CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
17/20
LINE UP
-R. Nattefrost
(guitare+chant+basse)
-J. Nordavind
(guitare)
-Lazare
(batterie)
TRACKLIST
1)Black Shining Leather
2)The Swordsmen
3)Death Triumphant
4)Sadomasochistic
5)Lupus
6)Pierced Genitalia
7)In Silence I Observe
8)Lunar Nights
9)Third Attempt
10)The Northern Hemisphere
11)A Forest
DISCOGRAPHIE
Premier véritable album pour ce groupe venu encore une fois du froid norvégien. Pourquoi encore une fois? En premier lieu, la Norvège est un pourvoyeur exceptionnel de groupes de black metal. Et deuxièmement surtout, une fois de plus nous avons affaire à un grand groupe. Car Carpathian Forest si peu connu fut-il jusqu’au doublé Strange Old Brew/Morbid Fascination Of Death a quand même eu un bout de carrière avant sa reconnaissance et ce petit chemin fait est tout sauf anodin. Car quand on présente un Black Shining Leather dans sa besace en guise d’album, on a toute la légitimité de s’imposer comme une figure de proue du black.
Arrivé en 1998 cet album composé entre 92 et 96 comme nous l’indique gentiment le groupe est un premier essai donc. A ce titre il bénéficie d’une production itou, à savoir qu’elle est moins travaillée que celle, géniale, des albums suivants. Elle n’en est pas pour autant moins bonne puisque sa relative médiocrité lui garantit un son de guitare très froid et sec tandis que la batterie de son côté accueille avec joie des sonorités casserolesques. Du tout bon en gros d’autant plus que le fameux son de basse marteau-pilon est déjà présent! Miam, c’est vraiment une des caractéristiques essentielles de la troupe, cette basse omniprésente comparée aux autres groupes de black metal. Un son dément. Surprise surprise, malgré cet aspect tout à fait roots et true, les claviers sont fortement présents. Mais attention, pas n’importe quels claviers. Point de nappe ici, vous trouverez plus des ambiances lugubres à retrousser le courage à n’importe lequel d’entre vous. Carpathian Forest étale ici son génie noir en démontrant qu’il est concevable dans un groupe de black pur et dur de disposer de claviers en grande dose (tiens, un peu comme Burzum en fait).
Mais là où le duo Nordavind/Nattefrost se montre le plus doué, c’est dans la trouvaille de riffs phénoménaux. C’est bien simple, pas un ne vous plombera de malheur (enfin si, mais pas parce qu’il est nul, vous voyez?). Les riffs insidieux, froids et thrashy font leur petit bonhomme de chemin dans vos tympans jusqu’à les faire résonner agréablement. En plus ils sont recherchés. Pas de phénomène Dark Throne ici, il y a plus d’un accord par riff et ils sont assez nombreux. Que de quoi abhorrer une mine réjouie lorsque vous écoutez l’album. Les riffs restent les piliers de l’ambiance malsaine de la musique de Carpathian Forest même si les claviers sont là en force pour apporter leur pierre à l’édifice. Honnêtement les compositions du groupe n’ont d’ailleurs pas vraiment d’équivalent dans le monde du black. Car il marie dans une fusion parfaite thrash et black en tirant les meilleurs côtés de chacun pour vomir une musique résolument black metal. Du thrash, il pique ces riffs tranchants, du black, il vole les ambiances lugubres et glaciales. Le tout sonne comme du black de premier ordre. Il n’oublie bien évidemment pas de varier les rythmes à loisir pour ne pas sombrer dans l’ultra rapide rapidement dépossédé de toute présence maléfique.
Pour ne pas gâcher le tout, le chant est reconnaissable et dissociable de la masse. Nattefrost chante comme le possédé par le démon qu’il est. Les paroles qui surgissent de son gosier sont subitement transformées en éructations incantatoires terriblement dérangeantes. Un des chants black les plus représentatifs du genre sans aucun doute possible. Il rajoute une couche supplémentaire à la musique, une couche de sombre malaise dans une improbable synthèse tellement naturelle qu’on aimerait qu’elle soit la règle. Un formidable album donc qui ne saurait pêcher par aucun des maux dont on affuble le black metal habituellement. Il est bien composé, il est bien interprété (c’est le batteur de Solefald derrière les fûts) et il est capable d’embaumer n’importe quel être vivant dans un voile de terreur. Ecoutez donc un peu "Lunar Nights" et vous m’en direz des nouvelles. Ou encore la terriblement lente et mélancolique "The Northern Hemisphere" avec sa guitare sèche égrenant douloureusement ses accords et ces claviers lointains si oppressants pourtant.
Black Shining Leather est un album majeur du black metal qui mérite amplement sa place dans toute cédéthèque blackisante. Le meilleur album de Carpathian Forest sans doute.
P.S: à noter la curiosité "A Forest", reprise de The Cure qui montre toute l’origine inspiratoire de Carpathian Forest tant elle se fond admirablement dans le disque.