CHRONIQUE PAR ...
Flower King
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Alexandre Manuse
(chant+basse)
-Kevin Pierru
(guitare+chœurs)
-Nicolas Mermoud
(batterie)
TRACKLIST
1)Deepness
2)The Ocean Road
3)Life Goes On
4)Just Animals
5)Children Of The Day
6)Flesh And Blood
7)Neap
8)To The Unknown
9)No Surrender
10)Sheltered
DISCOGRAPHIE
On avait laissé Caer Ibormeith sur les rives tumultueuses d’un Death Progressif aventureux, et voici que nous les retrouvons sous un tout autre jour. L’artwork, sobre – mais très classe – annonce la couleur : plus de décollage pour le pays des Fleurs, le groupe se veut aujourd’hui plus terre à terre et se lance dans le pop/rock musclé, accrocheur, et écorché pour ce qui est des textes. Mais si cette voie est moins casse-gueule que la précédente, elle est aussi beaucoup plus concurrentielle…
Ceux qui avaient pu poser une oreille sur les premières démos du groupe sont prévenus : vous ne trouverez ici rien qui puisse évoquer des compositions comme "Madness" ou "Transobsoletian Fool’s Train". Ou presque : la couleur des passages acoustiques peut rappeler, en faisant un gros effort, leurs précédents faits d’armes. Du reste, point de salut : pour le côté extrême, seules persistent quelques discrètes interventions hurlées, en contraste net avec la voix doucereuse, presque timide, du sieur Alexandre, et si cette opposition marque les esprits dans l’excellent "Just Animals", elle tombe à plat sur "Neap", trop convenue pour plaire. Quant aux morceaux-fleuves, vous pouvez gentiment vous les mettre sous le bras : ici ce qu’on vous propose, c’est du morceau carré et prenant qui reste dans un coin de votre tête, tâche beaucoup plus difficile à accomplir qu’il n’y paraît.
Et Caer Ibormeith, fort heureusement, relève le défi… pour ce qui est de la première moitié. Passée une intro pas vraiment nécessaire, le groupe enchaîne un brelan de réussites pop/rock prenantes en diable. "The Ocean Road" a la carrure du single péchu au refrain fédérateur, "Life Goes On" est sa variation up-tempo presque aussi réussie, et le déjà mentionné "Just Animals" joue le rôle de titre ambitieux qui sait exactement où il va. Sa construction est classique mais remplit parfaitement son rôle : faire monter la sauce une première fois jusqu’à balancer le refrain explosif, puis rebelote avec un break tendu qui nous mène une fois de plus au chorus. Et ça fonctionne terriblement bien. Si tout l’album avait été de cette facture, on tenait une vraie réussite dans son genre, si ce n’est un chouïa pénalisée par son caractère autoproduit.
Malheureusement, après le haletant "Children Of The Day", le groupe perd pied et se plante sur ce qui était pourtant son atout au départ : les longues pièces ! Sans être demesurément longues, elles paraissent hors de propos au sein de cet album, et de plus n'ont rien de grandes réussites: si le premier thème du titre éponyme est prometteur, rien ne vient le soutenir par la suite, et le reste du morceau passe dans une indifférence gênante. Le même constat se fait pour les sept minutes de "No Surrender", qui pourtant part en trombe avant de s’échouer sur un pré-refrain mollasson. Et ce n’est malheureusement pas la rythmique du refrain, qui tente de nous prendre en traite, qui y changera quelque chose, d’autant plus que l’effet s’épuise à force d’être répété en bout de course. La mélancolique instrumentale "Sheltered" aidera à terminer sur une meilleure impression.
Dans un genre ultra-sélectif dans lequel on ne s’en sort qu’en proposant 100% de tueries ou/et un son à décoller le papier peint, il y a fort à faire pour se trouver une place. Avec Flesh And Blood, c’est comme si Caer Ibormeith avait parcouru la moitié du chemin sur les deux plans : reste à proposer des bombes de part en part pour le prochain album et se reposer sur un mixeur de renom pour le travail sonore afin de pouvoir surpasser ses ambitions. Pour l’heure, on pourra parler de reconversion réussie – le groupe maîtrise vraiment le format court – mais pas complètement aboutie.