une dizaine d’années.

Il est intéressant de comparer ici ce phénomène avec celui du death metal de Gothenbourg - ou Göteborg en suédois - (à ne pas confondre avec le death mélodique suédois), en rapport avec le lieu du studio dans lequel enregistraient les groupes. Certains auront peut-être fait le rapprochement par eux-mêmes. Et ils ont bien eu raison, car les deux styles sont comparables, en cela qu’ils désignent autant un style qu’un son particulier. Et j’irai même plus loin en disant que c’est le son particulier du death suédois qui est l’élément ingrédient de la création et de l’acceptation de ce style par toute la communauté metal.

Quand on y réfléchit bien, cela n’est pas forcément saugrenu, car comme dans tous les arts, la particularité d’un artiste fait sa réputation et peut participer à la création de quelque chose de nouveau s’il est repris, par la suite, par d’autres de ses comparses. Quand l’œuvre se démarque vraiment un tantinet trop, il peut tout simplement être considéré comme un « OVNI » et ne rien apporter de nouveau dans l’évolution du genre, mais juste sortir des sentiers battus, tout comme l’unique membre et multi-instrumentaliste de The Algorithm, Rémi Gallego, pourrait être perçu par ses pairs.







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