CHRONIQUE PAR ...
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Jani Ala-Hukkala
(chant)
-Markus Myllykangas
(guitare)
-Tero Holopainen
(guitare)
-Arto Karvonen
(claviers)
-Juho Niemelä
(basse)
-Ariel Björklund
(batterie)
TRACKLIST
1) Pale Pretender
2) Backbone
3) Acts
4) The Dead Layer
5) Lost Prayer
6) Breasts of Mother
7) Grey Light
8) Ghostwritten
9) Old Souls
10) Dam's Lair Road
DISCOGRAPHIE
Un bon travail sur le visuel doit se ressentir à l'écoute. Éventuellement, l'auditeur doit visualiser la pochette lors de l'écoute. Idéalement, il doit voir ce qu'il se passe en dehors de cette pochette. Partant de cette conception, le nouvel artwork de Callisto s'avère une franche réussite. Classe et léchée, la pochette est à l'image de la musique proposée par le groupe. Mystérieuse, elle aussi, avec ses tons monochromes gris-blanc. Une sorte de cécité se niche dans ce noir et blanc, dans cette occultation centrale. Une cécité que l'on ressent à l'écoute de cet album, le quatrième de la formation, qui laisse une étrange impression malgré des écoutes répétées.
A l'instar de ce personnage, perdu dans un paysage somptueux, nous, auditeurs, sommes assez vite perdus dans la musique de Callisto - pas loin d'être somptueuse elle aussi, par moments. L'ambiance est froide le plus souvent, et l'air épais : respirer semble parfois difficile. Nous mettons la production en cause. Granuleuse et ronde, cette production tire parfois vers l'à-peu-près (le son de batterie est très loin des standards metal : vous aimerez, ou pas, être déstabilisé de la sorte - j'ai aimé). Ceci étant, cette production confère un cachet évident à l'ensemble. Au-delà même de la musique, la sensation physique de l'écoute est déstabilisante. Un coup de poker qu'il était bon de souligner en préambule, mais qui ne doit pas nous faire oublier la musique elle-même. Le temps est venu de se faire prudent.
Quelque part entre The Ocean et Interpol (mais si : ce groupe de rock à l'album parfait qu'est Antics ! - le conseil subliminal est donné) se niche Callisto, qui louvoie entre velléités -core et dérives davantage rock et accessibles ("Acts", notamment). Le chant hargneux s'efface le plus souvent, quasi-inexistant, laissant place à un chant... pour le moins étonnant, lui aussi. Claires et belles, les paroles semblent quasi-déclamées. Sombre et rond, le ton de cette voix grave sait aussi l'être. Avec toujours, en filigrane (la pochette d'un gris uni ne pouvait mentir à ce sujet) une mélancolie latente, qui d'ailleurs se passe bien du chant pour s'exprimer ("Dead Layers"). Et l'on navigue comme cela au fil des dix pistes complexes que nous propose le groupe.
Ce n'est qu'au bout de quelques tours de piste que Secret Youth devient saisissable. L'ambiance est définitivement posée, et les changements de rythmes, les quelques refrains marquants ("Grey Light", "Acts"), les moments de flottements volontaires et d'apaisement succédant à des riffs assourdissants, commencent à être intégrés par l'organisme. L'étrangeté de cet ensemble (quelques part entre un metal progressif ultra-complexe et une simplicité préméditée - un retour à la terre) n'étonne plus et commence à pleinement satisfaire. En somme, Secret Youth n'est pas un album passager. Il est de ces œuvres qui exigent une implication réelle de l'auditeur. Parfois, cela me donne l'impression que les Callisto ont raté leur coup - à coup de non-choix entre prog et rock, personne ne sera satisfait. D'autres fois, j'ai le sentiment que l'album gagne en force à ne pas se laisser capturer dans la minute. Mon sentiment final tend vers cette solution.
Cet obstacle circulaire et noir sur la pochette de Secret Youth cache probablement la clef de compréhension de l'album. Parvenir à en faire abstraction, voir au-delà de ce qui nous est simplement présenté sera la réussite de l'auditeur face à cet album, ô combien personnel et léché, mais si déstabilisant (phénomène comparable au dernier Extol - avis aux amateurs). J'ai mon avis quand à ce qu'il se cache derrière ce cercle noir. Mais silence ! Écoutez ce disque, plongez-vous dedans, encore, et encore, et encore, et trouvez votre propre réponse. Vous aimez ce que vous voyez ?