Revoilà les savoyards de Caer Ibormeith, les chantres du Flower Death Progressif! Un an après Flora, démo très encourageante, la formation nous livre Orftum, EP d’une vingtaine de minutes pour trois titres. Le style est fidèle à ce qui nous avait déjà été proposé, mais formellement, bien des choses ont changé…
D’une part, la production. Les musiciens ont pu cette fois bénéficier d’un studio professionnel pour la totalité des compositions, et même si ce n’est pas encore la panacée, le son « respire » mieux, la batterie n’envahit pas l’espace et sonne beaucoup plus agréablement que sur leur parution précédente. Un plus également au niveau du chant: quel que soit celui qui s’en charge, les voix claires ne laissent plus à désirer comme c’était parfois le cas auparavant, et se marient parfaitement aux vocaux gutturaux et criards qui parsèment le disque.
D’autre part, les compositions en elles-mêmes. Là où sur Flora, le groupe n’avait aucun complexe à nous embarquer dans des escapades de plus de dix minutes aux climats changeants – et ce parfois de manière abrupte, ici les morceaux sont plus ramassés, concentrés autour d’un petit nombre de thèmes mélodiques. Alors certes, finis les longs voyages, mais le tout y gagne en cohérence et efficacité, et cela coule finalement plus facilement dans nos esgourdes. Et ça coulera d’autant mieux si les titres proposés se révèlent inspirés et accrocheurs, mais cela, peut-être n’avais-je pas besoin de le préciser, enfin…
Alors, quid du nerf de la guerre, de la substantifique moelle de ces compositions? Eh bien… Il faut dire que ça commence fort. Très très fort. En guise d’ouverture, le groupe nous a concocté une petite tuerie au nom impossible ("Transobsoletian Fool’s Train"), où tout fonctionne, où tout est en place, une piécette énergique, voire furieuse, pleine de surprises rythmiques, de riffs terribles, de breaks salvateurs, et en prime un solo pas bégueule… Six minutes comme ça, et c’est exactement ce qu’il fallait. Ce titre est une perle, le genre de morceau qui fait la différence, et je pense que ses auteurs en sont conscients.
Un coup de maître qui, hélàs, n’est pas renouvelé sur les deux titres restants. "Le Temple Psychédélique" reste pourtant une bonne surprise. Ballade à la mélodie charmante dans sa première moitié, je m’interroge sur l’utilisation de la batterie dans cette section. La douceur d’une guitare et d’un piano ne suffirait-elle pas? Et puis cela ne ferait que renforcer le contraste avec la seconde partie, ouverte par un riff de première qualité et qui s’achève dans une brutalité – toujours mélodique – pas déplaisante. Quant au dernier titre ("Rok Oder Die Steine Wahrheit"), je suis désolé, mais il peine à accrocher. La cohérence est là, mais aucune des parties n’attire vraiment l'attention. Ca rentre par une oreille et ça ressort par l’autre, comme on dit. Dommage.
C’est pourquoi, et malgré tous les progrès soulignés, ce Orftum recevra la même note que son grand frère, car moins homogène que ce dernier, ce qui, sur une courte durée, est assez pénalisant. Mais qu’on ne s’arrête pas à la note: il suffit, encore une fois, d’écouter ce "Transobsoletian Fool’s Train" pour comprendre qu’il y a là quelque chose, qui mérite d’être plus largement exposé… Une vraie identité, un talent certain. Qu’il puisse être pleinement révélé sur le premier album à venir!