CHRONIQUE PAR ...
Belzaran
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Wacian
(chant)
-Aort
(guitare)
-Andras
(guitare)
-Syhr
(basse)
-Lordt
(batterie)
TRACKLIST
1) On Blinding Larks
2) Undertone
3) Dialogue
4) Affliction
5) Contours
6) Inland Sea
7) Cocoon
8) Numb An Author
9) The Bloom In The Blast
DISCOGRAPHIE
Code est un groupe britannique qui nous avait habitué à un black metal expérimental et assez complexe lors de ses précédents albums. Pour leur quatrième effort, les musiciens ont décidé d’aller voir ailleurs en produisant une musique plus proche du rock progressif. Et si on reconnaît le groupe, on ne peut être que surpris par ce changement de cap soudain, comme une envie de ne pas se limiter au carcan qu’on leur avait donné (et qu’ils avaient déjà fortement exploité). Les voilà qui nous proposent un album de neuf chansons, Mut, où ils ont suivi leurs envies sans se préoccuper de quelconques références ou attentes de leur public. C'est couillu.
Code troque donc ici la distorsion pour l’overdrive. La musique se veut bien plus atmosphérique, moins énergique, mais aussi moins complexe. Si le décalage perturbe au premier abord, il devient rapidement logique. On retrouve des passages du même genre dans la musique de Code, c’est juste qu’ils constituent désormais 100% de la galette. Les morceaux vont plus à l’essentiel, oscillant entre trois et cinq minutes au compteur. L’auditeur n’est donc jamais perdu, mais l’album n’en est pas moins difficile d’accès, la faute à une musique assez froide et peu évidente au premier abord. C’est donc avec le temps que ce Mut montre sa force, celui d’un rock progressif assez lent, jouant beaucoup sur l’ambiance. Et à ce niveau, Code sait y faire. Les morceaux s’enchaînent et une cohérence s’installe, avec une gestion du rythme de l'album parfaite. On pense autant à Tool ou à Jeff Buckley, tout en ayant conscience que l’on a affaire à autre chose. L'ensemble est moins technique qu’auparavant, les guitares excellant avant tout dans les arpèges saturés.
La force de l’album est que l’on reconnaît Code sans peine malgré le changement d’orientation musicale. C’est dû en grande partie au chanteur, Wacian, qui possède une palette vocale des plus larges. Doté d’une vraie personnalité dans le chant, il nous régale de ses chants gutturaux, évanescents, fragiles ou grandiloquents. Une performance de haut vol qui ne serait rien sans la cohérence apportée par le groupe dans son ensemble. Si le chant est au cœur de cet album, les musiciens l’accompagnent parfaitement. C’est avec le temps que le travail de fond se dévoile, avec une rythmique toujours au diapason et des guitares qui suppléent le chant avec brio. En voyant comment Code s’épanouit quand il se lâche, on sent combien la cohésion du groupe est forte. Les morceaux sont puissants dans leurs ambiances ou leurs émotions. Code ne s’adonne jamais à la facilité, toutes les mélodies sont travaillées et ne tombent pas dans des gimmicks pop déjà vus. Au contraire, les Britanniques cultivent l’art de la tension. Il y a un sentiment de malaise et d’urgence qui ressort de ce Mut.
Cet album sera-t-il la pierre angulaire d’un nouveau Code ou simplement l’envie du groupe de faire une petite pause dans leurs albums plus ambitieux ? En sortant de son carcan habituel, les Britanniques s’épanouissent et nous proposent un album qui se bonifie au fur et à mesure des écoutes et qui finira par vous hanter profondément. Du grand art !