CHRONIQUE PAR ...
Lord Henry
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
13/20
LINE UP
-JB Christoffersson (chant+guitare)
-Fox
(basse)
-Friedrik
(batterie)
TRACKLIST
1)Kingslayer
2)Nine
3)Blodörn
4)Wolf’s Return
5)Blood Oath
6)Järnbörd
7)Repay In Kind
8)Hämnd
9)Ashes
10)Light Hater
11)Wolf’s Return (Part II)
DISCOGRAPHIE
Quand JB Christoffersson ne rend pas hommage aux années 1970 avec son compère Mike Amott au sein de Spiritual Beggars, c'est au heavy pur et dur qu'il s'adonne, en balançant les riffs lourdos de Grand Magus. Le britannique, en bon Janus du rock, déclare "avoir besoin des deux, et de la différence entre les deux", cette même différence de style étant ce qui "rend son activité intéressante". Cependant, il ne cache nullement son attachement tout particulier à sa formation principale, dont il est le leader, Grand Magus "se rapprochant le plus de sa vision personnelle". C'est ce heavy-metal teinté de doom, digne héritier de Black Sabbath, qui est aujourd'hui d'actualité avec la parution de Wolf's Return, un album musicalement sans concession. Et accessoirement, ayant pour thématique la mythologie nordique.
Le style qu'insuffle JB à Grand Magus demeure aisément identifiable: très lourd et plutôt lent, axé sur les ambiances froides et malsaines, le heavy du groupe n'a pas que peu d'accointances avec celui d'Iron Maiden, pas plus qu'avec celui de Judas Priest. Quoique... Il atteint indéniablement avec Wolf's Return un nouveau palier, que l'intéressé résume ainsi: "plus diversifié, plus rapide qu'à l'accoutumée, accompagné d'un son plus clair; et des compositions plus travaillées, plus au point, mieux en place". L'écoute de "Repay In Kind" ou de "Blood Oath", par exemple, ne peut que lui donner raison; sur ces deux morceaux, le tempo s'affole suffisamment pour donner au premier un côté dévéstateur non loin du thrash, et au second un aspect rythmé entraînant qui, adjoint à des mélodies inhabituellement recherchées, porte l'empreinte des grands noms des années 1980. Autre progrès notable, le chant de JB est devenu plus courageux, misant autant sur la mélodie que l'agressivité; et évoluant plus volontiers, désormais, dans des tonalités aiguës "C'était un challenge que je me suis délibérément fixé. Je crois que mon chant a atteint une certaine maturité et une certaine profondeur." S'améliorant d'album en album, JB considère ainsi Wolf's Return comme "sa meilleure performance à ce jour".
Que cela n'effraie pas les fans de la première heure: Wolf's Return s'inscrit pleinement dans la continuité des précédents albums, et les titres "Kingslayer" ou "Nine" les plongeront avec joie dans cette atmosphère sombre et dérangeante à laquelle Grand Magus nous a habitués jusqu'alors. Les rythmiques pataudes et la voix rocailleuse se mêlent en ce heavy-doom si caractéristique. D'une grande simplicité, la musique du groupe n'en est pas moins porteuse de sentiments noirâtres et de hargne presque palpable. Mais il faut tout de même reconnaître que si les deux chansons évoquées ci-dessus constituent une entrée en matière des plus efficaces dans l'atmosphère de l'album, "Ashes" et "Light Hater" ne font à cet égard qu'enfoncer davantage un clou qui n'en a guère besoin. La linéarité peut être piégeuse. Il faut dire aussi que Grand Magus n'a pas pour habitude de penser sa musique des années à l'avance: "nous avons commencé à écrire pour Wolf's Return après avoir posé la touche finale à Monument. Mais l'enregistrement a été plutôt rapide: trois semaines à peu près. Nous avons davantage travaillé sur le mixage, afin de faire ressortir le feeling le plus juste." Dès lors, la spontanéité est de mise, de même que l'unité. Mais cela ne sauve pas de la redondance. Voire même, elle y conduit.
En bon concept-album, certaines chansons sont précédées d'une courte introduction. L'idée est bonne mais exploitée de façon irrégulière: "Järnbörd" et sa petite mélopée sur fond de bruitages de la forêt conduit idéalement à l'ultra-bourrin "Repay In Kind", mais le riff lourdingue de "Bloodörn", répété x fois, se vautre dans le même écueil qui incite les mauvais groupes de black-metal à stagner sur un seul thème des interminables minutes durant. Ces pièces font certainement plus sens à leurs créateurs qu'au public. M'enfin passons. Un instrumental orienté metal traditionnel clôt l'album: "Wolf's Return Part II" met fin à un disque à l'atmosphère captivante mais rapidement étouffante. Le style, cependant, est à son apogée, et promet aux aficionados de bons moments de transe. Une expérience particulière.