CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Michael Eriksen
(chant)
-Mats Haugen
(guitare)
-Lasse Finbraten
(claviers)
-Glen Cato Mollen
(basse)
-Truls Haugen
(batterie)
TRACKLIST
1)A Darkened Mind
2)Abyss
3)Wither
4)Sane No More
5)Arrival Of Love
6)Zero
7)Mouth Of Madness
8)From Childhood's Hour
9)Ultimate Sacrifice
DISCOGRAPHIE
On peut déjà lire à droite à gauche que Circus Maximus est en train de tuer la scène actuelle du metal progressif de par leur immense talent, réduisant des formations comme Dream Theater ou Symphony X au rang de vieilleries poussiéreuses ayant perdu tout leur intérêt avec le temps. Soyons francs : faut pas exagérer. Ceux qui l’ont connu s’en rappelle, le premier album du groupe s’appelait The 1st Chapter et avait créé un genre de buzz (mérité ou pas, les avis sont encore tranchés) à sa sortie en 2005. C’est donc avec une certaine fébrilité que les fans ont attendu ce Isolate qu’ils voulaient comme un essai transformé, voire une nouvelle révélation dans le petit monde grouillant du métal progressif.
Alors qu’en est-il ? Et bien force est de constater que ces petits Norvégiens maîtrisent leur sujet. Aucun doute, ils ont révisé leurs classiques, ceux-là même qui sont sensés être morts et enterrés sous leurs impitoyables coups de boutoirs. Et c’est un peu là que, dès les premières écoutes, le bât blesse. Il ne faut pas non plus être extrêmement subtil pour se rendre compte que du talent, il y en a à revendre sur ce Isolate, mais il y a aussi cette impression fugace qui revient parfois de n’être en présence que d’un groupe pastiche. Impossible de ne pas penser immédiatement à Symphony X à l’intro de "Wither", à Royal Hunt pour le côté Hard FM de "Arrival Of Love" ou de noter le côté très Dream Theaterien de "Mouth Of Madness". Et plus généralement, on se croirait parfois en présence d’Andromeda ou d’Adagio.
Bref, si le talent est indéniable, l’originalité l’est un peu moins, et Circus Maximus n’a sans doute pas encore trouvé son identité propre. Gageons que le troisième album, qu’on considère souvent comme l’album de la maturité, sera celui qui donnera à Circus Maximus l’envol que l’on attend d’eux. Mais en attendant, il faut se contenter de cet Isolate, qui recèle toutefois, abstraction faite des influences un peu trop présentes, de très bons moments. J’en veux pour preuve "A Darkened Mind" qui ouvre le bal. Un peu long à démarrer, le titre nous propose tous les ingrédients de la chanson efficace, pêchue et virtuose qu’on aime à trouver en première position sur un CD. La production est excellente, chaque instrument étant à sa façon mis en valeur sans déborder sur les autres, et la voix de Michael Eriksen s’avère sans doute l’élément le plus typé du groupe, à l’aise dans les aigus et possédant un timbre très agréable.
"Abyss" fait également partie des titres les plus intéressants de l’album, avec ce refrain simple mais entêtant, qui reste en tête dès la première écoute. Le groupe en profite pour étaler son savoir faire technique, preuve en est au besoin que nous sommes en présence de musiciens accomplis. Même l’indispensable titre instrumental de tout album de metal progressif, "Sane No More", s’avère de grande qualité. Trop souvent utilisé pour déballer ses gammes et mettre en place une complexité vaine, ce morceau trouve ici sa juste place grâce à sa durée relativement courte (moins de quatre minutes) et son thème très heavy. On passera rapidement sur "Zero", la ballade de l’album, qui déborde de mièvrerie mal assumée pour s’intéresser aux gros morceaux de Isolate : "Mouth Of Madness" et ses douze minutes, et "Ultimate Sacrifice".
Eh bien, ces deux titres sont assez révélateurs de la teneur globale de l’album. Assez inégaux, on se rend compte parfois que malgré une écoute attentive, rien ne vient vraiment flatter l’oreille. Les thèmes musicaux sont bien développés mais restent bizarrement assez peu marquant et on sort de là un peu mitigé, comme si il manquait une certaine consistance à ces riffs et à ces solis. Et à part des titres comme "A Darkened Mind" ou "Abyss", on peut étendre cette assertion à l’ensemble des neuf titres de Isolate. Bref, situé en équilibre précaire et manquant à tout moment de se faire écraser par les poids lourds que Circus Maximus voudrait détrôner (Dream Theater et Symphony X en tête), le quintet Norvégien envoie là un message fort : ils ont de l’ambition et du talent. Il ne leur manque plus qu’à peaufiner leur identité musicale et à faire naître cette petite flamme dont ils seront les uniques gardiens pour qu’ils soient reconnus comme une nouvelle étoile montante du metal progressif.