CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Marsél
(chant+narration)
-Stefán
(chant+guitare+basse)
-Árni
(chant+batterie+viole+violoncelle)
TRACKLIST
Disque 1
1) Kastar heljar brenna fjarri ofan Onundarfirðinum
2) Knorr siglandi birtisk á löngu bláu yfirborði
3) Þeir heilags dóms hirðar
4) Máni, bróðir Sólar ok Mundilfara
Disque 2
1) Tími er kominn at kveða fyrir þér
2) Norðsæta gætis, herforingja Ormsins langa
3) Bituls skokra benvargs hreggjar á sér stað
4) Sem lengsk vánar lopts ljósgimu hvarfs dregr nærri
DISCOGRAPHIE
- Rolf, wo ist die Zeitung?
- Die Zeitung?
- Ja, die Zeitung. Ich suche und suche und finde es nicht!
Maman, Papa, quitte à m’avoir fait apprendre une langue compliquée, vous auriez pu choisir quelque chose qui me serve plus tard. Du hongrois par exemple, histoire que je comprenne ce qui se trame sur Róka Hasa Rádió. Ou de l’islandais, pour que je pige quelque chose à… allons-y… Aldafǫðr Ok Munka Dróttinn (je n’ose même pas utiliser le Google Translator...). Parce que là je me sens frustré, mais frustré…
Il est tout à fait naturel que des compositeurs choisissent leur langue natale pour s’exprimer, simplement quand l’œuvre est intéressante et qu’en plus on sent bien que la narration est un élément très important de l’ensemble, ça frustre. Du coup, on se raccroche à la poésie que dégagent les sonorités des langues du Nord, et on s’en contentera – non sans avoir émis un dernier « Arf ! » de dépit. Et Dieu sait que la troisième œuvre du trio germano-islandais est poétique. A placer musicalement entre Empyrium et Dordeduh en version scandinave, Aldafǫðr… est remarquable, d’une part, par la place prépondérante prise par le chant en chœur. Les polyphonies corses n’ont qu’à bien se tenir : certes, le chant black traditionnel n’est pas absent de l’album, loin de là, mais il est bien souvent remplacé par un trio de voix graves (mais bien graves hein, genre Milan Fras de Laibach) et mélodieuses qui, combinées à la multiplication des passages acoustiques et autres moments délicats, confèrent à Aldafǫðr un délicatesse peu commune, même pour une œuvre de pagan relativement soft.
Ceci nous amène au deuxième point fort de l’album : l’ambiance. Bercé par les narrations, l’auditeur un tant soit peu formé à ce genre de musique, peut jouir d’une alternance presque paisible de beau temps et de tempête. Et quand il ne comprend pas ce qui est raconté, il a tout le loisir d’imaginer un monde épique, fait de cascades, de morceaux de bravoures et de brumes (par exemple). L’album ne comporte en fait qu’une faiblesse, qui est presque une conséquence de ce qui vient d’être exposé : même si tous les titres sont de bonne facture, les morceaux ne sont en général guère accrocheurs et hormis deux passages exceptionnels, il ne reste d’Aldafǫðr… qu’une ambiance. C’est déjà bien plus que beaucoup d’albums, d’autant plus que l’epicness des accords clairs de la fin de "Þeir heilags dóms hirðar" accompagnés de chœurs à la Empyrium, n'a d'égal que le rythme imposé par les « Hééé... Ya ! » dans la seconde moitié de "Bituls skokra benvargs hreggjar á sér stað". A couper le souffle. "Tími er kominn at kveða fyrir þér", morceau chanté a capella vaut également le détour, mais le reste de l’album est plus difficile à mémoriser et tend à plonger l’auditeur dans une agréable monotonie.
J’ai toujours beaucoup de mal à deviner si l’album chroniqué sera encore dans mon lecteur d’ici un an. Dans le cas présent, j’aurai tendance à dire que oui et que plus les écoutes passeront, plus les éléments forts de l’album, pour l’instant assez diffus, émergeront. Aldafǫðr est pour l’instant un magnifique poème plus que le plus incontournable des albums de pagan, mais le temps travaille pour lui. Rendez-vous dans un an…